Démission de Nicolas Hulot : quinze mois de renoncements

Publié le 28 août 2018 à 9h43, mis à jour le 28 août 2018 à 14h48
Démission de Nicolas Hulot : quinze mois de renoncements

BILAN - Le ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, a annoncé ce mardi sur France Inter sa décision de quitter le gouvernement. Une annonce surprise, mais qui était dans l'air du temps depuis quelques mois.

"Cette évaluation, je la ferai cet été", Nicolas Hulot l’avait annoncé en mai dernier : il profiterait des vacances pour évaluer son rôle dans le gouvernement. C’est chose faite. Ce mardi 28 août le ministre de la transition écologique a choisi de quitter son ministère. Mais comme l’a rappelé Yannick Jadot, tête de liste des écologistes pour l’élection européenne, sur LCI : "Il y a eu toute une série de dossier sur lesquels il a failli démissionner". Retour sur le bilan d’un homme qui a dû faire face à plusieurs renoncements.  

Le nucléaire

"C'est trop grave". Jusqu’en 2011 c’est ainsi que le militant écologiste décrivait le nucléaire, évoquant la catastrophe de la centrale de Fukushima. Et pourtant, six ans après, alors qu’il était ministre, il avait dû  annoncer  qu’il doutait fortement de la capacité de la France à respecter son calendrier sur la diminution du nucléaire. Ainsi, la baisse de la part du nucléaire dans la production d'électricité pour atteindre 50% en 2025 était l’un des axes principaux prévus dans sa loi de transition énergétique. La raison de ce renoncement : il évoquait un calendrier intenable, désirant fixer une date plus réaliste. Une décision qui avait été très critiquée par les associations écologistes et par l'eurodéputé écolo Yannick Jadot, qui avait alors affirmé sur Franceinfo que "Nicolas Hulot est la carte magique, la caution d'un gouvernement qui ne fait rien en matière écologique".

Le CETA

Lorsqu’il était envoyé spécial de François Hollande pour la COP21, Nicolas Hulos avait décrit le Ceta comme n’étant pas "climato-compatible". A l'époque il avait même dit qu’il fallait y mettre fin. Mais, lors de son mandant, il a dû subir la mise en application provisoire de cet accord économique et commercial entre le Canada et l’Union Européenne .La seule concession qu’il avait eu de la part de l’exécutif était d’avoir une évaluation de l’impact de ce traité sur l’environnement pendant toute sa période de mise en application. 

Le glyphosate

Encore une fois, le ministre de la transition écologique a dû faire face à un revers de la part du président. Alors qu’il était très critique envers le glyphosate, ce composant toxique du Round Up  de Monsanto, il a dû faire face à la pression du monde de l'agriculture. Il jugeait pourtant en savoir assez pour demander son interdiction. Ce qui l’avait poussé à être totalement opposé au renouvellement pour dix ans de la licence d’exploitation du glyphosate par la Commission Européenne.  Mais, en octobre, il avait encore été contraint de faire marche arrière en trouvant un compromis. Il avait alors proposé un renouvellent de trois ans afin de trouver des alternatives pour les agriculteurs  qui craignaient que cette interdiction les empêche d’obtenir les mêmes rendements.

Le projet Montagne d'or

Ce projet pour la Guyane prévoit l'exploitation d’une mine à ciel ouvert sur une superficie de 8 km2 à partir de 2022. Situé en pleine forêt tropicale, il prévoit d'extraire 82 tonnes d'or de cette mine. En juin dernier, Nicolas Hulot avait fait part de ses réticences face à ce grand projet, estimant qu’il fallait prendre en compte ses impacts environnementaux face aux bénéfices économiques. 

Une prise de position vite dissipée. Son secrétaire d’Etat, Sébastien Lecornu, avait assuré le contraire, en expliquant qu’il fallait "soutenir les filières qui permettront de développer la Guyane, créer de la richesse et de l’emploi". De plus, le président lui-même avait largement soutenu ce grand projet de la Montagne d’or lorsqu’il était ministre de l'Economie. Un désaccord relevé par Sébastien Lecornu : selon lui, Nicolas Hulot "souhaite le développement de mines durables, de la sobriété dans les projets mais en même temps il émane d’un gouvernement qui promeut aussi le développement de la Guyane".

La chasse

Le dernier renoncement de Nicolas Hulot date de la veille de sa démission. Lundi, Emmanuel Macron a validé la division par deux du prix du permis de chasse. Une volonté des membres du secteur qui inquiète particulièrement les défenseurs de l'environnement. Alors, si l’ancien ministre a assuré qu’il n’a pas claqué la porte "simplement" par rapport à ce dossier sensible, ce pourrait être la goutte qui a fait déborder le vase. Ainsi, Hulot a évoqué la présence à une réunion sur le sujet à l’Elysée d’un "lobbysite" pro-chasse. C'est ce qui aurait achevé de le convaincre que "ça ne fonctionne pas comme ça devrait fonctionner".

Le bilan de Nicolas Hulot a tout de même été ponctué de quelques réussites. Ainsi, il a pesé dans l'abandon du projet d'aéroport de Notre-Dame-Des-Landes, il est parvenu à faire interdire l’exploration d’hydrocarbures, afin d’arrêter toute production de pétrole, gaz, charbon et, bien évidemment les énergies non-conventionnelles d’ici 2040. Aussi, l’objectif de 50% de bio dans les cantines a été adopté en avril par l‘Assemblée.


La rédaction de TF1info

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