Départ de Rugy et de Placé : l'explosion d'EELV, un air de déjà-vu

Publié le 2 septembre 2015 à 21h25
Départ de Rugy et de Placé : l'explosion d'EELV, un air de déjà-vu

ÉMIETTEMENT – Le départ des parlementaires François de Rugy et Jean-Vincent Placé, cette semaine, d'Europe Ecologie-Les Verts annonce une recomposition des forces politiques. Comme c'est régulièrement le cas chez les écologistes.

"L'écologie a été polluée par le gauchisme." La phrase aurait pu être prononcée par le député François de Rugy ou par le sénateur Jean-Vincent Placé, démissionnaires d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV). En réalité, ces mots ont été prononcés… lors des régionales de 1998, par un certain Brice Lalonde, engagé avec Génération écologie dans une âpre bataille contre Les Verts de Dominique Voynet. Participer ou non au gouvernement, pencher à gauche, à droite, être indépendant… De vieux débats, motifs de scissions et de retrouvailles chez les écolos français. Petit rappel.

► 1982 : on s'unit
Après le score de Brice Lalonde à la présidentielle de 1981 (3,88%), les écologistes décident de créer leur parti et entament les discussions avec les composantes de l'écologie politique, sous la bannière "Les Verts-Parti écologiste" . Le mot d'ordre officiel est alors "ni droite, ni gauche". En 1981, Brice Lalonde n'a donné aucune consigne de vote au second tour de la présidentielle. Mais ça, c'était avant : en 1988, Brice Lalonde acceptera de participer au gouvernement de Michel Rocard puis d'Edith Cresson.

► 1990 : on se sépare
Après le succès des Verts aux Européennes de 1989, d'anciens militants des Amis de la Terre créent le mouvement Génération Ecologie, sous l'égide de Brice Lalonde et de Noël Mamère, l'actuel député-maire de Bègles . Selon ce dernier, le président François Mitterrand aurait poussé à la création de ce courant pour concurrencer les Verts d'Antoine Wechter, opposé aux alliances politiques. Mission accomplie : aux régionales de 1992, les deux courants se partagent sensiblement le même score (autour de 7% chacun).

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► 1993 : on s'unit
Pour les législatives de 1993, qui laisseront un très mauvais souvenir à la gauche, les courants écolos montent une "entente des écologistes" regroupant les Verts et Génération écologie. Ils parviendront à un score de 11%, sans décrocher de siège à l'Assemblée.

► 1994 : on se sépare… et on s'unit avec la gauche
Les Verts décident de passer des accords électoraux avec la gauche. Mis en minorité, Antoine Wechter quitte le parti pour créer son Mouvement écologiste indépendant. En 1995, on comptera ainsi trois candidats écologistes à la présidentielle : Antoine Wechter, Brice Lalonde et Dominique Voynet. L'alliance avec la gauche, sous la houlette de Dominique Voynet, sera plutôt favorables aux écologistes : les législatives de 1997 ( avec deux ministres écologistes au gouvernement ), les Européennes de 1999 derrière Daniel Cohn-Bendit et les municipales de 2001, où ils participent aux exécutifs à Paris et à Lyon. Après la défaite de 2002, la ligne de Dominique Voynet est mise en minorité.

► 2009 : on s'unit
Malgré le cuisant échec de la candidature de Dominique Voynet en 2007 (le plus mauvais score depuis 1974), les écologistes remportent des succès aux élections locales. Ils compteront ainsi 41 maires au lendemain des municipales de 2008. Lors des Européennes de 2009, au bénéfice d'une alliance politique très large (avec le soutien de Nicolas Hulot), les Verts réalisent le plus gros score national de leur histoire (16,28%). Cette dynamique débouchera sur la création fin 2010 d'Europe Ecologie-Les Verts, une vaste formation rassemblant militants historiques et citoyens venus d'autres horizons.

► 2015 : on se sépare
Après la victoire de la gauche en 2012 (et malgré l'échec de leur candidate à la présidentielle Eva Joly), les écologistes comptent deux ministres, 18 députés et 12 sénateurs. Des désaccords sur la ligne politique du gouvernement pousseront les deux ministres écolos, dont Cécile Duflot (Logement), à démissionner. Depuis, les partisans de la participation au gouvernement, de l'autonomie ou de l'alliance avec le Front de gauche ne cessent de s'affronter. Avant François de Rugy, quatre autres députés ont quitté EELV. Le départ de Jean-Vincent Placé, annoncé vendredi, pourrait en annoncer d'autres.

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Vincent MICHELON

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