Départementales 2021 : ces territoires où le RN espère faire une percée

par Vincent KRANEN
Publié le 17 juin 2021 à 17h22

Source : JT 13h Semaine

L'AUTRE ÉLECTION - La direction du Rassemblement national ambitionne de jouer les premiers rôles dans dix départements métropolitains.

C'est la grande oubliée des deux dimanches d'élections des 20 et 27 juin prochain. Les élections des conseils départementaux, des collectivités en charge des collèges, des routes départementales et des aides sociales comme le RSA. "Une élection sacrifiée, phagocytée en termes de traitement médiatique par les régionales", juge Frédéric Dabi, directeur général de l’institut de sondages Ifop. Un contexte potentiellement peu porteur en termes de participation qui aiguise les appétits du Rassemblement national, confiant dans ses chances à "pulvériser" son score d'il y a six ans, selon les mots de son directeur national de la campagne des départementales.

Auprès de LCI, Giles Pennelle assure que le RN dépassera de très loin la trentaine de cantons obtenus en 2015. "Les choses ont beaucoup changé. Nous avons comme objectif de gagner énormément de cantons et de conquérir des exécutifs départementaux", assure-t-il. Dans son viseur, dix départements : l’Aisne, l’Aude, le Gard, la Haute-Marne, l’Hérault, l’Oise, le Pas-de-Calais, la Somme, le Tarn-et-Garonne et le Vaucluse.

Un effet domino provoqué par les régionales ?

Une des subtilités des départementales, une élection où l'on élit dans des cantons un binôme paritaire au scrutin majoritaire à deux tours, c'est son troisième tour, celui où sont désignés les dirigeants et les équipes dirigeantes des départements par des accords entre conseillers départementaux, si aucune majorité claire ne s'est dégagée.

"Du fait du résultat des élections régionales, cela peut énormément faire changer la ligne", veut croire Gilles Pennelle. "Si nous prenons la Provence-Alpes-Côte d'Azur il est évident que l’on peut assister à ce que de nombreux élus locaux de droite et divers droite, élus conseillers départementaux, soient tentés de nous rejoindre pour former des majorités". Une sorte d'effet domino départemental de troisième tour, initié par la conquête d'une région. Le Rassemblement national se dit prêt à des alliances au-delà du seul RN avec des élus proches d'une droite comme celle d'Éric Ciotti, qui a longtemps présidé le département des Alpes-Maritimes. Tête de liste en région Paca, Thierry Mariani est donné favori au second tour face au LR Renaud Muselier, en cas de maintien de la liste de gauche de Jean-Laurent Felizia.

Forte abstention à prévoir

Une analyse avantageuse des départementales que ne partage pas notre partenaire, le directeur général de l'Ifop : "Il n’y a pas beaucoup de chances que le RN gagne un département, compte-tenu du mode de scrutin. Cela reste un scrutin majoritaire à deux tours, très compliqué pour le RN, comme pour les municipales. Il y a une prime aux sortants. Les gains en termes de conseillers départementaux resteront limités."

L'enjeu de dimanche pour tous les partis politiques sera la participation, dans un contexte de relâchement sur le masque et le couvre-feu à l'approche de l'été grâce à une amélioration sur le front épidémique. Pas forcément le contexte le plus propice,  puisqu'en 2015, seuls 50% des électeurs s'étaient déplacés aux urnes à une élection qui n'était pas adossée aux régionales comme cette année. "Quand l’abstention est très forte, ça touche tous les partis et plutôt le RN, compte tenu de sa base électorale", prévient Frédéric Dabi, qui concède tout de même : "Peut-être que dans les cantons traditionnels ruraux, il peut y avoir une poussée, vu la situation de la droite".

Grande première pour ces départementales, quelques dizaines de cantons verront dès le premier tour un duel entre le RN, la gauche ou la droite par manque de candidats. Pour être élu dès le premier tour un binôme de conseillers départementaux devra recueillir la majorité des suffrages exprimés, et surtout, au moins 25% des suffrages des électeurs inscrits. Une barre très haute par rapport aux régionales où il faut seulement 10% des suffrages exprimés pour se maintenir au second tour.


Vincent KRANEN

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