Depuis les municipales, les polémiques se multiplient pour les maires écologistes

Publié le 16 avril 2021 à 18h34, mis à jour le 16 avril 2021 à 19h03
Depuis les municipales, les polémiques se multiplient pour les maires écologistes
Source : AFP

EXERCICE DU POUVOIR - Depuis leur arrivée à la tête de nombreuses mairies en juin dernier, certaines initiatives des mairies écologistes plongent les municipalités dans la polémique. Retour sur les plus commentées.

Les dernières élections municipales ont été un succès pour Europe Ecologie-Les Verts, qui a placé plusieurs de ses représentants à la tête de villes comme Lyon, Bordeaux, Nantes, Strasbourg ou Poitiers. Une arrivée aux affaires qui s'est accompagnée d'une plus grande exposition médiatique, et d'une multiplication des polémiques, comme l'illustre encore récemment la position du groupe municipal écologiste de Vincennes refusant de voter une subvention pour un yacht-club.

Tout a commencé par les propos du maire de Lyon Grégory Doucet sur le tour de France. L'été dernier, alors que sa ville s'apprêtait à accueillir les coureurs, il avait jugé l'épreuve sportive "machiste et polluant(e)". "Plusieurs points me dérangent. D'abord, le Tour de France continue à véhiculer une image machiste du sport", avait-il expliqué dans un entretien au Progrès. Il s'était ensuite interrogé sur son "empreinte écologique". "Combien de véhicules à moteur thermique circulent pour faire courir ces coureurs à vélo ? Combien de déchets engendrés ?" "Tous les petits objets, les goodies, les machins qui sont jetés par la caravane doivent maintenant être repensés pour être durables ou ne pas être jetés du tout", avait déclaré Grégory Doucet. Une problématique reconnue par l'Union cycliste internationale elle-même, qui exclut désormais les coureurs lançant leurs bidons en dehors des zones autorisées. ASO, la société organisatrice du Tour, met depuis 2020 un hôte et une hôtesse sur ses podiums, au lieu de deux hôtesses auparavant.

Est ensuite venue la polémique bordelaise, autour du sapin de Noël habituellement installé devant la mairie pendant les fêtes. En septembre 2020, pour sa rentrée politique, le maire Pierre Hurmic indique qu'il ne veut plus voir trôner sur la place Pey-Berland "l'arbre mort de Noël". "C'est pas du tout notre conception de la végétalisation", avait-il justifié. 

Les menus sans viande font réagir violemment jusqu'au gouvernement

Cette année 2021, toujours à Lyon, ce sont les menus sans viande dans les cantines qui ont fait débat. Dans un courriel daté du 15 février adressé aux élus d'arrondissement et faisant le point sur les mesures sanitaires dans les écoles, l'adjointe chargée de l’Éducation annonçait la mise en place d'un "menu unique sans viande pour pouvoir servir plus rapidement les élèves et fluidifier les repas". Une décision qui a fait bondir l'opposition de droite, la majorité et une partie du gouvernement, qui accusaient la mairie de profiter de la crise sanitaire pour faire passer des mesures idéologiques... oubliant au passage que la majorité de Gérard Collomb, un an plus tôt, avait pris la même mesure.

Le gouvernement a ensuite attaqué avec virulence la maire de Strasbourg Jeanne Barseghian après que le conseil municipal de la ville du 22 mars avait acté le "principe" d'une subvention de plus de 2,5 millions d'euros au chantier d'une mosquée, un projet porté par la Confédération islamique Millî Görüs (CIMG) Est, une association d'origine turque. Ce vote avait suscité une vive réaction du ministre de l'Intérieur qui avait reproché à l'édile de financer une "ingérence étrangère" en France et reprochait à Millî Görüs de ne pas avoir signé en janvier la "Charte des principes de l'islam de France". Millö Görüs avait pourtant, en 2019, reçu l'autorisation préfectorale d'ouvrir une école hors contrat. Ce 16 avril, la mairie EELV a annoncé que les "porteurs du projet" de la nouvelle mosquée avaient retiré leur demande de subvention.

Début avril, c'est la maire EELV de Poitiers Léonore Moncond'huy qui avait fait parler d'elle pour son choix de supprimer une partie des subventions accordées à trois aéroclubs, estimant que "l'aérien" ne devrait "plus faire partie des rêves d'enfants aujourd'hui"

Ajoutons également la sortie du maire EELV de Patrick Chaimovitch, qui avait comparé les forces de l'ordre à la police de Vichy

"Désigner un adversaire, c'est désigner l'alternative"

Maladresses ou idées en rupture avec un modèle de développement, ces propositions ou prises de position ont suscité à chaque des réactions virulentes des adversaires politiques des écologistes, entre vraies oppositions idéologiques et moqueries. Si le candidat putatif à la présidentielle Yannick Jadot reconnait que ses amis n'étaient "pas forcément les rois de la communication", les principaux intéressés y voient une stratégie de diabolisation, de décrédibilisation. 

"À quoi sert l'écolo-bashing ?" avait interrogé la sénatrice EELV Esther Benbassa. "À détourner l'attention des vrais problèmes - la destruction de la planète, la question sociale - ainsi que du cœur du programme des écologistes, en créant des querelles artificielles et démesurées sur des sujets parfaitement marginaux." Le secrétaire national d'EELV Julien Bayou lui, y voit une forme d'aboutissement, le signe de l'importance prise par son parti dans le paysage politique. "Qu'on nous cible est une forme de reconnaissance, désigner un adversaire, c'est désigner l'alternative."

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La rédaction de TF1info

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