Destruction de produits neufs invendus par Amazon : bientôt une loi pour interdire cette pratique ?

Publié le 14 janvier 2019 à 4h15, mis à jour le 14 janvier 2019 à 7h26
Destruction de produits neufs invendus par Amazon : bientôt une loi pour interdire cette pratique ?
Source : THOMAS SAMSON / AFP

STOP AU GASPI - Réagissant à un reportage sur la destruction de milliers de produits neufs invendus par Amazon la secrétaire d'Etat à la Transition écologique, Brune Poirson, s'est dite "choquée" et a annoncé qu'une loi allait interdire ce type de pratiques.

Des millions de produits manufacturés neufs et invendus, détruits. Dans la soirée du dimanche 14 janvier, sur le plateau de l'émission "Capital" de M6, la secrétaire d'Etat auprès du ministre de la Transition écologique, Brune Poirson, s'est dit choquée par les pratiques d'Amazon, et a annoncé qu'elle comptait rendre "responsables" les entreprises ayant recours à ces pratiques. 

Un journaliste de la chaîne est parvenu, en se faisant embaucher en tant que manutentionnaire, dans l'un des entrepôts de l'entreprise américaine, à Saran dans le Loiret, à filmer de gros conteneurs destinés à la destruction d'objets de toutes sortes : couches, machines à café, téléviseurs, jouets, etc. Le journaliste a également dévoilé les clauses contenues dans les contrats entre la plateforme d'Amazon ("market place") et les vendeurs tiers qu'elle héberge et dont elle stocke les produits dans ses entrepôts. Ces accords prévoient qu'en cas d'invendus, les marchandises sont soit renvoyées, soit détruites même neuves, une pratique légale quoique "révoltante", a dénoncé l'émission.

La façon dont fonctionne Amazon incite les vendeurs de produits passant par la plateforme à choisir de détruire leurs stocks plutôt que de s'affranchir de la location du stockage des invendus. Au prix de 26 euros par mètres carré, cette somme augmente rapidement au fur à mesure du temps passé en stock explique le reportage. Ainsi il peut atteindre 1000 euros au bout d'un an. Et la solution de la destruction est proposée par le groupe Amazon lui même, comme l'a révélé l'ONG "les Amis de la Terre".

"Je suis choquée. Outrée (…). Dans les mois à venir, une loi (sur l'Economie circulaire) va passer au Parlement qui va interdire ce type de pratiques. Des entreprises comme par exemple Amazon ne pourront plus jeter des produits qui sont encore consommables", a déclaré Brune Poirson après la diffusion de ce reportage dans l'émission.

Les entreprises usant de ces pratiques "ne pourront pas non plus rendre impropres à la consommation des produits qui pourraient être encore utilisables: pour cela, elles devront se débrouiller et trouver des solutions", a ajouté la secrétaire d'Etat. Dans le cas contraire, "nous les sanctionnerons".

"Nous voulons considérer les "market place" telles Amazon comme étant responsables par défaut de la fin de vie des produits qu'elles commercialisent"
Brune Poirson, secrétaire d'Etat à la transition écologique

Brune Poirson compte également "aller plus loin : nous voulons considérer les "market place" telles Amazon comme étant responsables par défaut de la fin de vie des produits qu'elles commercialisent", sans préciser comment.

Présente également sur le plateau, Alma Dufour, porte-parole des "Amis de la Terre", s'est réjouie de ces annonces "bienvenues à l'heure où le nombre de produits détruits pourrait passer à 6 millions en 2019 avec le doublement des surfaces de stockage de la multinationale dans l'Hexagone, si rien n'était fait". "L'urgence climatique exige que nous réduisions rapidement les niveaux de production", a poursuivi la militante associative, estimant que la France devait "montrer la voie" en s'opposant "au détournement de la loi par les acteurs du web et au laxisme de l'Union européenne à leur égard".

Alma Dufour a annoncé pour sa part le lancement d'une pétition condamnant la destruction des invendus par Amazon: "on ne peut pas jeter, détruire des produits que l'on pourrait donner à des familles dans le besoin". 


La rédaction de TF1info

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