Deuil parental : pour l'auteur du texte Guy Bricout (UDI-Agir), Emmanuel Macron a "remis les pendules à l'heure"

Publié le 3 février 2020 à 12h28

Source : TF1 Info

INTERVIEW - Guy Bricout, député UDI-Agir et Indépendants du Nord, est l'auteur de la proposition de loi rallongeant de 5 à 12 jours le congé pour deuil d'un enfant. Un texte dont le rejet par le gouvernement a suscité l'incompréhension, au point de nécessiter une mise au point d'Emmanuel Macron. Interrogé par LCI, Guy Bricout demande à être reçu par le chef de l'Etat pour évoquer les suites à donner à cette mesure très symbolique.

Une "lourde erreur". Après plusieurs jours de polémique, la majorité présidentielle et le gouvernement tentent de réparer les dégâts. Il aura fallu une intervention directe de l'Elysée, durant le week-end, pour que la proposition de loi prévoyant de rallonger la durée du deuil d'un enfant de 5 jours actuellement à 12 jours soit finalement réhabilitée. 

La semaine dernière, le rejet de cette mesure très symbolique par la majorité LaREM et par l'exécutif a suscité un tollé, notamment auprès des associations de parents ayant eu à affronter un tel drame. "On va réparer les choses", a assuré la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye sur France 2, tandis que le secrétaire d'Etat Adrien Taquet envisageait même d'aller "au-delà des 12 jours". Avec la ministre du Travail Muriel Pénicaud, il compte recevoir les associations cette semaine. 

Pour commenter ce revirement, le député UDI-Agir et Indépendants du Nord Guy Bricout, à l'origine du texte initial, était l'invité de LCI lundi. Il a également répondu aux questions de LCI.fr. Il demande à rencontrer le président de la République. 

LCI : Lors de votre passage sur LCI, vous avez indiqué que votre texte était "clair" et ne pouvait pas prêter à confusion. Comprenez-vous avec le recul ce qui a conduit la majorité à repousser cette mesure ?

Guy Bricout : J'ai proposé ce texte parce que j'avais été sensibilisé par des associations de parents victimes de ce drame. L'idée de rallonger de cinq à douze jours le congé pour ce deuil avait été discuté avec elles. Nous avions eu des contacts avant sa présentation avec le cabinet du Muriel Pénicaud et avec les députés LaREM. La proposition avait même été cosignée par huit d'entre eux, avant qu'ils ne retirent leur signature.  Nous pensions que la proposition de loi serait votée à l'unanimité. Je n'ai pas compris le refus de la majorité. La ministre du Travail était sur le même banc que moi à l'Assemblée, je lui ai dit que ce serait une erreur. Il n'y a pas de raison de s'opposer à un rallongement de la durée de deuil pour la perte d'un enfant. Chaque année, on compte 4500 deuils d'enfants. La France est le pays de la générosité... 

LCI : Peut-on imaginer qu'il y ait des raisons exclusivement politiques à ce rejet ?

Guy Bricout : Chaque groupe politique à l'Assemblée nationale a droit à une niche parlementaire par an [qui permet à l'opposition et aux autres groupes de constituer leur propre ordre du jour et de proposer leurs propres textes, ndlr]. Je me demande si la majorité n'a pas refusé celle-ci simplement parce qu'elle en avait déjà accepté quatre autres. 

J'ai reçu de très nombreux soutiens
Guy Bricout, député UDI-Agir du Nord

LCI : Emmanuel Macron a appelé ses ministres "à faire preuve d'humanité" et son gouvernement parle aujourd'hui "d'erreur à réparer". Comment réagissez-vous ?

Guy Bricout : Je suis satisfait que le président de la République ait remis les pendules à l'heure. Reste à savoir ce qu'il va se passer maintenant. Il est question de créer une commission incluant les associations. Je demande à en faire partie. Je demande aussi à rencontrer le président de la République à ce sujet. J'ai reçu de très nombreux soutiens, notamment sur les réseaux sociaux, et les associations sont derrière nous. 

LCI : La majorité parle d'améliorer le texte en vue de son passage au Sénat. Des pistes ont-elles été avancées ?

Guy Bricout : Jusqu'ici, la majorité n'a pratiquement rien proposé, hormis le fait de permettre aux salariés de prendre des RTT par anticipation, ce qui ne constitue pas de nouveaux droits, ou de permettre des dons supplémentaires de congés entre salariés. Il est aussi question de permettre une prise en charge psychologique, mais la Sécurité sociale le fait déjà. Ou encore de pouvoir cotiser pour constituer un "capital décès" [pour accompagner les frais d'enterrement, ndlr]. 

LCI : Comment imaginez-vous la suite ?

Guy Bricout : La proposition de loi pourrait être adoptée lors de son passage au Sénat. A moins que le gouvernement ne conçoive son propre projet de loi sur le sujet. Je pense que cela va être le fruit d'une discussion entre mon groupe et celui de la majorité présidentielle. 


Vincent MICHELON

Tout
TF1 Info