VIOLENCES POLICIÈRES - Face à un 1er mai à hauts risques, ce mercredi à Paris, le député LaREM Jean-Michel Fauvergue a appelé à oublier l'affaire Malik Oussekine, tué par des policiers en marge d'une manifestation étudiante en 1986, pour que les policiers puissent aller "au contact" des manifestants violents.
"Il faut oublier l'affaire Malik Oussekine". Invité de l'émission "C à vous" sur France 5 mardi 30 avril, le député LaREM Jean-Michel Fauvergue, ancien patron du Raid, s'est exprimé sur la délicate question du maintien de l'ordre à la veille d'un 1er mai très tendu à Paris. L'ancien Directeur central de la sécurité publique (DDSP) en Guyane a plaidé pour que les forces de l'ordre aillent "au contact" des manifestants violents comme c'est le cas, selon lui, "depuis très longtemps, en province".
"Paris a été empêchée de ça par l'affaire Malik Oussekine", a avancé le parlementaire, en référence à la mort de l'étudiant franco-algérien en 1986 lors d'une manifestation contre la loi Devaquet sur la réforme des universités. Il avait été passé à tabac par des "policiers voltigeurs", peloton dissous suite à cette affaire par Charles Pasqua, à l'époque ministre de l'Intérieur. Pour lui, "la République doit pouvoir se défendre". C'est pour cela qu'"il faut oublier cette affaire Malik Oussekine", a-t-il exhorté.
💬 « Il faut oublier l’affaire Malik Oussekine ! » Interventions policières lors des manifestations : l’ex-patron du RAID et député #LREM Jean-Michel Fauvergue s’exprime dans #CàVous . pic.twitter.com/1mB0EzYeHA — C à vous (@cavousf5) 30 avril 2019
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L'oublier c'est trahir la dure mission qui vous est confiée
Alexis Corbière, député LFI sur Twitter
Sur les réseaux sociaux, la formule employée par le député LaREM Jean-Michel Fauvergue a fait bondir l'opposition. "Non, c'est l'inverse. Chaque policier et gendarme, même dans des conditions difficiles, doit garder en mémoire la scandaleuse mort de Malik Oussekine", a répliqué le député La France insoumise Alexis Corbière sur Twitter. "Rien ne justifie qu'un être humain meurt sous des coups de matraques. L'oublier c'est trahir la dure mission qui vous est confiée." "Vous me faites vomir M. Fauvergue. Décidément, vous n'avez aucune limite ni notion de décence", a ajouté l'insoumis de Gironde Loïc Prud'homme.
Non, c'est l'inverse. Chaque policier et gendarme, même dans des conditions difficiles, doit garder en mémoire la scandaleuse mort de Malik Oussekine. Rien ne justifie qu'un être humain meurt sous des coups de matraques. L'oublier c'est trahir la dure mission qui vous est confiée https://t.co/9mLGN7GXSF — Alexis Corbière (@alexiscorbiere) 30 avril 2019
Vous me faites vomir M.Fauvergues. Décidemment vous n'avez aucune limite ni notion de la décence.Comme vos maîtres. Ni oubli ni pardon. https://t.co/an1NIkeg2P — Loïc Prud'homme (@PrudhommeLoic) 30 avril 2019
Le chef de file de Génération.s, Benoît Hamon, voit dans ces propos une "banalisation de la répression" et un "encouragement à la violence policière".
La banalisation de la répression et l'encouragement à la violence policière est résumée dans cette sentence d'un depute LREM "il faut oublier Malik Oussekine". Il y a dans cette phrase une défaite morale et politique totale. #1erMai2019 — Benoît Hamon (@benoithamon) 1 mai 2019
"Cette phrase du nouveau monde se traduit ainsi dans l'ancien : "On ne va quand même pas s'emmerder à prendre des précautions en matière de maintien de l'ordre à cause d'un Arabe battu à mort par 2 policiers", a dénoncé le président de SOS Racisme Dominique Sopo. Dans un autre tweet, il a rappelé qu'une plaque commémorative avait été inaugurée le 5 mars dans l'amphithéâtre Malik Oussekine, à l'université Rennes 2, justement pour ne rien oublier de ce funeste 6 décembre 1986.
Le 5 mars était inaugurée une plaque commémorative au sein de l'amphi #MalikOussekine de la fac de #rennes2 . Avec son frère Mohamed et son cousin Dany, nous étions venus pour ce moment digne et émouvant. N'en déplaise au député #LREM qui veut "oublier l'affaire Malik Oussekine". pic.twitter.com/0Y5MqdnvNw — Dominique Sopo (@d_sopo) 30 avril 2019
Plusieurs anonymes se sont insurgés contre les propos "inadmissibles" de l'ex-patron du Raid. "Jamais nous ne l'oublierons. JAMAIS", ont-ils lancé avant de le rappeler "au devoir de mémoire" et "au respect de la famille de Malik Oussekine".