AVERTISSEMENT - Invité du Grand Jury LCI-RTL-Le Figaro, l'ancien Premier ministre de Jacques Chirac adressé un message au président de la République. Dominique de Villepin a pointé le risque, au fil de réformes lancées au pas de charge, "de devenir arrogant" et de paraître "autoritaire".
Les louanges adressées par Dominique de Villepin à Emmanuel Macron sont à la mesure de l'avertissement. Invité dimanche du Grand Jury LCI-Le Figaro-RTL, l'ancien Premier ministre de Jacques Chirac, aujourd'hui retiré de la politique, a suggéré au chef de l'Etat de faire preuve de "compréhension" et d'élargir sa méthode de gouvernement, sous peine de "cristalliser les oppositions", de paraître "arrogant" voire "autoritaire".
"Le président de la République a voulu marquer le retour d'une certaine autorité, et de la modernité", a notamment salué ce chiraquien historique. Mais "aujourd'hui, il a rendez-vous avec une indispensable métamorphose. Il doit montrer sa capacité d'empathie, de compréhension", a estimé l'ancien chef de gouvernement. Celui qui avait échoué sur la réforme du CPE en 2006 invoque sa propre expérience pour justifier son avertissement. "Faire des réformes, travailler avec une petite équipe, c'est possible pendant quelques mois. Quand vous menez tambour battant, à un rythme d'enfer, à un moment il faut se poser [...] Le risque c'est que plus les décisions, plus les réformes se multiplient, plus cela crée une image autoritaire", a-t-il conclu.
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Elargir les alliances
Dominique de Villepin a notamment pointé la colère des retraités frappés par la hausse de la CSG, appelant à "ne pas monter une classe d'âge contre une autre" et même le choix du gouvernement de réformer la SNCF par ordonnances. "Il y a des réformes à réussir sans état d'âme, sans trophée, sans gagnant ni perdant. La logique d'autorité conduit à la logique de trophée [...] Ne soyons pas absolutistes, puristes. Moi, je l'ai été, j'ai succombé à cette tentation", reconnaît celui qui avait suggéré, en 1997, à Jacques Chirac de dissoudre l'Assemblée, provoquant l'alternance à gauche après l'échec de la réforme des retraites d'Alain Juppé.
Pour l'ancien Premier ministre, il y a bien "un problème de forme et de fond". Le parti de la majorité, En Marche, "est jeune, à bien des égards inexpérimenté", et n'est pas "suffisant pour mener une politique aussi ambitieuse". "Il faut des alliés, des soutiens, des relais, une dynamique partagée, a conclu l'invité du Grand Jury, invitant Emmanuel Macron à se mettre moins en avant et à ouvrir davantage sa majorité à l'opposition "de gauche comme de droite".