EELV-gouvernement : les 8 dossiers qui fâchent

Publié le 24 février 2014 à 15h16
EELV-gouvernement : les 8 dossiers qui fâchent

ECOLOGIE - Notre-Dame-des-Landes n'est pas un cas isolé. Malgré la présence de deux ministres écologistes, les relations entre le parti écologiste et l'exécutif à dominante socialiste sont tendues depuis les débuts du gouvernement de Jean-Marc Ayault. Metronews liste les dossiers qui ont amené la majorité au bord de la rupture.

Entre Europe Ecologie-Les Verts et ses alliés socialistes, le réchauffement n'est jamais durable. En mai 2012, deux écologistes sourient sur la photo de famille du gouvernement de Jean-Marc Ayrault : Cécile Duflot, ministre de l'Egalité des territoires et du Logement, et Pascal Canfin, Ministre délégué chargé du Développement. Les pommes de discorde vont toutefois rapidement se multiplier. Le ver était-il dans le fruit depuis la campagne d'Eva Joly, notamment sur le nucléaire ? Focus sur les épisodes les plus explosifs.

1. Cannabis, juin 2012. Quelques jours à peine après sa nomination, Cécile Duflot jette un pavé dans la mare le 5 juin en se prononçant pour la dépénalisation du cannabis lors d'une émission de radio. Celle qui est alors encore secrétaire nationale d'EELV souligne que les Verts défendent cette position "depuis très longtemps". L'opposition tire à vue et Jean-Marc Ayrault doit procéder à un premier recadrage en rappelant que "le gouvernement n'a rien dit à ce sujet".

2. Roms, août 2012. Manuel Valls et sa politique de "fermeté" vont rapidement devenir les bêtes noires des écologistes. Quand le ministre de l'Intérieur déclare vouloir accélérer les évacuations des campements roms, Cécile Duflot estime que démanteler sans reloger revient à "mettre les gens dans une précarité encore plus grande".

Episode 2, septembre 2013. Cette fois, la rupture est totale au gouvernement entre Manuel Valls et Cécile Duflot. Le ministre de l'Intérieur défraie la chronique en affirmant que seule une minorité de Roms veut s'intégrer. La ministre du Logement dénonce des propos qui vont "au-delà de ce qui met en danger le pacte républicain". Mais elle reste au gouvernement.

Puis vient l'affaire Leonarda , en octobre 2013. Le parti écologiste soutient la mobilisation en faveur de la lycéenne rom expulsée au Kosovo avec sa famille, Jean-Vincent Placé appelant même les lycéens à descendre dans la rue. Jean-Marc Ayrault estime que les écologistes ne peuvent avoir "un pied dedans, un pied dehors du gouvernement".

3. Nucléaire, août 2012. Arnaud Montebourg se met à son tour les écologistes à dos en déclarant que le nucléaire est une "filière d'avenir". Une affirmation qui cadre mal avec les professions de foi écologistes. Noël Mamère crie à la "provocation", Denis Baupin, vice-président EELV de l'Assemblée nationale, juge ces propos "en décalage total avec la réalité". Cécile Duflot rappelle les engagements de François Hollande : abaisser de 75 % à 50 % la part du nucléaire dans la production française d'électricité.

4. Pacte de compétitivité, novembre 2012. Le chef de file des sénateurs EELV, Jean-Vincent Placé, met les pieds dans le plat le 9 novembre en remettant en cause la participation de son parti au gouvernement Ayrault après des annonces "très en faveur des entreprises sans contreparties et sans conversion écologique". François Hollande juge alors un départ des ministres EELV "possible" même s'il "ne le souhaite pas".

5. Gaz de schiste , juillet 2013. Arnaud Montebourg fait de nouveau monter les écologistes dans les tours : à rebours des engagements de l'exécutif, il émet l'idée de créer une compagnie publique pour exploiter de manière écologique le gaz de schiste. Jean-Vincent Placé le tacle en le jugeant "nuisible à l'écologie, nuisible au gouvernement". Jean-Marc Ayrault doit rappeler à l'ordre son ministre en rappelant qu'"il n'y a qu'une politique au gouvernement", François Hollande ayant exclu l'exploitation du gaz de schiste.

6. Diesel, septembre 2013. Là encore, un dossier prioritaire pour les Verts. Quand le ministre socialiste de l'Ecologie, Philippe Martin, affirme que le gouvernement ne prévoit pas de réduire l'avantage fiscal du diesel sur l'essence, les écologistes montent au créneau. Jean-Marc Ayrault calme le jeu, temporise, mais le dispositif restera effectivement inchangé.

7. Ecotaxe , octobre 2013 : face à une forte mobilisation du secteur agroalimentaire, notamment en Bretagne, Jean-Marc Ayrault suspend l'application de l'écotaxe. Une décision qualifiée de "minable" par le député européen José Bové, tandis que Noël Mamère se dit "atterré" : Nous avons la preuve que l'écologie est devenue le bouc émissaire de la politique gouvernementale."

8. Notre-Dame-des-Landes , février 2014. Le projet controversé de nouvel aéroport nantais, poussé par Jean-Marc Ayrault, a déjà causé de nombreuses frictions avec les écologistes. Alors qu'une nouvelle manifestation se tient à Nantes samedi 22 février, Cécile Duflot affirme dans un entretien au Monde que si elle n'était pas ministre, elle soutiendrait "plutôt deux fois qu'une" les opposants. La manifestation dégénère et Jean-Marc Ayrault presse EELV de "sortir de l'ambiguïté" après un week-end sous haute tension. S'il joue l'apaisement lundi en déclarant "on a besoin de tout le monde", la fracture semble de plus en plus ouverte. Noël Mamère, qui a quitté EELV quelques mois auparavant, juge sur Europe 1 que les écologistes ont "avalé tellement de couleuvres" qu'ils sont "complètement déconsidérés". Avant de déplorer, cinglant : "Ça finit par devenir ringard de demander aux ministres de sortir du gouvernement tellement nous sommes dans une situation pénible."


Tristan MICHEL

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