Valérie Pécresse candidate LR : ses atouts, ses faiblesses

Publié le 4 décembre 2021 à 16h40, mis à jour le 5 décembre 2021 à 15h56

Source : TF1 Info

PRÉSIDENTIELLE 2022 - Avec près de 61% des suffrages lors du second tour du Congrès LR, Valérie Pécresse a été désignée candidate des Républicains pour l'élection présidentielle 2022. La présidente de la région Île-de-France, ancienne ministre, incarne désormais l'espoir de la droite pour briguer l'Élysée.

Les Républicains ont trouvé leur candidate. Valérie Pécresse a remporté le second tour du Congrès LR, grâce à près de 61% des voix des adhérents du parti, devant le député des Alpes-Maritimes Éric Ciotti. Elle représentera sa famille politique lors de la course à l'Élysée, en avril prochain. Jusqu'à cette échéance, la désormais candidate LR doit remporter un autre pari : rassembler la droite. Quels sont ses atouts et ses faiblesses ?

Soutenue par tous les perdants du Congrès

C'était la volonté du président des Républicains Christian Jacob : unir le parti derrière un seul représentant. Au terme d'une campagne marquée par la loyauté, loin des injonctions de la primaire ouverte en 2016, Valérie Pécresse s'est présentée devant le pupitre, rue de Vaugirard, aux côtés de l'ensemble des candidats au Congrès pour la très attendue photo de famille. Éric Ciotti, défait, lui a publiquement accordé son soutien. Michel Barnier, Xavier Bertrand et Philippe Juvin, battus au premier tour, avaient déjà appelé à voter pour elle dès jeudi. Signe d'une unité affichée, Valérie Pécresse organisera son premier déplacement de campagne lundi, dans les Alpes-Maritimes, sur les terres d'Éric Ciotti.

Dans son premier discours de candidate, Valérie Pécresse a d'ailleurs envoyé un message à tous ses ex-concurrents à l'investiture. "Bravo à tous pour vos belles campagnes, notre unité fait notre force", a déclaré la présidente de la région Île-de-France. Avant de reprendre les grandes lignes des programmes de chacun. "Cher Éric (Ciotti), ensemble, nous allons restaurer la fierté française et protéger les Français. Cher Philippe (Juvin), ensemble, nous allons sauver les services publics en grande souffrance. Cher Xavier (Bertrand), ensemble, nous allons défendre la justice sociale, revaloriser le travail et recoudre les fractures de la société française. Cher Michel (Barnier), ensemble, nous allons remettre la France au premier rang des nations et refonder l'Europe."

Une femme, "signe de modernité" pour les Républicains

En remportant le Congrès ce samedi, Valérie Pécresse devient la première femme à représenter les Républicains pour briguer la présidence de la République. Un constat que la candidate veut transformer en argument. "Pour la première fois de son histoire, le parti du général de Gaulle, de Georges Pompidou, de Jacques Chirac, de Nicolas Sarkozy, notre famille politique se dote d'une candidate à l'élection présidentielle", a mis en avant Valérie Pécresse dès les premières minutes de son discours. "Je pense à toutes les femmes de France et je dis merci aux adhérents. Merci d'avoir eu cette audace, je vais m'en montrer digne."

Durant sa campagne interne aux Républicains, elle avait déjà appuyé sur cet argument. "Je ne veux pas laisser le monopole de la féminité à Marine Le Pen", avait déclaré Valérie Pécresse sur LCI en début de semaine. "On a le capitaine, c'est une femme : c'est un signe de modernité pour notre parti", a estimé de son côté le patron des députés LR, Damien Abad.

Une expérience de ministre et de présidente de région

Valérie Pécresse, 54 ans, peut aussi compter sur son expérience pour tenter de succéder à Emmanuel Macron. Durant le quinquennat de Nicolas Sarkozy, elle a d'abord été ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, et réalisé la réforme de l'autonomie des universités, avant de prendre en charge le ministère du Budget et des Comptes publics en 2011.

En 2016, alors députée de l'opposition, Valérie Pécresse devient la première présidente de la région Île-de-France de droite depuis 1998, en remportant 43,8% des voix au deuxième tour, devant Claude Bartolone (PS, 42,18%). Une région qu'elle a réussi à conserver en juin dernier, avec 45,92% des suffrages.

Une image de proximité avec Emmanuel Macron

Mais pour ses adversaires politiques, Valérie Pécresse n'incarne pas l'alternance à Emmanuel Macron. Certains la trouvent même trop proches de la ligne du chef de l'État. Un angle d'attaque que privilégie déjà la candidate du Rassemblement national, Marine Le Pen. "Madame Pécresse ressemble énormément à Monsieur Macron. C'est le même profil, le même parcours, le même programme", a-t-elle déclaré avant le résultat du deuxième tour. "Cette désignation va faire beaucoup de malheureux chez les électeurs LR", a-t-elle-même anticipé ce samedi. "Valérie Pécresse est peut-être la plus macroniste des candidats."

Au printemps 2020, lorsqu'Édouard Philippe était annoncé sur le départ de Matignon, le nom de Valérie Pécresse figurait parmi les rumeurs pour devenir Premier ministre d'Emmanuel Macron. Invitée de LCI le 30 juin 2020, elle n'avait pas totalement exclu cette possibilité. "Cela montre que l'action que nous menons est jugée de bonne manière", indiquait-elle alors. "Aujourd'hui, je ne me projette que dans ma région. La question ne se pose pas", bottait-elle en touche.

Mais Valérie Pécresse a réaffirmé ses différences avec le chef de l'État ce samedi. "Entre le président sortant et moi, il y a plus qu'une différence de ligne politique, il y a une différence de nature", a-t-elle déclaré depuis le siège des Républicains. "Emmanuel Macron n'a qu'une seule obsession, plaire. Moi, je n'ai qu'une seule passion, c'est faire."

Elle a quitté le parti (avant d'y revenir)

Pour cette élection présidentielle, les adhérents des Républicains ont choisi d'être représentés par... une ancienne démissionnaire du parti. En juin 2019, quelques jours après la défaite de la droite aux élections européennes, Valérie Pécresse avait démissionné de LR. "J'ai acquis la conviction que la refondation de la droite ne pourra pas se faire à l'intérieur, et qu'elle doit se faire à l'extérieur du parti", avait déclaré sur France 2 la fondatrice du mouvement "Libres!".

Plusieurs cadres des Républicains avaient alors fustigé cette annonce. "Dans les moments difficiles, on ne quitte pas le parti", dénonçait alors Éric Ciotti. "La refondation de la droite [...] exige du courage et de sortir des logiques personnelles", regrettait de son côté Bruno Retailleau, président du groupe LR au Sénat. Valérie Pécresse a repris sa carte du parti ces dernières semaines.

Loin du second tour dans les sondages

Grâce à l'unité affichée, Valérie Pécresse espère forcément qu'elle profitera de cet élan pour bondir dans les sondages. Car pour l'heure, les intentions de vote la placent encore loin du second tour. Selon notre sondage Ifop-Fiducial pour LCI et Le Figaro publié début novembre, Valérie Pécresse recueillerait 9% des intentions de vote, loin derrière Emmanuel Macron (26%), Marine Le Pen et Éric Zemmour (16,5%). Reste désormais à savoir si sa victoire ce samedi lui permettra de lancer définitivement sa campagne vers l'Élysée.


Idèr NABILI

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