Elisabeth Moreno sur LCI : "Évidemment qu'il y a un privilège blanc"

par Antoine RONDEL
Publié le 25 décembre 2020 à 9h22

Source : TF1 Info

DISCRIMINATIONS - La ministre en charge de l'Égalité entre les femmes et les hommes était l'invitée de LCI, vendredi 25 décembre. Elle est revenue sur les propos d'Emmanuel Macron, plus tôt dans la semaine.

C'est le genre de concept, importé des États-Unis, qui hérisse certains milieux intellectuels et politiques. Et que la majorité semble vouloir adresser sérieusement en cette fin de quinquennat. Existe-t-il un "privilège blanc" dans nos sociétés ? Pour Emmanuel Macron, la réponse est oui, ainsi qu'il l'a exprimé dans les colonnes de L'Express, mardi 22 décembre. Pour sa ministre chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, invitée de LCI, aussi.

Le privilège blanc "est le constat d'un fait, ça n'a pas à être insupportable"

"J'ai travaillé sur les quatre continents de notre planète. J'ai fréquenté le nord, le sud, l'est et l'ouest. Évidemment qu'il y a un privilège blanc", a assuré Elisabeth Moreno, vendredi 25 décembre sur LCI. "Selon qu'on naisse homme blanc ou femme noire en Europe ou en Afrique, vous savez que vous avez plus de chance", poursuit-elle, alors que les discriminations en la matière sont documentées, soit par de nombreuses études commandées par le gouvernement, soit par des décisions de justice

Et alors que la prise de position d'Emmanuel Macron a été contestée dans les sphères politiques et intellectuelles de la droite et de l'extrême droite, mais aussi à gauche, qui y voient une division "insupportable" de la société, Elisabeth Moreno s'inscrit en faux : "Il ne faut pas que les gens se sentent coupables d'avoir une situation plus confortable. Il faut par contre lutter contre ces inégalités. Pour lutter contre, il faut les reconnaitre. Ce n'est pas faux de dire qu'il y a plus de chances à naître dans certaines conditions. Mais il ne faut pas que ce soit insupportable d'entendre ça. C'est le constat d'un fait, ça n'a pas à être insupportable."

Il y a un problème lorsque vous êtes dans un pays qui parle de liberté, d'égalité et de fraternité et que vous n'êtes pas traité comme les autres
Elisabeth Moreno

Se voulant pragmatique, l'ancienne cheffe d'entreprise, originaire du Cap-Vert, ne voit pas de "problème" à ce "qu'il y ait des privilèges", "qu'il y ait des gens qui naissent avec de la chance, qui naissent au bon moment, au bon endroit". Mais relève la contradiction qu'il y a "lorsque vous êtes dans un pays qui parle de liberté, d'égalité et de fraternité, et que dans ce pays, parce que vous avez telle couleur de peau, telle genre, telle orientation sexuelle, parce que vous habitez dans une zone rurale, que vous êtes en situation de handicap, vous n'êtes pas traité de la même façon que les autres". 

Et de prolonger la démonstration en citant l'article 1 de notre Constitution : "Tous les êtres naissent libres et égaux en droit". Dès lors, puisque des inégalités naissent en dépit du formalisme de la loi, la ministre assume qu'il y ait une correction à apporter. Les personnes qui ne peuvent pas "être traitées de la même manière [...] doivent être aidées et accompagnées pour que personne ne se sente comme un citoyen de seconde zone", conclut-elle.


Antoine RONDEL

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