POLÉMIQUE - Le maire EELV de Bordeaux ne veut plus de sapin géant sur la place de la mairie à Noël, expliquant qu'il s'agit d'un "arbre mort". Les élus de droite s'insurgent et fustigent le "visage sectaire et extrémiste" de ces "ayatollahs" verts. Des critiques viennent également de la gauche. La filière professionnelle dénonce "une méconnaissance" du sujet.
Sa décision provoque un tollé. Lors de sa conférence de presse de rentrée jeudi 10 septembre, le maire EELV de Bordeaux Pierre Hurmic a annoncé que, ce Noël, aucun arbre géant ne décorerait la place de la mairie. "Nous ne mettrons pas des arbres morts sur les places de la ville, notamment sur la place Pey-Berland. Vous gardez le souvenir de cet arbre mort que l'on faisait venir tous les ans. C'est pas du tout notre conception de la végétalisation", a-t-il déclaré.
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De quoi susciter l'émoi à droite de l'échiquier politique. "Le sapin de Noël, 'un arbre mort' pour les Verts ?! Ces gens ont un rejet viscéral de tout ce qui fait notre pays, nos traditions, notre culture et chercheront à tout démonter pièce par pièce. Français, réveillez-vous !" a tweeté la présidente du RN Marine Le Pen. "Fini le sapin de Noël à Bordeaux ! A quand l'interdiction par EELV du vin de Bordeaux et du saucisson 'jésus' de Lyon ? La protection de l'environnement mérite mieux que des idéologues d'extrême gauche déguisés en écologistes qui veulent priver les Français de leur mode de vie !'" a indiqué Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France).
Chez Les Républicains, la députée des Bouches-du-Rhône Valérie Boyer a tweeté : "Au motif : pas 'd’arbre mort' à Noel les écolos organisent la mort des traditions de la transmission et montrent leur visage sectaire et extrémiste caché sous le voile du réchauffement climatique." "Comme des millions de Français je suis aujourd'hui atterré et en colère contre ces ayatollahs et leur sectarisme", a déclaré le député des Alpes-Maritimes Eric Ciotti. Le président de la région Hauts-de-France Xavier Bertrand est également revenu sur les propos du maire EELV de Lyon Grégory Doucet sur le Tour de France. "Appelez moi vieux monde si vous voulez, mais le sapin de Noël, le Tour de France et toutes ces traditions qui nous unissent seront toujours le ciment d’une société."
Des "idées à la con"
A gauche également, on critique ces prises de position des maires écologistes. L'ancien Premier ministre Manuel Valls a écrit sur Twitter : "A Bordeaux on supprime le sapin de Noël, à Lyon on déteste le Tour de France... ou quand l’idéologie et la bêtise veulent mettre fin à des traditions populaires. Cette écologie politique n’a rien à voir avec la préservation de l’environnement et de la planète."
Sur RMC, la journaliste écologiste Isabelle Saporta a poussé un coup de gueule contre ces "idées à la con. On voudrait passer pour des ayatollahs on ne ferait pas autre chose. J’ai beau être écolo je ne me reconnais pas là-dedans. Je considère qu’ils sont caricaturaux. C’est nul, c’est vraiment de la petite communication de merde", a-t-elle déclaré aux Grandes gueules, où elle est chroniqueuse.
La ministre déléguée à la Citoyenneté Marlène Schiappa a estimé sur franceinfo que ces maires EELV étaient "rabat-joie". "Interdire le passage du tour de France, annuler le sapin de Noël... en fait les maires EELV c’est tout ce qui amène un peu de joie ou de fête qu’ils interdisent ! Ils sont pires qu’idéologues : ils sont rabat-joie."
La filière en colère
La décision du maire écologiste a suscité également une réaction de la filière du sapin. "Par ces déclarations, Monsieur le maire s’offre une couverture médiatique à bon marché tout en jetant l’opprobre sur toute une profession et porte atteinte à notre production et à nos emplois", a dénoncé Frédéric Naudet, le président de l'Association française du sapin de Noël naturel. "Monsieur Hurmic n’apporte pourtant aucune caution scientifique et fait preuve d’une réelle méconnaissance du monde agricole ce qui nous étonne de la part d’un élu sensible aux questions écologiques", ajoute le communiqué. "Le sapin de Noël naturel est bien un produit de culture [...] L’arbre de Noël n’est pas un sapin sauvage déraciné en forêt mais bien une plante cultivée."