RIFIFI AU FN – Ce mercredi, Marine Le Pen a une nouvelle fois demandé à Florian Philippot de choisir entre la vice-présidence du FN et la présidence de l’association Les Patriotes. Ce que l’intéressé refuse d'envisager. Le divorce semble désormais inévitable.
Au vu des dernières déclarations des dirigeants du FN, la question n’est plus de savoir si Florian Philippot va quitter ou non le parti, mais plutôt quand va-t-il prendre la porte. Ce mercredi, Marine Le Pen a une nouvelle fois répété qu’elle ne tolèrera pas qu’il cumule à la fois la vice-présidence du FN et la présidence de son association Les Patriotes, créé en juin dernier. "Je demande à Florian de choisir et de le faire rapidement", a-t-elle lancé sur CNews.
Une requête qui parait bien vaine, étant donné que Florian Philippot n’a pas l’intention de céder. "Si j'accepte, dans deux semaines on me dira : ‘Ecoute, range ton de Gaulle’. […] Puis on me dira : ‘Arrête de manger du couscous’ (ndlr : référence à une polémique après un récent repas), puis :‘Arrête de parler de la loi Travail’ […] ça sera sans fin", a déclaré mardi le jeune énarque sur RMC.
D’autant qu’il refuse de considérer comme un problème le fait de cumuler ses deux fonctions. Il a d’ailleurs indiqué que Louis Aliot, également vice-président du FN, présidait lui aussi une association. Avant de s’étonner que "jamais rien (n’ait) été demandé" à celui qui est aussi le compagnon de Marine Le Pen. Pour contrecarrer cet argument, Louis Aliot a fait savoir ce mercredi qu’il quittait la présidence du think-tank Club Idées & Nation.
Dans un souci d'apaisement et pour mettre fin à un faux procès, c'est @e_ferrand qui présidera à compter de ce jour @ClubIdees . @FN_officiel — Louis Aliot (@louis_aliot) September 20, 2017
Une guerre de positions semble donc engagée. Face à l’entêtement de son ex-conseiller préféré, Marine Le Pen devrait en toute logique rapidement lui retirer ses fonctions de vice-président en chargé de la stratégie et de la communication. En attendant, les fidèles de la leader frontiste continuent de le torpiller par médias interposés pour mieux l’isoler.
Sur LCI ce matin, le député FN du Nord, Sébastien Chenu, a ironisé sur le choix de Florian Philippot de faire de la politique "dans une cabine téléphonique avec trois copains". Il lui reproche ainsi de se réfugier dans son association pour mieux fuir les critiques éventuelles à l’approche du congrès de refondation. "Quand on ouvre un débat devant les militants et les adhérents, on s'aperçoit qu'on a un vice-président qui prend la poudre d'escampette et qui préfère mener ce débat dans une association de copains ou d'étudiants".
Un choix qu’assume Florian Philippot. "Faire parler des adhérents, moi j’veux bien… Nous, on a créé un forum et des outils, etc. Qu’on puisse les développer au niveau du FN, qui est beaucoup plus gros et qui fonctionne comme un parti et non pas comme une association think-tank comme nous le sommes, je pense que c’est beaucoup plus compliqué et que ce n’est pas tout à fait le lieu", a-t-il rétorqué sur RFI et France 24 mardi soir.
Quelle que soit la nature du débat, qu’il soit interne au FN ou plus ouvert, le différend qui oppose Florian Philippot et de nombreux cadres du parti prend ses racines bien avant l’échéance du congrès de refondation. "Je vous gêne depuis cinq ans, vous n’avez jamais pu me saquer", a lâché le trublion lundi en plein bureau politique, rapporte L’Opinion.
Cette affaire est un "prétexte" selon Philippot
Il est vrai que sa personnalité, son intransigeance sur la sortie de l’euro ou encore son appétence pour les médias sont régulièrement brocardés par certains dirigeants du FN. Il lui est également reproché de tirer le parti trop à gauche en évoquant trop souvent les questions sociales au détriment de sujets comme l’immigration. Or, après l’échec de Marine Le Pen à la présidentielle et du parti lors des législatives, l’état-major frontiste souhaite revoir sa stratégie, quitte à lier des alliances avec la droite républicaine.
Dans cette optique, le positionnement et les orientations politiques de Florian Philippot posent problème. Ce qui pousse le jeune eurodéputé à considérer cette affaire des Patriotes comme "un prétexte" pour le mettre à la porte. En tout état de cause, la décision pourrait être prise rapidement selon les indiscrétions d'un cadre du FN. "S'il persiste et signe, ça peut aller très vite" nous dit-on.