"On se moque de nous !" : la grande déception des associations écologistes après les annonces de Macron

Valentin Ehkirch
Publié le 26 avril 2019 à 16h39, mis à jour le 26 avril 2019 à 16h58

Source : JT 20h Semaine

VIDE - Grande absente des précédentes mesures annoncées par Emmanuel Macron, l'écologie n'a pas été au cœur de sa conférence de presse jeudi 25 avril. Pour les associations et les ONG, le chef de l'Etat avait pourtant les cartes en mains.

L'écologie ? Quelques minutes et deux annonces pour le moins assez floues. C'est peu dire qu'Emmanuel Macron était attendu lors de la conférence de presse qu'il a donnée jeudi 25 avril pour clore la restitution du Grand débat et tenter de trouver une sortie à la crise des Gilets jaunes. Il l'était également sur la question de la transition écologique. Alors que les mesures, qui avaient fuitées à la suite du report d'une première allocution après l'incendie de Notre-Dame, ne comportaient pas de volet écologique, les ONG et les associations espéraient que le président de la République corrige le tir lors de ce nouveau rendez-vous. 

Malgré un discours aux accents volontaires, estimant que le climat est "la première des transitions", les quelques mesures annoncées par Emmanuel Macron n'ont pas paru à la hauteur. "Déçu? Ce n'est même pas assez fort" se désole Juliette Renaud, responsable de campagne à l'association Les Amis de la Terre. "Il n'y a aucune mesure concrète" dans le discours du chef de l'Etat, estime-t-elle. 

Le "conseil de participation citoyenne" une énième instance?

Le chef de l'Etat a, dans un premier temps, souhaité une refonte du Conseil économique, social et environnemental, (Cese), une assemblée regroupant des associations, des acteurs syndicaux et des patrons. Cette refonte passerait par, un "Conseil de participation citoyenne", qui comporterait 150 citoyens, tirés au sort pourrait ainsi voir le jour en juin. Mais cette proposition ne convainc pas Juliette Renaud :  "Pourquoi faut-il une nouvelle instance? On a déjà eu le Grand débat, puis le Haut conseil pour le climat, on a plus besoin de ressasser, il faut passer à l'acte".

Entre le Cese, le Conseil national de la transition écologique qui avait été crée en 2013, et le Haut conseil pour le climat né en novembre dernier, les groupes de réflexion sur le climat ne manquent pas. Très présente lors du Grand débat, la question de la bataille climatique avait également donné lieu à plusieurs propositions citoyennes. "On a proposé des solutions concrètes" souligne la responsable de campagne, qui détaille une "taxe solidaire" visant à allier "social et environnement", mais aussi "la fermeture des centrales à charbon".

"On se moque de nous, on parle des scientifiques, des ONG qui ont des propositions concrètes, on attendait un premier pas, et là... même pas"
Hugo Viel, Youth for Climate

"L'état d'urgence climatique", une formule chère au mouvement des jeunes pour le climat, a bien été évoqué par Emmanuel Macron, mentionnant cette "jeunesse" qui  "nous le dit à chaque instant", mais il en fallait plus pour satisfaire le mouvement. Hugo Viel, chargé de communication à Youth For Climate, l'une des organisation à l'origine en France des mobilisations lycéennes, n'en revient pas : "On se moque de nous, on parle des scientifiques, des ONG qui ont des propositions concrètes, on attendait un premier pas, et là... même pas". Et de citer le rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) qui a proposé des pistes pour limiter le réchauffement climatique. "C'était l'occasion de faire des annonces ambitieuses, et ça n'a pas été le cas".

Un "conseil de défense écologique"

 Sans détailler ces mesures, Emmanuel Macron a pourtant évoqué un "Conseil de défense écologique". Une nouvelle instance qu'il présidera "de manière régulière", et qui "réunira le Premier ministre, les principaux ministres chargés de cette transition" a-t-il décrit. Il devra "à la fois prendre les choix stratégiques et mettre au cœur de toutes nos politiques cette urgence climatique" a ajouté Emmanuel Macron. "C'est le rôle que devait avoir le Haut conseil pour le climat, et il est resté lettre morte" s'étonne Jean-François Julliard, le président de Greenpeace France. Du côté du gouvernement on estime que cette mesure devrait permettre de "faire bouger les choses". "On sort des logiques de guerre interministérielle, avec un mandat partagé par tous les ministres", avance dans Le Monde Pascal Canfin ancien eurodéputé écologiste, désormais numéro deux de la liste La République en Marche pour les Européennes.

Un "tas de propositions déjà sur la table"

Selon Jean-François Julliard le chef de l'Etat avait les cartes en main : "Il y a un tas de propositions et de solutions qui sont sur la table d'Emmanuel Macron depuis belle lurette, l'urgence c'est de mettre en œuvre ces mesures". Greenpeace plaide notamment pour la "fin des niches fiscales pour les entreprises les plus polluantes", ou d'avantage de moyens pour la rénovation énergétique. Des mesures qui selon le président ont été présentées au gouvernement depuis des mois et "qui ont ré-émergées durant le grand débat". 

De Rugy promet des mesures "avant la fin de l'année"

Le ministre de la Transition écologique François de Rugy a indiqué que  le nouveau Conseil de participation citoyenne  rendra ses premières propositions "avant la fin de l'année". Ces mesures doivent désormais être précisées, mais pour plusieurs associations écologistes interrogées, elles montrent surtout que "la question écologique n'est pas centrale" dans la politique d'Emmanuel Macron.  


Valentin Ehkirch

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