Griveaux propose un "Central Park" à Gare de l'Est : la quête du poumon vert, une rengaine des municipales à Paris

Publié le 27 janvier 2020 à 15h55

Source : TF1 Info

PROPOSITIONS - Le candidat LaREM à la mairie de Paris Benjamin Griveaux veut déplacer la gare de l'Est pour créer, à la place, un nouveau parc de 30 hectares. Une proposition jugée "fantaisiste" par la présidente de région Valérie Pécresse, lundi sur LCI. Par le passé, l'idée d'un "Central Park" parisien ou équivalent a déjà été évoquée par des candidats et des architectes.

A la peine dans les sondages, Benjamin Griveaux avait promis une annonce choc pour ce week-end. C'est chose faite. Dans une interview au JDD, le candidat LaREM à la mairie de Paris a proposé ni plus ni moins que de déplacer la gare de l'Est (10e arrondissement) vers la porte de la Villette, voire en banlieue, pour créer en lieu et place de l'emprise ferroviaire un "Central Park" façon parisienne, en référence au grand espace vert emblématique de 341 hectares situé au cœur de Manhattan, à New York. 

Le déménagement de la gare de l'Est permettrait, selon lui, de "planter une forêt" sur une surface de près de 30 hectares, et coûterait 1,5 milliard d'euros. Un projet jugé "fantaisiste", "ni nécessaire ni souhaitable" par la présidente LR de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, lundi sur LCI. Pour cette dernière, une telle opération coûterait "au moins une dizaine de milliards d'euros". 

La quête d'un introuvable poumon vert

Bordé à l'ouest par le bois de Boulogne et à l'est par le bois de Vincennes, Paris ne bénéficie pas actuellement, intramuros, d'un tel espace disponible pour créer une nouvelle forêt urbaine. La capitale abrite plusieurs parcs, comme Montsouris (15 hectares), les buttes Chaumont (25 hectares) ou le Jardin des Plantes (23 hectares), mais le nord de la ville est particulièrement dense et urbanisé. 

Face à cette problématique, l'idée de créer un poumon vert à la place de l'existant a déjà été évoquée par le passé lors des élections. L'hypothèse d'un "Central Park" avait été formulée telle quelle par le candidat écologiste en 2014, mais sur un autre site. Christophe Najdovski proposait ainsi d'aménager les berges de Seine en un parc urbain de 5 hectares entre le pont des Arts (6e) et le port de l'Arsenal (7e) ainsi qu'entre le port de la Rapée et celui de Bercy (12e), alors que les débats se tenaient sur l'interruption définitive de la circulation sur les quais bas. Si la piétonisation des quais a bien été retenue, c'est une version plus minérale qui a finalement vu le jour, dans la continuité des aménagements lancés sous Bertrand Delanoë. 

Un troisième bois au nord de Paris ?

Parmi les anciens projets figure également celui de Danielle Simonnet, actuelle candidate LFI à la mairie de Paris. En 2014, cette dernière avait proposé d'intégrer dans l'aménagement du secteur Chapelle International (18e et 19e arrondissements, ainsi que Saint-Denis) "un troisième bois", pendant de ceux de Boulogne et de Vincennes, en partant du principe que "le droit à l'espace vert n'est pas réservé aux quartiers chics de Paris". Elle promettait ainsi de réserver sur cette friche industrielle pas moins de 200 hectares de verdure, outre la création de logements sociaux. 

Six ans plus tard, Chapelle International a été conçu davantage comme un "écoquartier" qui doit accueillir, d'ici 2023, près de 3000 habitants ainsi que 3000 salariés. Près de 7000 mètres carrés (0,7 hectare) sont dédiés à l'agriculture urbaine, ainsi que des espaces verts, mais point de bois à l'horizon. 

Le projet de NKM sur les emprises ferroviaires

L'ancienne candidate de la droite Nathalie Kosciusko-Morizet avait eu en 2014 une idée un peu similaire à celle de Benjamin Griveaux, mais sans déménager une gare et sans y créer une forêt. Elle avait envisagé un projet de couverture des voies ferrées de la gare du Nord et de la gare de l'Est - semblable à ce qui a été réalisé à Bercy-Charenton - afin d'y réaliser des logements, une cité universitaire ainsi que des espaces verts. Un projet qu'elle avait estimé à 280 millions d'euros, qui devait être financé sur deux mandats par les recettes foncières des bâtiments construits. 

Le projet de Nathalie Kosciusko-Morizet en 2014.
Le projet de Nathalie Kosciusko-Morizet en 2014. - Archives/NKM Paris

"Insensé et irréalisable", avaient jugé ses opposants socialistes, d'autant que ces emprises appartenaient - et appartiennent toujours - à la SNCF. 

La ville de Paris a toutefois trouvé par la suite un accord de ce type avec la SNCF pour réaliser, sur une emprise ferroviaire de moindre ampleur située dans le 18e, un parc de 6,5 hectares. Ce site, baptisé Chapelle Charbon, doit voir le jour au cours de cette décennie. 

Coulée verte sur l'avenue Foch

Lors de sa campagne en 2014, Anne Hidalgo avait elle-même mis en avant un projet iconoclaste pour l'ouest parisien. La candidate socialiste avait alors évoqué l'idée de créer une "coulée verte" de 60 hectares le long de l'avenue Foch, axe symbolique qui relie le bois de Boulogne à la place de l'Etoile. L'objectif consistait à utiliser la largeur exceptionnelle de cette avenue pour y créer, en réduisant la circulation automobile, un parc urbain mais également 150.000 mètres carrés de commerces et de logements sociaux sur l'axe central. Le projet avait fait couler beaucoup d'encre mais il n'a jamais abouti. 

En matière de "Central Park" parisien, on peut enfin citer la proposition - issue de l'Atelier du Grand Paris lancé en 2009 - des architectes Castro Denissof Associés. Le cabinet avait ainsi détaillé sa proposition en 2015, proposant de créer ce fameux "Central Park du Grand Paris", non plus à Paris intramuros, mais dans l'actuel parc de La Courneuve, d'une surface de 417 hectares. L'objectif était d'intégrer à ce parc la construction de plusieurs dizaines de milliers de logements afin de résoudre une partie de la crise immobilière dans la capitale. Le site, classé Natura 2000, est finalement resté protégé et constitue à ce jour le 3e véritable poumon vert de l'Ile-de-France. 


Vincent MICHELON

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