"Insoutenable", "urgence" : la photo choc d'Aylan Kurdi fait réagir les politiques

Publié le 3 septembre 2015 à 13h07
"Insoutenable", "urgence" : la photo choc d'Aylan Kurdi fait réagir les politiques

ÉMOTION - Alors que la photo d’Aylan, 3 ans, enfant migrant retrouvé noyé sur une plage turque, bouleverse à travers le monde, elle suscite de nombreuses réactions parmi la classe politique. A commencer par le Premier ministre, Manuel Valls, qui a posté la photo sur Twitter jeudi matin.

La photo bouleverse le monde, et les politiques se devaient d'y réagir. Avant d’agir ? Les principaux responsables multiplient les commentaires, en tout cas, devant la photo du petit Aylan Kurdi, enfant syrien retrouvé mort noyé sur une plage turque. Une image devenue en quelques heures le symbole du drame des migrants syriens.

Le Premier ministre, Manuel Valls, s’est rapidement associé à l'émotion collective, postant la photo sur son compte Twitter, accompagnée du message : "Il avait un nom : Aylan Kurdi. Urgence d'agir. Urgence d'une mobilisation européenne."

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Un peu plus tôt, sa ministre de l’Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem avait qualifié la photo d'insoutenable" sur le plateau d’i>Télé. "C'est insoutenable, et en même temps, il ne faut pas qu'on se trompe de débat, comme on le fait souvent. Plus insoutenable encore que cette image - qu'il faut à mon avis montrer, puisqu'on ne doit pas détourner le regard, est la situation de ces migrants."

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Dans un autre registre, Gilbert Collard (Rassemblement Bleu Marine) a ajouté à la tristesse la colère et l’insulte. Invité de France Info,le député du Gard s’est rapidement emporté : “La mort d'un enfant, que je la voie en photo ou que je ne la voie pas en photo, parce que je n'ai pas besoin du spectacle, m'émeut. Ce qui est extraordinaire d'hypocrisie, c'est qu'il vous faut une photo, bande de salauds, pour vous émouvoir ! (...) Vous découvrez aujourd'hui parce qu'il y a une photo, au demeurant bien présentée, que des enfants meurent. C'est de la comédie." Invité à préciser la portée de ses propos, il a affirmé s'adresser "au monde entier"... Et continué de prôner la fermeture des frontières.

A droite, le député Les Républicains Eric Ciotti  est sous le feu des critiques après un tweet dans lequel il exprime son "indignation" et son "écœurement face à l’inaction intolérable de la communauté". Une indignation jugée hypocrite et facile de la part de celui qui tweetait, il y a quelques mois, contre l'accueil des migrants : "La fermeté est la seule garantie de l’humanité, il faut arrêter avec cette fausse générosité #Immigration". Le même préconisait de parler de "clandestins" plutôt que de "migrants" et de "détruire les bateaux" pour lutter contre les passeurs.

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"Un véritable traumatisme"

François Fillon a lui aussi publié l'image d'Aylan Kurdi, et lui aussi l'a jugée "insoutenable", y trouvant l'occasion de s'en prendre à François Hollande. "Cette photo d'un enfant syrien de trois ans retrouvé mort noyé dans le naufrage d'une embarcation de migrants tentant de rejoindre la Grèce est insoutenable", écrit l'ancien Premier ministre sur son blog . "Il est temps que le président de la République se révèle à la hauteur de la catastrophe humanitaire", ajoute-t-il, estimant que "venu de Syrie, cet enfant aurait été accueilli par l'Europe si la mer ne l'avait pas tragiquement noyé. Les persécutés ont droit à notre protection."

Un accueil pour lequel plaide Claude Bartolone (PS), président de l'Assemblée nationale."Il faut que nous soyons en mesure" d'accueillir les réfugiés, a-t-il déclaré dans les couloirs du palais Bourbon. "Il faut que l'on puisse éviter à tout jamais ce genre d'images qui est un véritable traumatisme et qui interroge les valeurs européennes".

"Traumatisme", "insoutenable", "indignation"... Un vocable dont se tient résolument éloignée Christiane Taubira. La ministre de la Justice s'est fendue d'un tweet au lyrisme soutenu pour rendre hommage au petit Aylan. Une initiative qui n'est pas sans rappeler les 140 signes tapés par cette dernière au moment des émeutes raciales à Ferguson où, plus récemment, sa réaction à la condamnation de deux jeunes indiennes à un viol collectif.


La rédaction de TF1info

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