"Islamo-gauchisme": Thomas Piketty et 600 universitaires veulent la démission de Frédérique Vidal

CONTROVERSE - Dans une tribune publiée ce samedi dans "Le Monde", 600 membres de l'enseignement supérieur ont demandé le départ de leur ministre de tutelle, à l'origine de la polémique sur l'"islamo-gauchisme".
Le gouvernement au cœur de la tourmente. Après ses déclarations sur l'"islamo-gauchisme", Frédérique Vidal se retrouve sous pression. Dans une tribune publiée ce samedi dans Le Monde, plus de 600 universitaires ont demandé sa démission. Ils reprochent à la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche de "faire planer la menace d'une répression intellectuelle" sous couvert d'enquête sur "l'islamo-gauchisme".
"Comme dans la Hongrie d’Orban, le Brésil de Bolsonaro ou la Pologne de Duda, les études postcoloniales et décoloniales, les travaux portant sur les discriminations raciales, les études de genre et l’intersectionnalité sont précisément ciblés", affirment les signataires (enseignants, chercheurs, etc.) de la tribune. "Une telle ministre est indigne de nous représenter et nous demandons, avec force, sa démission", martèlent les intéressés parmi lesquels figurent notamment l'économiste Thomas Piketty ou la sociologue Dominique Méda.
Un slogan politique sans réalité scientifique ?
Le 14 février, la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche avait dénoncé "l'islamo-gauchisme" qui, selon elle, "gangrène la société dans son ensemble et l'université n'est pas imperméable". Elle avait ensuite demandé au CNRS "un bilan de l'ensemble des recherches" qui se déroulent en France, afin de distinguer ce qui relève de la recherche académique et ce qui relève du militantisme. L'organisme avait accepté d'accéder à la demande de la ministre tout en regrettant "une polémique emblématique d'une instrumentalisation de la science" et un "slogan politique [qui] ne correspondait à aucune réalité scientifique".
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Les signataires de la tribune soulignent de leur côté que la loi de programmation de la recherche, portée par la ministre et adoptée le 20 novembre dernier, et le manque de moyens accordés à l'université constituent les principales raisons "qui entravent (leur) travail". "Nous ne pouvons que déplorer l’indigence de Frédérique Vidal, ânonnant le répertoire de l’extrême droite sur un 'islamo-gauchisme' imaginaire, déjà invoqué en octobre 2020 par Jean-Michel Blanquer", insistent-t-ils. Le ministre de l'Éducation nationale, justement, a volé au secours de sa collègue ce samedi décrivant "l'islamo-gauchisme" comme un "fait social indubitable" qu'il faut "regarder en face". À ses yeux, "c'est un mot qui n'a pas forcément un contenu scientifique" mais "décrit une réalité politique".
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