IVG, bien-être animal, vote à 16 ans... L'hyperactif groupe "Ecologie, démocratie, solidarité", trouble-fête de la majorité

Publié le 8 octobre 2020 à 16h27
Matthieu Orphelin et Paula Forteza, co-présidents du groupe EDS
Matthieu Orphelin et Paula Forteza, co-présidents du groupe EDS - Source : Christophe PETIT TESSON / POOL / AFP

PARLEMENT - Auteur des propositions de loi sur l'allongement du délai de recours à l'IVG ou le bien-être animal discutées ce jeudi à l'Assemblée, le groupe "Ecologie, Démocratie, Solidarité" bouscule la majorité. Les ex-marcheurs qui le composent poussent leurs anciens collègues à prendre position sur des sujets sociétaux qui les divisent. Eux veulent offrir "un débouché législatif aux aspirations des citoyens".

Ils font l’actualité parlementaire. Ce jeudi 8 octobre à l’occasion de sa niche parlementaire (séance où des députés d'un groupe minoritaire et d'opposition peuvent déposer des propositions de loi), le groupe "Ecologie, Démocratie, Solidarité" (EDS) a inscrit à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale quatre textes très commentés sur le bien-être animal, l’allongement de 12 à 14 semaines du délai légal pour recourir à l’avortement, l’allongement du "congé de parenté" et l’expérimentation d’un système de "parrainage citoyen des réfugiés et apatrides".

EDS a dû renoncer à trois autres propositions qui avaient fait parler d’elles ces dernières semaines, mais retoquées par les députés LaREM en commission, parmi lesquels l’ouverture du droit de vote à 16 ans. Derrière ce groupe constitué au mois de mai dernier : 15 députés dont 14 ex-marcheurs, issus de l’aile gauche de La République en marche. Leur but : "avancer sur des sujets de société importants, en phase avec les 15 priorités fixées à la création de notre groupe", indique à LCI son co-président Matthieu Orphelin. "Ces priorités ont été élaborées en lien étroit avec la société civile, une méthode démocratique à laquelle nous sommes très attachés."

"La majorité a choisi de masquer certains clivages internes en évitant de les mettre au débat"

Toutes ces propositions de loi sur des sujets sociétaux importants mettent mal à l’aise la majorité. A la fois sur le timing à discuter de ces sujets, et sur le fond. Certains de ses membres y voient une tentative de déstabilisation. Ces députés "connaissent bien le groupe LaREM et savent ce qui nous divise. Leurs propositions servent à semer la zizanie chez nous", estime un responsable macroniste auprès de l'AFP. "Que les sujets que l’on porte clivent au sein de la majorité, nous n’y sommes pas pour grand-chose, d'ailleurs nous ne nous en réjouissons pas vraiment, ce ne sont pas nos affaires et ça n’est en rien notre objectif", explique à LCI Matthieu Orphelin. "La majorité a choisi de masquer certains clivages internes en évitant de les mettre au débat, si notre groupe peut débloquer des avancées plébiscitées par la population ou les acteurs de terrain, tant mieux."

Ces anciens alliés les accusent également de tomber dans la facilité et le populisme. "Les députés EDS défendent systématiquement des sujets soutenus par au moins 70% des Français et prennent ensuite l’opinion à partie lorsque la majorité s’y oppose. Or, prendre des décisions est toujours plus complexe que simplement suivre les sondages", explique un conseiller ministériel au Figaro. "C’est du populisme électoral. C’est un discours de bobos qui pourront emmener leurs enfants faire des safaris. Qu’est-ce qu’on va faire pour les enfants pauvres ?", indique un député marcheur à l'AFP à propos de la proposition de loi sur le bien-être animal. "Si les sujets sont porteurs, plébiscités et approuvés par bon nombre de citoyens, c’est qu’ils sont bien choisis, non ? Nous sommes à notre place, à jouer notre rôle d’élu en offrant un débouché législatif aux aspirations des citoyens et de la société civile, tout simplement", se défend Matthieu Orphelin, proche de Nicolas Hulot, auprès de LCI.

EDS pousse LaREM à se positionner sur ces sujets

Pour d’autres, les propositions du groupe sont un bon moyen de faire adopter des textes que la majorité présidentielle n’aurait de toute façon pas eu le temps de mettre à l’ordre du jour d'ici la fin du quinquennat. Via un gros travail d'amendement en commission, LaREM a fait en sorte de voter des propositions de loi EDS qui correspondront en tout point avec de récentes annonces gouvernementales. Ainsi, la mesure concernant le congé paternité a été réécrite pour correspondre aux annonces d'Emmanuel Macron sur son allongement de 11 à 25 jours consécutifs, avec sept jours obligatoires. Le texte sur le bien-être animal permettra également de faire adopter les fraîches annonces de la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili.

"Tout se passe au rapport de force pour amener les interlocuteurs à faire quelque chose", fait valoir auprès de l'AFP Guillaume Chiche, député EDS rapporteur du texte sur le congé de parenté, qui pense qu'aller sur ces divers sujets jeudi a pu "précipiter" des annonces. "On est dans notre rôle d’aiguillon de la majorité. LaREM ne serait jamais arrivé à inscrire ces textes à l’ordre du jour et à les faire passer si nous n’avions pas pris la responsabilité de former un groupe et de faire de ces propositions une priorité", estime Aurélien Taché auprès du Monde.


Justine FAURE

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