Usine Renault fermée : Muriel Pénicaud "choquée" que la CGT "joue contre l'emploi"

Publié le 11 mai 2020 à 10h21, mis à jour le 11 mai 2020 à 14h32

Source : TF1 Info

INTERVIEW - La ministre du Travail, Muriel Pénicaud, était l'invitée d'Elizabeth Martichoux ce lundi 11 mai sur LCI. Elle a notamment évoqué l'action de la CGT qui a conduit au blocage de l'usine Renault de Sandouville.

"Tout le monde sait que la situation est très difficile pour le secteur automobile en ce moment. Les conditions sanitaires sont réunies, je trouve cela choquant qu’un syndicat joue contre l'emploi." Invitée d'Elizabeth Martichoux ce lundi sur LCI, la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, a vivement réagi à la décision de justice qui a contraint le constructeur automobile français à fermer son usine de Sandouville (Seine-Maritime), en raison de mesures de protections jugées insuffisantes face au coronavirus (Covid-19). 

Saisi par la CGT, le tribunal judiciaire du Havre a condamné jeudi en référé Renault "à suspendre la reprise de la production" car celle-ci ne "permet pas d'assurer (...) la sécurité des travailleurs de l'usine face au risque lié au Covid-19". L'usine, qui compte 1848 collaborateurs, avait repris partiellement son activité le 28 avril après l'avoir arrêtée le 16 mars à cause de l'épidémie. Elle a été arrêtée jeudi après-midi jusqu'à nouvel ordre, a indiqué la direction du constructeur, qui a fait appel de la décision.

"C'est l'emploi qui est en question", déplore la ministre du Travail. "Il y a 700 intérimaires devaient reprendre un emploi ce matin. Ils ne l'ont pas. Et il y a 1000 salariés qui n'ont pas repris encore", souligne-t-elle. "Je suis étonnée qu’aujourd’hui, et cela n’aurait pas été le cas il y a quelques années, qu'un syndicat utilise un vice de forme pour bloquer l’emploi", a ajouté Muriel Pénicaud, tout en soulignant que "ce n'est pas le cas partout".

A ce stade, la production est suspendue "le temps de la mise en place effective" de mesures comme "organiser et dispenser pour chacun (des) salariés avant qu'ils ne reprennent le travail une formation pratique et appropriée". Le tribunal a également condamné Renault à mettre "en œuvre des actions de prévention ainsi que des méthodes de travail et de production garantissant un meilleur niveau de protection de la santé et de la sécurité des travailleurs".

Renault Sandouville : pourquoi la justice ferme-t-elle l'usine ?Source : JT 20h WE

Une décision "irresponsable" selon la CFDT

Le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger avait jugé samedi la "CGT irresponsable" pour avoir obtenu en justice la fermeture de l'usine Renault-Sandouville alors qu'un "dialogue social assez exemplaire" avait eu lieu pour une reprise "en toute sécurité". "La posture de la CGT est irresponsable et infondée (...) Cette fermeture obligée par le recours de la CGT est très grave", a dénoncé Laurent Berger sur France inter. 

"Il faut arrêter ce type de pratiques (...) Je suis pour qu'on valorise le dialogue social de proximité et qu'on sorte des rapports de force stériles", déplore le secrétaire général de la CFDT. Dans un communiqué vendredi, la branche métallurgie de Force ouvrière (FO-métaux) avait aussi dénoncé "une prise d'otages par la CGT et la justice des 2.000 salariés et 700 intérimaires de l'usine".

Le constructeur va faire appel de la décision

De son côté la direction de Renault, qui estime que l'activité avait repris "dans de bonnes conditions" grâce à "un dialogue social instauré depuis plusieurs semaines", rappelle que la "reprise progressive" de ses usines en France "s’effectue dans le cadre social défini par le contrat de solidarité et d’avenir signé avec les organisations syndicales CFDT, CFE-CGC et FO le 2 avril 2020". 

Le groupe français affirme en outre "que la décision du tribunal porte principalement sur des modalités de présentation de l’ensemble des mesures de prévention aux institutions représentatives du personnel et ne remet pas en cause le référentiel sanitaire défini par Renault".

En France, le constructeur Renault avait choisi de redémarrer en premier les sites d'assemblage de Flins (Yvelines) et Sandouville car ils fabriquent des modèles dont les carnets de commandes sont pleins. A Sandouville, Renault a produit 132.231 véhicules en 2019, essentiellement des véhicules utilitaires Renault Trafic. Comme ses concurrents, le groupe a suspendu ses activités dans la plupart des pays au cours du mois de mars, dans le contexte de la pandémie de Covid-19. Un lent redémarrage est en cours sur certains sites industriels européens alors que plusieurs usines ont déjà repris l'activité en Russie, en Roumanie, au Portugal et en Espagne.


La rédaction de TF1info

Tout
TF1 Info