La Commission européenne a-t-elle interdit l'utilisation du mot "Noël" ?

Publié le 4 décembre 2021 à 13h47
Une décoration de Noël, à Strasbourg, le 26 novembre 2021
Une décoration de Noël, à Strasbourg, le 26 novembre 2021 - Source : FREDERICK FLORIN / AFP

INCLUSIF - Marine Le Pen s'est étonnée ce mardi que la Commission européenne souhaite "bannir" les mots "fêtes de Noël". Il s'agissait en réalité de simples recommandations à destination des fonctionnaires de l'institution.

C'est depuis un marché de Noël à Varsovie que Marine Le Pen s'est émue de l'importance de cette fête religieuse. Sur Twitter, la cheffe du Rassemblement national a profité d'une visite en Pologne ce 3 décembre pour souligner que les Polonais "ne sont pas prêts à renoncer à utiliser le mot Noël", contrairement à ce que recommanderait la Commission européenne. Selon la candidate à la présidentielle, l'institution souhaiterait en effet "bannir" ce mot du langage des Européens. Qu'en est-il réellement ?

Cette remarque fait référence à une communication interne à l'institution européenne. Le 26 octobre dernier, Helena Dali, commissaire chargée de l'Égalité, pose avec cette brochure à la main. En légende, l'ancienne députée travailliste élue à Malte se dit "fière" de présenter ce document, un ensemble de "lignes directrices" proposées par la Commission européenne pour une "communication inclusive". 

Un « manuel » pour une « communication inclusive »

Ce "manuel" de 33 pages, écrit par l'Erasmus Student Network, se présente comme un "guide pratique sur la façon de communiquer de manière inclusive avec la jeunesse internationale". À destination des fonctionnaires de l'institution européenne, il propose de se référer à ce manuel pour toute communication, à la fois interne et externe. 

Alors quel est le problème ? Certains exemples "spécifiques" cités dans les recommandations.  Et notamment celui de préférer à l'expression "joyeux Noël", la formule "joyeuses fêtes" décrite comme une salutation "plus ouverte et plus inclusive pour les personnes qui ne célèbrent pas Noël" (page 12). 

Un document resté inaperçu... jusqu'à ce qu’il soit révélé par le quotidien italien Il Giornale. "En Europe, il est interdit de dire 'Noël' et même de s'appeler Maria", titrait un mois plus tard, le 28 novembre, ce quotidien de droite conservatrice. Écrit par un auteur proche du mouvement Forza Italia, dirigé par Silvio Berlusconi, et de Matteo Salvini, il évoque des "interdictions" dictées par la Commission européenne et créé la polémique. Jusqu'à en émouvoir le Vatican. Dans une vidéo, le cardinal Pietro Parolin, a estimé que ce manuel ne s'inscrivait pas "dans la voie de la lutte contre les discriminations", mais au contraire dans "l'annulation des racines chrétiennes" du continent, que le Secrétaire d'État du Saint-Siège voit comme "la religion principale de l'Europe". 

"Pas de quelconque valeur obligatoire"

Pourtant, il n'a jamais été question de "bannir" l'usage de ces termes. Comme l'a résumé le porte-parole de la Commission, Eric Mamer, ce n'était "pas du tout un document qui aurait eu une quelconque valeur obligatoire (mais) des recommandations en matière de communication". D'ailleurs, en gras et en orange, le document interne soulignait bien que ce manuel "n'a pas vocation à passer outre les préférences individuelles" de chaque fonctionnaire. "Tout le monde s'exprime de la manière qu'il préfère" est-il écrit. 

Face à la polémique, le document a tout de même été retiré ce mardi 30 novembre afin d'être revu. "Certains exemples fournis dans les recommandations sur la communication inclusive ont suscité des préoccupations", a reconnu la commissaire européenne à l'Égalité

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Felicia SIDERIS

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