À LA LOUPE – Les autorités assument de vouloir réduire la part du nucléaire dans la production d'énergie nationale. En prenant de la hauteur, on constate qu'aucun autre pays ne dépend autant du nucléaire dans son mix énergétique.
Réagissant à la fermeture de Fessenheim, Bruno le Maire a affirmé son soutien au nucléaire. Pour autant, il a expliqué que des fermetures de centrales étaient nécessaires car "il n'est pas raisonnable de dépendre à 75% du nucléaire pour notre production d'électricité". L'ambition affichée par le ministre de l'Economie est donc la suivante : passer "à 50% d'ici 2035".
Nucléaire: "Je suis un défenseur du nucléaire, car il n’émet pas de CO2 (...) On réduit car il ne serait pas raisonnable de dépendre à 75% du nucléaire dans notre production d’électricité (...) On va passer à 50% d'ici 2035" @BrunoLeMaire min. de l'Economie #BourdinDirect pic.twitter.com/c1cttjVZpn — RMC (@RMCinfo) June 30, 2020
Pour visualiser l'importance du nucléaire dans la production d'énergie en France, il faut rappeler que selon les chiffres partagés par EDF et RTE, en 2017, 71,6% de l'électricité était issue des 56 réacteurs en activité sur le territoire. Une situation assez unique en Europe et dans le monde.
Un pari français
Malgré le développement croissant des énergies renouvelables, qui doit encore s'accélérer dans le futur, la France demeure un pays où le nucléaire s'avère incontournable dans la production d'électricité. Elle figure parmi les trois plus importants producteurs à l'échelle mondiale, derrière les Etats-Unis et devant la Chine.
Pour autant, lorsque l'on rapporte sa production venant du nucléaire à la production globale d'énergie sur son territoire, la France bat tous les records. On constate en effet qu'elle est l'une des rares où la part du nucléaire dépasse les 50% dans son mix énergétique, et qu'elle est de loin le pays où cette proportion est la plus importante
Cette situation n'est pas nouvelle : depuis 40 ans, c'est en France que la part du nucléaire dans l'énergie produite est la plus importante. Ce dont témoigne le graphique qui suit, où l'on observe que cette proportion est restée stable durant plusieurs décennies. Notons que depuis 2015 (année où s'arrête cette série de données), la part du nucléaire dans le mix énergétique français a baissé, et devrait rapidement passer sous la barre des 70%.
À la lecture de ces chiffres, on observe donc la place assez singulière du nucléaire en France par rapport à d'autres pays. Une prédominance qui peut aussi être analysée comme une dépendance, et que l'Etat souhaite aujourd'hui réduire. C'est dans ce contexte qu'a été fixé le cap de 50% d'énergies renouvelables dans le mix énergétique français à l'horizon 2035, réduisant de fait la part occupée par le nucléaire.
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