"C'EST SANS NOUS" - Les quotidiens "La Voix du Nord" et "Le Télégramme" ont refusé d'interviewer Emmanuel Macron. Leurs rédacteurs en chef dévoilent pourquoi ils boudent cet entretien, réalisé quelques jours seulement avant les élections européennes et diffusé mardi 21 mai.
A cinq jours du coup d'envoi des élections européennes, Emmanuel Macron a accordé un entretien à plusieurs titres de la presse régionale. Une interview qui lance le sprint final d'une campagne qui se durcit à l'approche du scrutin, et dont le chef de l'Etat a affiché son soutien à Nathalie Loiseau, tête de liste LaRem de Renaissance. Le chef de l’État a reçu dans le salon des aides de camp, située sous son bureau à l’Elysée, neuf journalistes des grands groupes de la presse régionale, comprenant une cinquantaine de quotidiens.
A noter que, dans cette assemblée, manquaient deux quotidiens régionaux qui ont refusé de se prêter à l'exercice, et ainsi faire paraître l'interview dans leurs pages. Il s'agit de La Voix du Nord et Le Télégramme, dont les rédacteurs en chef et directeurs de l'information ont justifié leur décision. Contacté par LCI, Patrick Jankielewicz, rédacteur en chef du journal du Nord de la France, s'est expliqué : "Etant donné qu'il y a un engagement fort du président dans la campagne, pour nous, à 5 jours de l'élection, il y avait un risque que ça expurge un peu un équilibre dans le traitement des différentes listes. Équilibre auquel on veille."
@lavoixdunord ne participe pas à l’interview d’E. Macron par la PQR. A 5 jours du scrutin, cela perturberait l’équilibre du traitement de la campagne auquel nous essayons de veiller et la publication est soumise à la relecture préalable de l’Elysée. Donc c’est sans nous. #Macron — Patrick Jankielewicz (@PJankielewicz) May 20, 2019
Autre raison avancée : les relectures trop poussées des dirigeants politiques dans ce type d'exercice : "On s'est engagés auprès de nos lecteurs à ne plus permettre les relectures par les hommes et femmes politiques", a fait valoir Gabriel d'Harcourt auprès de France Info. "On a à plusieurs reprises identifié des dérives dans ces pratiques-là. [...] La relecture va tellement loin qu'on finit par s'éloigner du contenu de l'interview telle qu'elle était au départ."
Comme la @lavoixdunord , @LeTelegramme n’a pas souhaité se plier à l’interview collective du President @EmmanuelMacron dont le principe est une négation de l’identité des titres de la presse régionale et des territoires qu’ils representent. — Hubert Coudurier (@HubertCoudurier) May 20, 2019
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"Comme La Voix du Nord, Le Télégramme n’a pas souhaité se plier à l’interview collective du President Emmanuel Macron dont le principe est une négation de l’identité des titres de la presse régionale et des territoires qu’ils représentent", a de son côté écrit Hubert Coudurier, directeur de l'information et administrateur.
Ceux qui ont accepté de rencontrer Emmanuel Macron ont fait paraître dans la soirée cette longue interview.