POLÉMIQUE - Le président de la Cour de cassation a perçu comme une "humiliation" les propos virulents de François Hollande sur la "justice". Les explications de François Hollande, mercredi 12 octobre, n'auront donc pas convaincu.
Le tête-à-tête avec François Hollande n'aura pas convaincu. Jeudi 13 octobre, les représentants de la Cour de Cassation ont qualifié les propos présidentiels sur la justice d'"humiliation", lors d'un point presse. Il a de ce fait exclu toute excuse de contexte pour les confidences du président de la République. Bertrand Louvel, premier président de la Cour, a dénoncé des "outrances" qui posent "un problème institutionnel" et demandé à ce que "l'autoridé judiciaire [s'émancipe] enfin de la tuelle de l'exécutif".
#DirectCc "Les outrances renouvelées à l'encontre du pouvoir judiciaire posent un problème institutionnel" B Louvel — Cour de cassation (@Courdecassation) 13 octobre 2016
#DirectCc "Il n'est pas concevable de diffuser parmi les Français une vision aussi dégradante de leur Justice" B Louvel — Cour de cassation (@Courdecassation) 13 octobre 2016
#DirectCc "L'autorité judiciaire doit s'émanciper enfin de la tutelle de l'exécutif" B Louvel 1/2 — Cour de cassation (@Courdecassation) 13 octobre 2016
#DirectCc "une tradition inadaptée aux exigences de séparation des pouvoirs dans une démocratie moderne"B Louvel 2/2 — Cour de cassation (@Courdecassation) 13 octobre 2016
#DirectCc "Notre entretien d'hier n'a pas atténué le sentiment que la magistrature a ressenti face à une nouvelle humiliation" JC Marin — Cour de cassation (@Courdecassation) 13 octobre 2016
"Cette institution, qui est une institution de lâcheté (...) parce que c'est quand même ça, tous ces procureurs, tous ces hauts magistrats, on se planque, on joue les vertueux... On n'aime pas le politique. La justice n'aime pas le politique", avait déclaré François Hollande aux journalistes Gérard Davet et Fabrice Lhomme dans son livre d'entretiens Un président ne devrait pas dire ça... Les Secrets d'un quinquennat,.
Le président de la République aurait aussi confié : "Ce n'est pas une engeance facile, la magistrature, il ne faut vraiment pas commettre de fautes, on peut être lynché."
Sans surprise, ces propos ont eu de quoi choqué la magistrature. Aussi le premier président et le procureur général de la Cour de cassation, Bertrand Louvel et Jean-Claude Marin, se rendront ce mercredi soir à l'Elysée pour obtenir des explications de la part de François Hollande.
Le Premier président & le Procureur général @Courdecassation rencontrent @fhollande à 20h00 @Elysee suite à #UnPrésidentNeDevraitPasDireCa — Cour de cassation (@Courdecassation) 12 octobre 2016
Les deux plus hauts magistrats de France ont fait l'annonce de ce rendez-vous sur le compte Twitter de la Cour de cassation. "Ils vont demander des explications au chef de l'Etat", a-t-on précisé dans leur entourage. Pas suffisante, au regard des réactions du jour. L'Union syndicale des magistrats (USM), majoritaire, s'était auparavant élevée contre ces propos.