S’il est une saison qui fédère, c’est bien le printemps. Il y a trois ans tout juste, un mouvement "apolitique" baptisé le "Printemps français" était fondé par des catholiques traditionalistes engagés dans leur combat acharné contre le mariage homosexuel.
Ce dimanche, de l'autre côté de l’échiquier, des personnalités de gauche ont profité de l’arrivée de la belle saison pour lancer leur "Printemps républicain", un mouvement qui se dit également hors des partis politiques et qui prend pour cible les "identitaires de tous bords", accusés de s’en prendre à la laïcité. Le premier rassemblement, à Paris, a attiré plusieurs centaines de participants et alimenté ses premières polémiques. Voici ce que l'on sait de l'initiative.
► Qui sont les initiateurs ? Le " manifeste pour un Printemps républicain " a été adressé via deux médias, l’un classé résolument à gauche, Marianne, l’autre résolument à droite, Causeur. Parmi les initiateurs, on trouve surtout des personnalités de gauche. Parmi elles : le politologue Laurent Bouvet, ancien compagnon de route du PS, et Gilles Clavreul, ex-conseiller de François Hollande, délégué interministériel à la lutte contre le racisme. L’appel compte des responsables du PS, à commencer par Frédérique Calandra, maire du 20e arrondissement de Paris, et Amine El Khatmi, adjoint PS à Avignon, victime récemment de menaces des milieux islamistes pour ses prises de position.
A LIRE AUSSI >> Laïcité : mobilisation pour Amine el-Khatmi, un élu PS harcelé sur Twitter Parmi les premiers signataires, les anciens ministres Frédéric Cuvillier et Fleur Pellerin, des élus écologistes, des journalistes (Anne Sinclair, Zineb El Rhazaoui de Charlie Hebdo, Brice Couturier de France Culture), des chercheurs, des intellectuels (dont Elisabeth Badinter) et des personnalités du monde culturel, comme la réalisatrice Marjane Satrapi. Toutefois, préviennent les initiateurs, "si nous venons de la gauche (…), notre démarche s’adresse à tous".
► A qui s’opposent-ils ? Ces défenseurs de la laïcité prennent pour cible, dans leur appel, les "identitaires de tous bords" qui, selon eux, ont profité du choc des attentats de 2015 pour "faire progresser leurs idéologies délétères". Le mouvement vise explicitement l’extrême droite et "l’islamisme politique", "à la manœuvre pour tenter de jouer avec les peurs et les tensions qui traversent la société française". Il vise aussi le clientélisme de certains responsables politiques, quel que soit leur bord, en direction de telle ou telle communauté. En retour, les initiateurs du "Printemps républicain" ont été pris pour cible par les sites Riposte laïque et Fdesouche, qui les accusent d’être de faux laïcs et, à l’inverse, par le site communautaire Al Kanz, qui les accuse"d’islamophobie".
► Que défendent-ils ? L’appel du "Printemps républicain" estime que la laïcité n’est plus défendue que par "quelques uns" et veut la replacer au cœur de tous les combats, qu’il s’agisse de racisme, d’antisémitisme, d’égalité entre les sexes ou les origines. Dimanche, les initiateurs ont toutefois tenu à se démarquer d’un "extrémisme de la laïcité" qui pourfendrait les religions.
► Pourquoi y a-t-il déjà polémique ? Plusieurs prises de position des intervenants, ce dimanche, ont été visées par les détracteurs du mouvement. Notamment cette phrase de Fatiha Boudjahlat, responsable du MRC (parti chevénementiste), taxée "d’islamophobie" : "Interdisons la présence de mères voilées dans les sorties scolaires", a-t-elle préconisé. "Je ne veux pas que les enfants s’habituent au voile".
La responsable politique, par ailleurs enseignante, a été largement attaquée après ces propos. Elle les a assumés un peu plus tard , sans les modifier d'une virgule.
► Parlent-ils d’une seule voix ? Pas vraiment. Laurent Bouvet, l’un des initiateurs du "Printemps républicain", a par exemple pris soin de prendre ses distances après cette prise de position tranchée de Fatiha Boudjahlat.
Autre sortie polémique, celle d’un conducteur de bus selon lequel, "dans le nord de Paris, il y a une ligne où il est difficile de rentrer si on n’est pas barbu". Une parole pour le moins "libérée" qui, là encore, a appelé une précision de la part des organisateurs face aux réactions suscitées.
La preuve, s’il en fallait, que les défenseurs de la "laïcité" sont loin de parler d’une seule voix. Malgré tout, les organisateurs veulent manifestement se donner une cohérence. Ils ont publié, lundi matin, un communiqué menaçant d’attaquer "en diffamation" ceux qui s’amuseraient à "manipuler" les propos tenus lors des débats de dimanche. La guerre des idées est ouverte.
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Vincent Michelon
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