Le coronavirus fait-il peser un risque d'abstention massive sur les élections municipales ?

Publié le 9 mars 2020 à 12h39

Source : TF1 Info

SCRUTIN - A six jours du premier tour des élections municipales, la hausse des cas de contamination au coronavirus Covid-19 semble produire ses premières répercussions sur le comportement électoral. Alors que, jusqu'ici, la tendance était limitée, une enquête Ifop indique que près du tiers des électeurs pourrait décider de ne pas se déplacer dans les bureaux de vote.

Le coronavirus, nouvel adversaire de la participation ? Alors que les sondages montraient jusqu'ici un effet limité du risque sanitaire lié au Covid-19 sur l'inquiétude des électeurs à l'approche des municipales, une enquête Ifop pour Charles.co met les pieds dans le plat et pose la question de la participations au scrutin.

Les résultats sont saisissants. Selon cette enquête détaillée sur le site de l'Ifop,  28% des électeurs interrogés sont susceptibles de ne pas se rendre à leur bureau de vote par crainte des risques de contamination. Parmi ces derniers, 16% sont même "certains" de ne pas s'y rendre. Pour l'Ifop, par extrapolation, un tel scénario pourrait concerner "6 à 8 millions d'électeurs" sur les 44,3 millions d'inscrits sur les listes électorales. 

Un risque qui s'inscrit dans un contexte plus large d'abstention, le scrutin de 2014 ayant déjà atteint un record en la matière. 

Jeunes et urbains en première ligne

Les détails de cette enquête peuvent toutefois surprendre. Les Français les plus âgés, pourtant les plus concernés par les conséquences d'une contamination au Covid-19, sont les moins prompts à renoncer à leur devoir démocratique. Ils sont 11%, soit cinq points de moins que la moyenne nationale, à être certains de ne pas se rendre aux urnes en raison de la circulation du virus. 

Inversement, les jeunes, pourtant moins menacés par les risques liés à la transmission du virus, sont ceux qui sont prêts à renoncer le plus souvent, avec 19% des 18-24 ans et 25% des 25-34 ans qui se disent certains de ne pas y aller. 

"Ces chiffres sont à interpréter avec prudence", tempère toutefois François Kraus, directeur du pôle politique-actualité à l'Ifop, auprès de LCI. "Plusieurs facteurs se cumulent. Ceux qui sont les plus certains de ne pas se rendre au bureau de vote étaient souvent abstentionnistes lors du dernier scrutin. L'impact est plus prégnant chez les gens qui votent moins." 

Pour autant, "l'impact du Covid-19 sur la participation est plus fort au sein des populations les plus exposées aux réseaux sociaux, à l'information alternative et aux fake news", analyse François Kraus. "La crainte est plus forte chez les personnes plus exposées aussi aux théories complotistes." Ce qui n'empêche qu'au vu de ce sondage, le coronavirus pourrait bien se traduire, au soir du premier tour, par les chiffres en hausse de l'abstention.

Une "inquiétude" déjà perçue auparavant

Plusieurs sondages avaient indiqué, dans les jours précédents, que certains électeurs étaient particulièrement sensibles à l'évolution du coronavirus sur le territoire français. Un sondage Elabe pour BFMTV faisait état, la semaine dernière, d'une inquiétude partagée par 25% des sondés à l'idée de se rendre dans un bureau de vote, un niveau similaire à la démarche d'aller faire les courses ou de se rendre au restaurant. 

Le 2 mars, une enquête Ifop pour Illicomed.com donnait le même chiffre, soit 25% des Français inquiets d'aller voter. Une enquête OpinionWay pour France 2 a enfin montré que plus d'un Français sur deux (52%) était inquiet de la situation liée au coronavirus. Une inquiétude qui ne touche pas plus les seniors que le reste de la population. 

"La situation est très évolutive", note François Kraus, de l'Ifop. Les informations que donneront les autorités de santé d'ici au 15 mars pourrait en effet influencer sensiblement la décision des électeurs, d'autant que le comportement de vote se modifie souvent jusqu'à la dernière minute. 


Vincent MICHELON

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