FRONDEUR - C'est le seul député du groupe La République en Marche à avoir voté contre le projet de loi asile et immigration, adopté dimanche soir à l'Assemblée. Le député de la Vienne Jean-Michel Clément a annoncé dans la foulée son départ du groupe.
C'est donc le premier "frondeur" du quinquennat d'Emmanuel Macron. Le député de la Vienne Jean-Michel Clément a annoncé dimanche soir qu'il se met "en congé" du groupe parlementaire La République en Marche (LaREM), après avoir voté contre contre le projet de loi asile et immigration, adopté à l'Assemblée nationale.
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Finalement cette loi « asile et immigration » aura été une formidable tribune pour le Front National. C’est lui qui sort gagnant de ce débat en mêlant asile et immigration. — Jean-Michel Clément (@jmclement86) 22 avril 2018
"Toute ma vie personnelle, professionnelle – comme avocat – et politique, s’est construite autour de valeurs simples, de liberté, de justice et d’humilité, plaçant toujours l’homme au centre de mes attentions. Et manifestement, dans le texte que nous avons voté, l’homme, la femme ou l’enfant étaient toujours présents au détour de chaque article de la loi et de chaque amendement porté dans le sens d’une toute autre considération", indique le député dans un communiqué.
"Pour ce qui concerne ce texte, qui traite d’enjeux de société touchant à l’identité de notre pays, à son histoire et à son avenir, je ne suis pas sûr que nous envoyions aux citoyens du monde le message universaliste qui a toujours été le nôtre. Je pensais sincèrement que la complexité de ce sujet impliquait que chaque parlementaire de notre groupe soit libre dans son expression et dans son vote. Cela n’a pu être le cas, et je le regrette", peut-on également lire dans le communiqué.
Un "appel à sa conscience"
Jean-Michel Clément a adressé un communiqué à Richard Ferrand, président du groupe LREM à l'Assemblée nationale dans lequel il détaille une nouvelle fois sa décision qui, il en a conscience, "enfreint les règles collectives dont vous êtes le garant en qualité de Président du groupe". "Pour autant, comme sur d’autres sujets de société, lois bioéthiques ou fin de vie, je pense n’avoir fait ici qu’en appeler à ma conscience pour fonder mon vote. Cette conscience rejoint ce que nos concitoyens nous reconnaissent aussi pour s’extraire d’un mandat impératif", peut-on lire.
"Pour ce qui concerne ce texte qui traite d’enjeux de société touchant à l’identité de notre pays, à son histoire mais aussi à son avenir, je ne suis pas sûr que nous envoyions aux citoyens du monde le message universaliste qui a toujours été celui de notre pays. Je pensais sincèrement que la complexité de ce sujet impliquait que chaque parlementaire de notre groupe soit libre dans son expression et dans son vote. Comment contraindre nos collègues à voter contre nature ?"
Un proche de Jean-Michel Clément donne des précisions au sujet de la relation entre le député et Richard Ferrand. "Il apprécie personnellement Richard Ferrand. Ils étaient des 10 parlementaires qui ont cru à l'hypothèse Macron Président il y a presque 2 ans. Ni l'un ni l'autre ne veut nuire à l'autre. Ils ont une proximité politique, philosophique et affective. Ils trouveront le moyen de s'extraire des réquisitoires des apprentis procureurs de la majorité."
Sur LCI, François-Michel Lambert, député LaREM des Bouches-du-Rhône abstentionniste, a apporté son soutien au député démissionnaire. "Il est en phase avec ses valeurs (...) Je comprends très bien Jean-Michel qui va jusqu'au bout et qui part vers de nouvelles aventures", affirme le député.
Dans la majorité, on compte un élu LREM et un MoDem contre le projet de loi et 14 abstentionnistes, à savoir Bagarry, Dupont, Gaillot, Granjus, Krimi, Kuric, Lambert, Mörch, Orphelin, Rilhac, Tamarelle-Verhaeghe, Tuffnell, Vidal, Wonner.