PROMESSES - Valérie Pécresse accuse Emmanuel Macron de ne pas avoir tenu ses engagements en matière de logement social. À raison ? On fait le point sur les mesures prises pendant le quinquennat.
La meilleure défense, c'est l'attaque. Persuadée d'être la "femme à abattre" aux yeux du gouvernement, Valérie Pécresse a voulu riposter. Lors d'une conférence de presse tenue ce mardi 10 octobre au siège de son mouvement, la candidate LR à la présidentielle a tenté d'installer un duel avec le chef de l'État, taclant son bilan. L'accusant "d'immobilisme", elle a notamment critiqué ses résultats en matière de logement social. "Les objectifs d'Emmanuel Macron en termes de logements sociaux n'ont pas été atteints", a ainsi lancé la présidente de la région Île-de-France. Qu'en est-il réellement ?
Un "décalage" entre les objectifs et les mesures prises
Commençons par les objectifs. Toujours en ligne, le programme du candidat de 2017 est facilement accessible. Sur la question du logement, son équipe ne prenait pas d'engagement chiffré, mais écrivait : "Demain, nous construirons davantage de logements sociaux."
Cinq ans après, que disent les chiffres ? Ces données, on les retrouve dans le répertoire des logements locatifs des bailleurs sociaux, mis en ligne dans les statistiques gouvernementales au 1er janvier de chaque année. Pour 2020, le parc locatif social comptait très exactement 5.153.600 logements. Soit un chiffre "en progression" de 1,3 % sur un an. Cependant, avec 63.800 logements supplémentaires, les constructions ralentissent. Il y avait 89.000 nouveaux logements en 2018 et 74.900 en 2017. Comme le résume l'institut Montaigne dans un ensemble de publications mises en ligne en août 2021 sur le bilan d'Emmanuel Macron, le "parc locatif social est en progression, mais en ralentissement par rapport aux années précédentes".
Première raison qui s'impose, telle une évidence : le Covid-19. En Île-de-France par exemple, seulement 21.000 logements sociaux ont été construits en 2020 à cause de l'arrêt de l'activité, alors que les objectifs fixés étaient de 37.000. En conséquence, dans son rapport annuel sur le mal-logement publié en mars dernier, la Fondation Abbé-Pierre relevait que 100.000 logements sociaux de moins avaient été attribués l'an dernier. Seulement, comme le souligne l'Institut Montaigne, pourtant considéré comme proche de la Macronie, "la crise sanitaire ne suffit pas à expliquer" cette situation.
Plusieurs raisons expliquent ce phénomène, à commencer par les restrictions budgétaires. Le Monde révélait en décembre 2019 que les trois premiers budgets du quinquennat d'Emmanuel Macron comprenaient des coupes dans la part allouée au logement. La première, en 2018, était de 1,5 milliard d'euros, suivie de celle de 1,1 milliard en 2019 pour finir par une nouvelle coupe de 1,5 milliard d'euros en 2020. Au total, la mission Cohésion des territoires aura donc perdu plus de 4 milliards d'euros.
Ce à quoi doit s'ajouter la hausse de la TVA sur la construction de logements sociaux. Passée de 5,5% à 10%, elle représente un surcoût pour les organismes HLM, qui ont également pâti de la réduction du loyer de solidarité. Enclenchée dès 2017, cette baisse a été imposée aux bailleurs sociaux afin d'aider les locataires à faire face à la réduction des APL, l'Aide personnalisée au logement. D'après l'AFP, ce mécanisme a coûté 1,3 milliard d'euros en 2021. Résultat : les organismes HLM se lancent dans moins de chantiers. 73.000 logements neufs ont été mis en chantier en 2019 contre plus de 80.000 dans les années précédentes, selon les chiffres de l'Union sociale pour l'habitat.
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La construction du nombre de logements sociaux n'a donc pas régressé à proprement parler, mais elle connaît un ralentissement, contrairement à ce que promettait Emmanuel Macron. Ce qui représente un "décalage entre la stratégie présentée et les mesures prises", pour reprendre les termes de l'Institut Montaigne.
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