On a demandé aux politiques ce qu'ils offriraient à Macron pour ses 40 ans

par Michel VERON
Publié le 21 décembre 2017 à 7h00, mis à jour le 21 décembre 2017 à 12h35
On a demandé aux politiques ce qu'ils offriraient à Macron pour ses 40 ans

HAPPY BIRTHDAY - Le président de la République a 40 ans ce jeudi. S’il va sans doute recevoir des cadeaux de la part de ses proches, LCI a demandé à une vingtaine de personnalités politiques de tous bords ce qu’elles aimeraient lui offrir afin d’influencer sa politique.

Emmanuel Macron souffle ce jeudi sa quarantième bougie. Nul doute que son épouse, sa famille et ses proches vont le couvrir de cadeaux pour l’aider à passer le cap (parfois douloureux) de la quarantaine. La classe politique pourrait, elle aussi, être tentée d’offrir un présent au chef de l’État. Des petites attentions non dénuées de malice voire carrément d’arrière-pensées pour influencer sa politique. Voici leurs cadeaux fictifs…

A ce petit jeu, les écologistes ont opté pour un peu de lecture. Yannick Jadot songe au scénario NégaWatt 2017-2050, un rapport "qui démontre, contrairement à ce que répète à l’envi le Président, qu’on peut réduire la place du nucléaire sans recourir au charbon, grâce aux énergies renouvelables devenues très compétitives, et aux économies d’énergie", dixit l’eurodéputé. Pour le porte-parole d’EELV, Julien Bayou, ce serait Utopies réalistes de Rutger Bregman, car "ce petit bouquin bat en brèche les mythes croissance-ruissellement-compétitivité".

L’ancien ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, a lui aussi choisi un livre. Le sien tant qu’à faire : La première graine sur l’agro-écologie et l'agriculture. Plus original, son camarade socialiste François Kalfon offrirait bien à Emmanuel Macron une balance, un objet qui "symbolise la justice car il l’a oubliée". Dans la même veine, l’adjoint au Logement à la ville de Paris, le communiste Ian Brossat, songe au récent rapport sur les inégalités mondiales en 2018 rédigé par cinq économistes dont Thomas Piketty. Quant au député divers gauche de la Rochelle, Olivier Falorni, il lui payerait bien "un week-end à La Souterraine en Creuse pour mieux connaître la France rurale qui se sent abandonnée".

"Un aller simple aux Îles Caïmans"

Jamais à court d’idées, les députés de la France insoumise sont prêts à se montrer tout aussi généreux. Pour mieux cerner les conséquences de l’évasion fiscale, Clémentine Autain penche pour "un aller simple aux Îles Caïmans" avec comme livre pour le trajet Les Héritiers de Pierre Bourdieu. Au cas où il le terminerait avant d’arriver, Eric Coquerel se propose de compléter sa bibliothèque de voyage avec un exemplaire du Code du travail "qu’il a contribué à casser". Et pour définitivement le convertir, Alexis Corbière apporterait le programme de la France insoumise. Sans grand espoir néanmoins de parvenir à ses fins. "Emmanuel Macron dit qu'il écoute les propositions qui lui sont faites mais il écarte toutes les nôtres", déplore le parlementaire insoumis. 

Pour les 40 ans d’Emmanuel Macron, le Front national est également prêt à participer. Dans la besace de l’eurodéputé Bruno Gollnisch, le locataire de l’Élysée trouvera "un exemplaire du De Republica de Jean Bodin afin de se pénétrer de l’importance de la souveraineté, qui est à une nation ce que la liberté est à une personne". Mais ce n’est pas tout. Ce frontiste historique tient aussi à y ajouter "une bouteille de Cognac pour faciliter la négociation avec Jean-Jacques Juncker, le président de la Commission européenne". Taquin, l’élu francilien Wallerand de Saint-Just offrirait "une girouette" pour rappeler au chef de l’État son goût pour le double discours, notamment sur Bachar El Assad avec qui "il faut parler, et en même temps, traduire en justice comme criminel". 

Robert Ménard préconise de son côté un exemplaire du discours de Stockholm d’Albert Camus lors de la réception de son Nobel de littérature en 1957. Le maire de Béziers aimerait que Jupiter médite notamment sur cette citation de l’auteur de La Peste : "Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde ne se défasse". Soucieux de l’aider à "voir la réalité des souffrances des Français", l’ex-candidat à la présidentielle, Nicolas Dupont-Aignan, opte quant à lui pour "une paire de lunettes".

"Une machine à calculer les dépenses publiques, car c'est là que ça flotte un peu"

La droite n’est pas en reste. Le porte-parole des Républicains, Gilles Platret, aimerait offrir à Emmanuel Macron "une opposition républicaine solide" et "dégagée de l'extrémisme de gauche avec monsieur Mélenchon et d'extrême droite avec madame Le Pen". Dépité, l’ancien député LR, Bernard Debré, observe que la droite est déjà en train de lui faire un très beau cadeau en affichant un visage aussi désuni, prenant notamment pour exemple le récent départ de Xavier Bertrand des Républicains. En revanche, le député LR, Daniel Fasquelle, estime que c’est au président de la République de "faire un cadeau aux Français" à commencer par "rétablir les heures supplémentaires défiscalisées".

Les membres de la majorité se montrent tout aussi inspirés. La ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, lui achèterait le livre de photos de Thomas Pesquet "pour l’encourager à mener le combat pour la planète". S’il reste un peu de place dans la bibliothèque présidentielle, le député LREM Bruno Bonnell lui enverrait "deux ouvrages qui sont des livres de chevet personnels" : Le Monde comme volonté et représentation de Schopenhauer et Humain, trop humain de Nietzsche. "Le premier pour renforcer la conviction que la lecture du monde permet l’action et l’autre pour que les aphorismes sur l’Homme nuancent les tendances technocrates. Deux livres qui aident à bâtir une vision", précise le parlementaire intello du Rhône. 

Son collègue, François-Michel Lambert, offrirait bien au chef de l’État Les limites à la croissance (dans un monde fini) de Dennis Meadows, Donella Meadows et Jorgen Randers "pour mieux comprendre la pensée de Nicolas Hulot...et la mienne en tant que député LREM et en même temps porte-parole de l’UDE". Le député Jean-Louis Bourlanges hésiterait entre "une machine à calculer les dépenses publiques, car c'est là que ça flotte un peu" ou "une carte de l'ancien monde car le passé ne passe jamais et c'est bien ainsi". Enfin, dans sa plus grande sagesse, la députée Olivia Grégoire, aimerait donner "du temps" à Emmanuel Macron. "Parce que Rome ne s’est pas faite en un jour !"


Michel VERON

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