Qui est Madeleine de Jessey, membre de l'aile droite de LR qui assurera la présidence de Sens Commun ?

Publié le 10 novembre 2017 à 13h54, mis à jour le 10 novembre 2017 à 18h38
Qui est Madeleine de Jessey, membre de l'aile droite de LR qui assurera la présidence de Sens Commun ?
Source : Martin BUREAU / AFP

COURANT - Après la démission de Christophe Billan, qui avait plaidé pour une plateforme commune entre la droite et l'ex-députée FN Marion Maréchal-Le Pen, le mouvement Sens Commun a désigné Madeleine de Jessey, l'une de ses fondatrices, comme présidente par intérim. Pourtant, elle aussi soutenait en son temps une "plateforme commune".

La démission de Christophe Billan de la présidence de Sens Commun semble avoir rassuré certains membres des Républicains. Après la polémique suscitée par ses propos sur un rapprochement possible entre la droite et l'ex-députée FN Marion Maréchal-Le Pen, le député du Nord Pas-de-Calais Daniel Fasquelle s'est réjoui vendredi matin de ce départ, saluant une "clarification".

La polémique avait notamment entraîné, mi-octobre, l'annulation de la "journée de la France silencieuse", à laquelle devaient participer plusieurs ténors des Républicains, dont Laurent Wauquiez, candidat à la présidence LR. 

Sens Commun, remerciant Christophe Billan pour son "dévouement" et le "travail accompli" au sein du mouvement catholique conservateur, a annoncé dans la foulée ce vendredi que sa cofondatrice et porte-parole, Madeleine de Jessey, assurerait la présidence par intérim. Changement de cap ou continuité assumée ?

Intellectuelle et activiste

Madeleine de Jessey, 28 ans, se situe depuis le début de son parcours militant à la lisière des milieux intellectuels et politiques. Issue de la bourgeoisie conservatrice, elle a partagé avec Marion Maréchal-Le Pen les bancs de l'institution Saint-Pie X, à Saint-Cloud. Diplômée de la prestigieuse Ecole normale supérieure de la rue d'Ulm en 2009, auteure d'une thèse à la Sorbonne sur "la postérité du personnage biblique de Bethsabée dans la littérature et les arts" et agrégée de lettres classiques, elle est aujourd'hui doctorante et monitrice "dans une grande université parisienne", selon la bio publiée sur le site de Sens Commun. 

Son parcours universitaire s'est accompagné, en 2013, d'une mobilisation militante contre l'instauration du "mariage pour tous", réforme du quinquennat de François Hollande conduite par l'ex-garde des Sceaux Christiane Taubira. Elle a notamment participé à lancer le mouvement des "Veilleurs", ces militants  qui se réunissaient dans les lieux publics, ou devant le ministère de la Justice, pour déclamer des textes littéraires ou religieux. 

Madeleine de Jessey, dans la foulée de la Manif pour tous, a cofondé Sens Commun en novembre 2013. "Beaucoup disent que Sens Commun est une opération de l'UMP pour récupérer les votes de la Manif pour tous. Je tiens à dire que personne n'est venu nous chercher", avait-elle assuré lors d'une conférence en 2015.

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Militantisme politique

Si Sens Commun a systématiquement a pris soin de se démarquer des affaires internes des Républicains - niant par exemple, cet été, avoir pris parti pour Laurent Wauquiez dans la bataille pour la présidence de LR -, le mouvement conservateur a été intégré dès sa naissance à l'ex-UMP. En particulier, Madeleine de Jessey, propulsée secrétaire national par Nicolas Sarkozy, en charge notamment de la formation et de l'enseignement supérieur. 

Membre du bureau politique des Républicains, la jeune militante a franchi un cap en participant activement à la campagne de François Fillon en 2016-2017, prenant en charge le pôle "société civile" de l'équipe du candidat. Madeleine de Jessey a revendiqué avoir contribué, à travers son mouvement, à la victoire de François Fillon à la primaire de la droite. C'est après la défaite de ce dernier à la présidentielle que les relations entre Sens Commun et LR se sont tendues, l'ex-candidat ayant regretté avoir accordé trop de poids au courant anti-mariage pour tous. En janvier 2017, la militante s'était illustrée en participant à une manifestation annuelle contre l'avortement. 

Pour une "plateforme commune" à droite de la droite

Si le départ de Christophe Billan a pu rassurer certains cadres LR, inquiets d'une porosité entre ce mouvement et le FN, Madeleine de Jessey a défendu par le passé une position parfaitement similaire au président démissionnaire. Dans un entretien croisé publié en mai 2016 par Famille Chrétienne avec Marion Maréchal-Le Pen, Madeleine de Jessey, interrogée sur une alliance possible entre ces droites, avait jugé que "les partis censés incarner les clivages politiques ne représentent plus les Français", estimant qu'il existe "un espace politique conservateur et souverainiste qui n'est pas investi". "Je verrais d'un bon oeil que cet espace se structure", ajoutait-elle, afin de "faire quelque chose de neuf à droite". 

Elle défendait ainsi une ligne constante de Sens Commun, rejetant la ligne de Florian Philippot et de Marine Le Pen, jugée trop "étatiste" en matière d'économie et d'éducation, au profit d'une ligne "identitaire" susceptible de fédérer les droites traditionnalistes. 

Le mouvement, qui milite pour une révision de la loi Taubira afin d'empêcher l'accès des couples homosexuels à la gestation pour autrui (GPA), au nom du refus de la "marchandisation", est sur ce plan en accord avec la position de Laurent Wauquiez sur le sujet. Maël de Calan, juppéiste et candidat à la présidence de LR face à Laurent Wauquiez, a réclamé, en vain jusqu'ici, l'exclusion de Christophe Billan, le président démissionnaire de Sens Commun, du mouvement LR. 


Vincent MICHELON

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