Manifs, grèves… L'Euro 2016 sera-t-il la victime collatérale du climat social ?

Publié le 20 mai 2016 à 17h00

COUP DE CHAUD - A l'approche de l'Euro 2016, qui débute le 10 juin, les menaces de grève se multiplient dans tous les secteurs, en particulier dans l'aviation, à la SNCF et chez les taxis. Le gouvernement a trois semaines pour tenter d'enrayer un climat social explosif qui pourrait perturber lourdement l'événement sportif international.

L'Euro 2016 avait déjà fort à faire avec la sécurité. Alors que la menace terroriste ne faiblit pas, comme le rappelait le ministre de l’Intérieur jeudi à l'Assemblée, le secrétaire d'Etat aux sports, Thierry Braillard, était à Toulouse vendredi pour faire le point, selon son cabinet, sur la sécurité des stades et l'accueil des supporteurs dans les villes hôtes de l'événement sportif.

Mais un autre front se dessine, qui fait peser de lourdes incertitudes sur les conditions d'organisation de l'Euro de football qui débute dans trois semaines : le climat social hexagonal. Ce même vendredi, le secrétaire d'Etat aux Transports, Alain Vidalies, devait rencontrer rencontrer la CGT  pour évoquer les négociations internes à la SNCF sur les conditions de travail. L'enjeu est crucial : la CGT a lancé un préavis reconductible pour chaque mercredi et jeudi, tandis que Sud Rail menace d'une grève "jusqu'au 11 juillet", soit après la finale de l'Euro.

Le ministre prévient

"Suite à notre grève des 18 et 19 mai, le patronat est revenu aux négociations et une nouvelle rencontre est prévue le 26 mai", indique à metronews Jocelyn Portalier, de la CGT Cheminots. Le timing est serré : "J'espère qu'on arrivera à une phase conclusive à la fin de la semaine prochaine", affirmait vendredi le secrétaire d'Etat, qui ne cachait pas son inquiétude. "Aucun Français, quelles que soient ses convictions, ne comprendrait que pour des problèmes de ce type, on remette en cause l'image de la France et ce rendez-vous important". Pendant l'Euro, les transports collectifs seront particulièrement sollicités, un " plan national de mobilité " prévoyant une hausse de l'offre de transports.

Les menaces de blocages se multiplient

D'autant que le climat social s'alourdit simultanément dans plusieurs secteurs. Chez Air France, le SNPL, principal syndicat de pilotes, n'exclut pas de déclencher une grève à l'approche de l'été contre la baisse prévue des rémunérations . Les buralistes, qui réclament des contreparties à l'instauration du paquet de cigarette neutre en janvier prochain, menacent de bloquer l'entrée des stades avant les matches.

Quant aux taxis, qui veulent un encadrement plus strict de la concurrence des VTC et attendent un plan d'indemnisation pour la perte de valeur de leur licence, ils menacent déjà d'un blocage "de tous les matches de foot". Deux intersyndicales de taxis sont prévues, ce vendredi et le 25 mai. "Le prochain rendez-vous avec le gouvernement est le 30 mai", précise à metronews Samir Kheroua, vice-président de Taxis de France. "D'un point de vue social, c'est très tendu. Nous ne pourrions pas empêcher des mouvements spontanés de chauffeurs durant l'Euro. Sans oublier que des blocages pourraient également venir des chauffeurs routiers (qui bloquent actuellement des raffineries contre le projet de loi Travail, ndlr)."

Retombées économiques

Bref, le ciel s'assombrit sur l'Euro 2016, d'autant que les manifestations houleuses contre la loi Travail se poursuivent. "J'ai une double inquiétude", explique le sénateur Les Républicains des Hauts-de-Seine Roger Karoutchi. "Il y a d'abord la menace terroriste. Mais il y a aussi ce climat social qui ne risque pas de s'améliorer. La loi Travail mobilise encore contre elle. Le texte va être totalement modifié lors de son passage au Sénat. Cela va occuper les deux quinzaines de juin. Ajouté aux troubles sociaux, on voit difficilement ce gouvernement, qui n'a plus de cap, reprendre la main."

L'enjeu n'est pas seulement la paix sociale et l'image du pays : il est aussi financier. Selon l'OCDE, l'Euro 2016 pourrait assurer 1.2 milliard d'euros de retombées pour l'économie française . A condition que tout se passe bien.

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Vincent MICHELON

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