Marcel Campion s'invite dans la manif anti-loi Travail : quand le "roi des forains" se faisait épingler par l'Urssaf

Publié le 12 septembre 2017 à 11h08, mis à jour le 12 septembre 2017 à 11h13
Marcel Campion s'invite dans la manif anti-loi Travail : quand le "roi des forains" se faisait épingler par l'Urssaf

ARCHIVES - Le porte-parole des forains Marcel Campion a appelé ce mardi la profession à se joindre à la mobilisation contre la réforme du Code du travail afin de faire valoir certaines revendications spécifiques. En 2010, le même forain s'en prenait avec virulence à des agents venus contrôler des salariés en situation irrégulière sur les Champs-Elysées.

La manifestation contre les "ordonnances Macron", à l'appel de la CGT, a trouvé des alliés imprévus ce mardi 12 septembre. Des dizaines de camions de forains ont mené des opérations escargot sur les grands axes parisiens, et le "roi des forains" lui-même, le fameux Marcel Campion, prévoyait une intervention sur la place de la Bastille dans l'après-midi. 

De quoi s'interroger sur les raisons qui ont poussé les forains à soutenir la CGT dans son combat contre la réforme du Code du travail, que le syndicat accuse de précariser les salariés au profit des employeurs... 

Soutien de circonstance

En réalité, Marcel Campion, lui-même à la tête d'une affaire florissante - il est notamment propriétaire de la controversée grande roue de la Concorde et a été mis en examen dans le cadre de cette affaire -, ne manifeste pas vraiment contre la réforme du Code du travail. La profession s'appuie sur la mobilisation de la CGT pour contester une mesure sans rapport avec les "ordonnances Macron". 

Les forains visent une ordonnance remontant à avril 2017, et qui est l'émanation de la loi Sapin promulguée sous l'ancien gouvernement. Cette nouvelle réglementation oblige les municipalités à lancer des appels d'offres pour tous les emplacements publics d'animation. Une mise en concurrence dangereuse, assure Marcel Campion, pour une profession habituée à fonctionner "de gré à gré" avec les municipalités. On est donc bien loin des revendications syndicales. 

En délicatesse avec l'Urssaf

Ce soutien indirect à la mobilisation sociale ne manque toutefois pas de piquant. S'agissant de respect du Code du travail, Marcel Campion avait eu quelques difficultés, en novembre 2009, avec des agents de l'Urssaf venus contrôler le marché de Noël des Champs-Elysées, dont il avait à l'époque la charge. Un fonctionnaire, accompagné d'une équipe de l'émission "Combien ça coûte" (TF1), avait déniché dans les chalets de Noël pas moins de sept salariés non déclarés. Voyant cela, Marcel Campion s'en était pris avec virulence au fonctionnaire, lui lançant qu'il discutait avec les ministres, "pas avec les torche-culs", avant de jeter une bouteille d'eau sur les journalistes. "Filmez pas ! Ça m'énerve ! J'ai la maladie des nerfs", avait-il tonné. 

Idem lors d'un second contrôle, le 15 décembre, lors duquel l'Urssaf avait identifié 16 personnes non déclarées. Cette fois, le "roi des forains" insultait l'agent et lui promettait de "l'accrocher à un croc de boucher". Un petit dérapage qui lui avait valu une plainte de l'agent de l'Urssaf, et une condamnation, en juin 2010

Dans une lettre ouverte en amont de la manifestation, Marcel Campion a défendu ce soutien de circonstance, expliquant aux forains que "le temps est venu de défendre nos culs. Nous le ferons en première ligne de toutes manifestations de colère sociale : avec les syndicats et les Insoumis, les Bonnets rouges et les Blacks Blocs, les agriculteurs faillis et les anarchistes". Ce que l'on appelle la convergence des luttes...


Vincent MICHELON

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