Metronews a fait voter Paul Bismuth, Anne Lalanne, Gorge Profonde et Caton au référendum du PS

Publié le 16 octobre 2015 à 11h28
Metronews a fait voter Paul Bismuth, Anne Lalanne, Gorge Profonde et Caton au référendum du PS

PARTI SOCIALISTE – En faisant voter quatre internautes imaginaires, "metronews" a pu très facilement constater que le référendum du PS organisé à partir de ce vendredi sur l'unité de la gauche aux régionales est ouvert à tous les vents. Si l'enjeu de ce scrutin ne sautait déjà pas aux yeux, ses modalités posent la question de sa sincérité.

Ils ont voté. Anne Lalanne, Paul Bismuth, François Caton et Gorge Profonde ont répondu ce vendredi matin à l'appel du Parti socialiste qui demandait à ses sympathisants, en vue des élections régionales de décembre prochain, de répondre à cette question : "Face à la droite et l'extrême droite, souhaitez-vous l'unité de la gauche et des écologistes aux élections régionales ?"

Bien sûr, vous l'aurez compris, il s'agit de quatre votants fictifs. Anne Lalanne est le pseudo derrière lequel Marine Le Pen est soupçonnée de s'abriter pour tweeter incognito ; Paul Bismuth est le nom d'emprunt que Nicolas Sarkozy aurait utilisé pour échapper à des écoutes téléphoniques ; Caton était le pseudo utilisé par François Hollande en 1983 afin de déstabiliser l'opposition en se faisant passer pour un leader de la droite ; enfin Gorge Profonde ("Deep Throat") était l'informateur mystérieux du Watergate. Pourtant, avec quatre adresses mail différentes, chacun des quatre a vraiment pu voter. Afin de ne pas influer le résultat du scrutin, metronews a néanmoins pris soin d'équilibrer leurs votes : Anne et Gorge ont voté oui, Paul et Caton ont voté non.

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Une charte sur l'honneur

En soi, le fait que tout un chacun puisse voter à plusieurs reprises n'est pas une surprise. Le site Internet dédié à ce référendum ne demandant pas plus de renseignements qu'un nom, un prénom, une adresse mail et un code postal, toute la sincérité du scrutin ne repose que sur deux éléments. Le premier est de n'utiliser qu'une fois la même adresse mail. Ainsi, Caton a essayé en vain de voter deux fois avec la sienne. Mais il est facile, pour n'importe qui, d'en créer à l'infini. La seconde sécurité est la dernière case à cocher juste avant de voter : "J'accepte la Charte d'engagement pour participer au référendum pour l'unité de la gauche et des écologistes". Laquelle charte "déclare sur l'honneur voter une seule fois au référendum pour l’unité de la gauche et des écologistes". Sur l'honneur, donc.

La facilité à gruger ce référendum pose une question : celle de son utilité. Son enjeu paraissait déjà confus, le Premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, ayant déjà acté la ligne du parti avant même que ses sympathisants ne s'expriment. "Aidez-nous à imposer l'unité", a-t-il encore lancé aux électeurs ce vendredi, promettant d'ores et déjà sur France Info "une nouvelle initiative" en ce sens dès dimanche soir. Reste que le résultat qui sera annoncé dimanche soir à 21 heures sera scruté à double titre. L'ampleur de la mobilisation, d'une part, sera à mettre au crédit ou non de "Camba", celui-ci ayant affiché la très haute ambition d'atteindre 200.000 votants. Et leur réponse sera évidemment importante : en cas de non, la direction du PS serait ébranlée.

Les adresses IP seront vérifiées

Partant de là, la facilité qu'il y a à fausser ce référendum ne peut qu'alimenter la suspicion de ceux qui pensent que la direction du PS fera tout pour que son résultat soit conforme à ses ambitions. Au PS, rapporte Libération , "certains se cachent pour expliquer que Cambadélis est très 'doué' pour organiser un vote. Comprendre, 's’arranger pour tomber sur les bons chiffres'..." Même si la direction du PS ne triche pas, elle se met en danger : des petits malins plus mal intentionnés que metronews pourraient en effet s'amuser à reproduire durant trois jours le procédé à grande échelle, pour faire gagner le non..

Afin de rassurer les votants, qui par définition ne votent que s'ils pensent que leur voix sera prise en compte de manière sincère, le Parti socialiste a prévu que sa Haute autorité – composée de juristes - confirme, dans les jours suivant le vote, son résultat. Comment ? "On vérifiera les adresses IP", hasarde-t-on rue de Solférino pour metronews. Adresses que, là encore, tout un chacun peut modifier, en se connectant sur des réseaux différents ou en passant par des sites Internet permettant de le faire très facilement et de manière répétitive. "Si quelqu'un est absolument déterminé à frauder, ce n'est évidemment pas impossible", reconnaît pour metronews la porte-parole du PS Corinne Narassiguin. Qui ajoute : "Savoir si le résultat est intègre à la virgule près, ce n'est pas essentiel, notre but est de lancer un mouvement citoyen sur la question de l'unité de la gauche".

Dans ces conditions, ce "référendum" s'apparente donc à un simple sondage en ligne. Ce qui pose toujours deux questions : pourquoi le PS lui a-t-il consacré tant de moyens (1,5 million de tracts diffusés, 100.000 affiches, 10.000 badges) ? Et quelle valeur accorder aux résultats qui seront diffusés dimanche soir ?

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La rédaction de TF1info

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