Migrants, Syrie : comment Hollande tente de se placer au-dessus de la mêlée

Publié le 7 septembre 2015 à 15h45
Migrants, Syrie : comment Hollande tente de se placer au-dessus de la mêlée

DECRYPTAGE - Pour sa sixième conférence de presse ce lundi, François Hollande s'est moins laissé aller que de coutume aux traits d'humour et a balayé les questions sur son éventuelle candidature en 2017. C'est que face à la droite et à l'extrême droite, il a voulu afficher l'image d'un Président loin des politicailleries.

Laissez tomber 2017, François Hollande a un autre rendez-vous en tête : l'Histoire. Pour sa sixième conférence de presse depuis son arrivée à l'Elysée, le président de la République s'est placé ce lundi dans une posture grave dont il n'est quasiment pas sorti, contrairement à son habitude.

"En cette rentrée, il y a des images, il y a des événements, il y a des situations qui frappent à la porte de nos consciences", a déclaré le chef de l'Etat en ouverture de sa courte allocution liminaire. Vingt minutes qu'il a d'emblée placées sous le signe de deux exemples marquants de ces dernières semaines : "l'héroïsme des passagers" du Thalys qui ont évité un massacre le 21 août et Aylan Kurdi, cet "enfant sans vie, le visage posé sur le sable d'une plage turque, enfant martyr". Face à ces situations, François Hollande n'a eu de cesse de souligner et d'assumer les choix qu'il fait : "Des choix qui compteront le moment venu pour le jugement de l'Histoire".

"Mon camp, c'est celui de la France"

Sur les migrants, le Président n'a ainsi voulu montrer aucune hésitation : "La France est disposée à prendre sa part", a-t-il martelé, promettant notamment l'accueil dans les deux années à venir de 24.000 des 120.000 réfugiés que l'Union européenne compte se répartir. Et d'ajouter que Paris va proposer d'héberger "une conférence internationale pour les réfugiés", avant d’enfoncer le clou : "Les lignes Maginot n'ont jamais arrêté quoi que ce soit", "le droit d'asile est un droit fondamental." Une tranquillité dans les valeurs qui, en creux, souligne ce que le débat au Parlement - qu'il a également annoncé ce lundi - devrait faire éclater : la fébrilité de la droite et de l'extrême droite sur ce dossier.

Dans son discours, et dans les questions-réponses qui ont suivi, pas de place donc pour les petites blagues dont le socialiste est coutumier. Tenté de sourire à la question d'une journaliste qui lui demandait s'il comptait, comme Barack Obama, participer à une émission de télé-réalité, le Président a très vite ravalé son trait d'humour - "J'ai l'impression d'y participer depuis 2012" - pour asséner : "La réalité est suffisamment cruelle, lourde, exigeante pour qu'on n'ajoute pas sa propre exhibition". Ses piques, plus cyniques qu'à son habitude, François Hollande les a réservées à la droite et à l'extrême droite, comme lorsqu'il a déploré, à propos de Bachar el-Assad : "Quand j'entends certains dire que l'actuel président syrien est le moins pire, quand ils ne disent pas que c'est le meilleur... C'est toujours la même histoire avec certains, toujours avec les dictateurs, ce qui devrait faire réfléchir, y compris pour notre pays..."

Quant aux inévitables questions sur une éventuelle candidature à sa réélection, le chef de l'Etat les a balayées avec un agacement inaccoutumé, rabrouant sèchement le second journaliste qui la posait et terminant la matinée en ces termes : "Rendez-vous à la prochaine conférence, avec des questions qui peuvent ressembler à celles d'aujourd'hui..." Si Manuel Valls - qui lui fera sa rentrée le soir même au Grand journal - n'a cessé d'arborer un sourire goguenard, François Hollande, lui, a clairement voulu marquer qu'il s'élevait loin de ces politicailleries : "Faire des choix, c'est ce que je ferai jusqu’à la fin de mon mandat, sans calculs ni répit", "Mon camp, c'est celui de la France"... Une France dont, pour la deuxième fois depuis le 14 juillet, il a évoqué "l'âme". Une France qui rappelle celle que François Mitterrand invoquait... en 1988, dans sa campagne pour sa réélection.

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La rédaction de TF1info

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