Municipales : propreté, "bétonisation" et bouchons, enjeux prioritaires à Marseille

Publié le 10 mars 2020 à 15h37, mis à jour le 10 mars 2020 à 15h49
Municipales : propreté, "bétonisation" et bouchons, enjeux prioritaires à Marseille

LCI VOUS ÉCOUTE - A l’approche des municipales, LCI.fr s’associe à monaviscitoyen.fr pour se mettre à l’écoute des électeurs et vous faire vivre la dernière ligne droite de la campagne. Aujourd’hui, focus sur Marseille.

Après vingt-cinq ans de gestion, le maire sortant de Marseille Jean-Claude Gaudin laisse un paysage politique très morcelé à droite. La successeure théorique, Martine Vassal, actuelle présidente de la métropole, doit affronter la concurrence du sénateur Bruno Gilles, ancien patron LR du département, et du sénateur RN Stéphane Ravier, susceptible de se qualifier pour le second tour, avec la possibilité d’une triangulaire, voire d'une quadrangulaire, à la clé. LaREM a investi de son côté l’ancien président de l’université Aix-Marseille Yvon Berland, tandis que la gauche apparaît également morcelée, entre la sénatrice Samia Ghali (ex-PS) et deux écologistes, Sébastien Barles (EELV) et Michèle Rubirola, poussée par une liste d’union de la gauche allant de LFI au PS. 

Selon un sondage Ifop-Fiducial pour La Provence publié le 10 mars, Martine Vassal (24%) devancerait de peu Stéphane Ravier (22%), suivi de Michèle Rubirola (18%). Dans l'hypothèse d'une fusion des listes de gauche au second tour, Martine Vassal conserverait la tête du scrutin (39%), devant la gauche (35%) et le RN (26%). 

A cette incertitude politique s'ajoute le débat sur le bilan des années Gaudin, dans lequel les questions de sécurité, de logement et de gestion municipale ont une place centrale. Que pensent les Marseillais de leur ville ? Quelles sont à leurs yeux les priorités du prochain mandat ? Pour y voir plus clair, LCI est partenaire de la plateforme Mon avis citoyen, qui leur donne la parole en temps réel et de façon ouverte, et dont le “Manifeste” est à consulter ici. En voici un rapide aperçu, sur la base de près de 69.700 contributions collectées sur l’ensemble du territoire de cette commune. 

La saleté en tête des préoccupations

A Marseille, l'enjeu de la propreté apparaît comme prioritaire pour les habitants, quel que soit l'arrondissement concerné. S'ils placent les commerces et les loisirs en tête des atouts de leur ville, la saleté est inversement la principale faiblesse identifiée. "Nettoyez cette ville", enjoignent de nombreux contributeurs, évoquant "les poubelles apparentes sur les trottoirs" dans le 2e arrondissement, une plage des Catalans "épouvantablement sale" dans le 7e arrondissement, le manque de poubelles de tri dans le 3e, les déjections canines dans le 4e, les dépôts sauvages d'encombrants dans le 1er ou encore "les déchets partout à la périphérie de la ville, même dans les endroits les plus naturels", selon le témoignage d'un habitant du 14e arrondissement. Des habitants réclament ainsi un renforcement des équipes de nettoiement, la mise en place de médiateurs dans les quartiers festifs ou encore "des actions de sensibilisation à la propreté" et l'installations de toilettes gratuites pour éviter les épanchements d'urine sur les trottoirs. 

"Arrêtez de bétonner", alertent les Marseillais

Dans une ville toujours marquée par l'effondrement meurtrier des immeubles de la rue d'Aubagne (1er arrondissement) fin 2018, la question de l'habitat insalubre - et plus généralement des choix en matière d'urbanisme - suscite une vive colère des habitants, qui en font la seconde priorité de Marseille. Un habitant du 5e arrondissement dénonce ainsi "le logement indigne [...], les nombreuses rues fermées pour cause d'immeubles menaçant de s'effondrer, les quartiers à l'abandon", quand un autre, domicilié dans le 1er, estime que l'on s'attache à "la rénovation des façades alors que les structures des immeubles sont parfois dans un état plus dangereux". Une trentenaire vivant dans le 4e dénonce de son côté le choix de "créer un nouveau centre commercial plutôt que de réhabiliter les immeubles qui en ont besoin", ou encore "la gestion de l'argent public investi pour satisfaire l'intérêt privé". 

En matière d'urbanisme, la principale critique concerne "les constructions anarchiques", "à l'aveugle", l'absence de "plan d'urbanisation réfléchi", voire "la lubie de vouloir construire partout, tout le temps". "Arrêtez de bétonner", clame ainsi un habitant, tandis qu'un résident du 9e arrondissement fustige "une rénovation urbaine qui ne concerne que les quartiers riches et touristiques", la "gentrification" de certains secteurs étant également pointée du doigt. 

Les bouchons, bête noire du centre-ville

En troisième priorité figure la circulation automobile, marquée, selon les contributeurs, par "les embouteillages", "la nuisance sonore des autoroutes", et plus généralement "une configuration de la ville qui ne permet pas de vivre sans voiture", dixit un Marseillais du 11e arrondissement. 

"L'état de la voirie laisse à désirer", abonde un riverain du 2e, "et aux heures de pointe, certaines rues n'ont rien à envier au périphérique parisien tant la circulation est dense, et les Marseillais peu enclins à laisser leur voiture au garage. Il y a encore beaucoup d'efforts à faire en matière de transports en commun pour désenclaver certains quartiers". Une habitante du 6e dénonce aussi "le tout-voiture, pas de place pour les piétons ni les vélos", quand d'autres suggèrent la création de nouvelles pistes cyclables, "protégées et continues", et pas seulement sur "des petits tronçons". Dans l'hypercentre, le sujet du manque de places de stationnement est également récurrent. 

Les spécificités de certains arrondissements

Dans plusieurs arrondissements, les priorités des habitants diffèrent légèrement de l'ensemble de la population. Les habitants du 2e arrondissement placent ainsi en seconde position, derrière la propreté, la nécessité de créer de nouveaux espaces verts, trop rares dans leur secteur. Ceux du 3e pointent la question de "l'insécurité", liée notamment au trafic de drogue.

Dans le 14e arrondissement (quartiers nord de Marseille), la question de l'urbanisme est reliée à la situation des HLM, qu'il s'agisse de la dégradation de certaines résidences ou de constructions récentes jugées trop denses. Dans le 16e arrondissement, le sujet de la pollution arrive en deuxième position, ciblant "la pollution induite par le trafic maritime" voisin, et notamment par "les bateaux de croisière". 

Les notes de Marseille

Les notes attribuées par les contributeurs font apparaître un jugement particulièrement sévère sur la gestion municipale des années écoulées, bien que la ville ait réduit sa forte dette depuis 2016. Le verdict est également sévère quand il s'agit de noter le niveau des services à la population et de la sécurité publique, bien en deçà de la moyenne régionale et nationale. 

- Qualité de vie : 5,46/10 (contre 7/10 au niveau national)

- Services à la population : 3,85/10 (contre 5,63/10 au niveau national)

- Transports : 4,23/10 (contre 4,98/10 au niveau national)

- Commerces et emploi : 4,36/10 (contre 5,24/10 au niveau national)

- Sécurité et prévention : 3,60/10 (contre 6,02/10 au niveau national)

- Social et solidarité : 4,78/10 (contre 5,75/10 au niveau national)

- Gestion publique : 2,77/10 (contre 5,65/10 au niveau national).

- 48% des Marseillais recommanderaient leur ville à un proche, contre 58% des Parisiens, 80% des Lillois, 71% des Nantais et globalement 73% des Français. 

- 27% des Marseillais sont satisfaits de la communication qu'ils reçoivent de la municipalité (66% au niveau national).

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Monaviscitoyen recense les débats, les idées, les échanges déposés volontairement et anonymement par les habitants des communes de France. Sans avoir valeur de sondage c’est le pouls du débat public dans une ville que nous pouvons ainsi vous faire remonter, identifiant les signaux faibles ou les tendances citoyennes qui émergent parfois en dehors des chemins classiques. 


Vincent MICHELON

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