Municipales à Barcelone : l'heure du choix pour Manuel Valls, le "fantôme" du Palais Bourbon

Publié le 21 septembre 2018 à 13h18, mis à jour le 21 septembre 2018 à 18h26
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Source : Sujet JT LCI

CHANGEMENT DE CAP - Manuel Valls pourrait annoncer mardi sa candidature à la mairie de Barcelone, sa ville natale où il passe de plus en plus de temps. En France, son absentéisme remarqué à l'Assemblée nationale a suscité une pétition des opposants politiques de l'Essonne, qui appellent à sa démission. Ses soutiens dénoncent une cabale contre un homme qui fait avant tout "un choix de vie".

Plus Manuel Valls se montre à Barcelone, moins on le voit sur les bancs du Palais Bourbon. Depuis la rentrée parlementaire, l'ancien Premier ministre, réélu à l'arrachée en juin 2017 dans son fief de l'Essonne sous l'étiquette LaREM, ne s'est pas montré dans l'hémicycle. Mercredi, alors que la commission des lois - où il est censé siéger - se réunissait comme de coutume, avant la séance plénière, le député de l'Essonne participait, à plus de 1000 km de là, à une nouvelle conférence à Saragosse sur le thème de la démocratie espagnole. Sollicitée sur l'agenda des jours à venir, son équipe parlementaire reste silencieuse.

Depuis le printemps, l'ancien chef de gouvernement a changé de trajectoire, et probablement de destin. Il devrait, sous peu, annoncer sa candidature aux municipales de 2019 à Barcelone avec le soutien d'un parti minoritaire de centre-droit. Plus un jour ne passe sans qu'il ne déclare sa flamme à la capitale de la Catalogne qui l'a vu naître. Sur place, ses nouveaux réseaux s'activent, en attendant qu'il saute le pas. 

Pétition anti-Valls

En lâchant l'Hémicycle, Manuel Valls a ouvert la porte à ses (nombreux) ennemis politiques. Celui qui, maire d'Evry puis Premier ministre, ratait rarement une occasion de sillonner son fief de l'Essonne, est désormais dénoncé pour son absentéisme.  "Exigeons la démission de Manuel Valls, député fantôme", clame une pétition lancée par son ancienne opposante LFI aux législatives, Farida Amrani, battue en juin 2017 avec 139 voix d'écart, qui a réuni un peu plus de 10.000 signatures. "Manuel Valls mène publiquement campagne à Barcelone, mettant à profit ses indemnités parlementaires et le temps que lui confère son mandat", explique ainsi le texte de la pétition. "De ce fait, il déserte l'Assemblée nationale comme les villes de sa circonscription." 

"Pour un député élu il y a un an, il y a quelque chose d'indécent", argumente auprès de LCI Ulysse Rabaté, suppléant de Farida Amrani aux législatives et co-auteur de la pétition. "Le mandat d'un député, ce n'est pas bénévole. C'est rémunéré, et c'est un engagement auprès des habitants. Ces derniers temps, on l'a très peu vu sur nos territoires. Il ne va plus aux conseils municipaux, à la rencontre des associations, il est nulle part."

Durant la campagne des législatives à Evry, d'une rare violence, les opposants avaient mené une campagne assumée ponctuée d'attaques ad hominem. "Nos combats ne se résument pas à lui", assure cependant Ulysse Rabaté. "Mais la situation actuelle pose la question du rapport de Manuel Valls à la démocratie."

Manuel Valls : la tentation de Barcelone ?Source : JT 20h WE

"Manuel Valls répond toujours présent"

La question lancinante posée par ses adversaires : Manuel Valls continuera-t-il d'occuper sa fonction de député, sans siéger, tout en faisant campagne en Catalogne ? "Il n'a jamais eu en tête de cumuler un mandat de député et une campagne", défend auprès de LCI l'entourage de l'actuel maire d'Evry, Francis Chouat, très proche de Manuel Valls. "S'il décide de se lancer dans quelque chose, c'est à 200%". Le maire d'Evry a d'ailleurs pris la défense de l'ancien Premier ministre, dénonçant "une chasse à l'homme indigne". 

"La décision que doit prendre Manuel Valls n'est pas un simple changement politique, ou politicien, c'est un changement de vie", assurent encore ses défenseurs. Du reste, disent-ils, si le député de l'Essonne est physiquement absent et zappe les réunions locales, "le lien avec lui n'a jamais été rompu. Il répond toujours présent". Et de tancer une Farida Amrani "culottée de venir donner des leçons alors qu'elle ne participe plus aux événements de la ville et qui, candidate aux Européennes, se consacre uniquement à son destin national". 

"Manuel Valls met en place l'irréversibilité de son changement de vie", croit savoir un autre proche, estimant que le contexte des législatives de 2017 dans l'Essonne a participé à ce choix. "Soit il gagne, soit il perd. On ne voit pas comment il peut revenir."

Adiós Palais Bourbon ?

A l'Assemblée nationale, la présence de Manuel Valls s'est étiolée au fil des mois. L'ancien socialiste, qui s'était rattaché tant bien que mal au groupe de la majorité LaREM, a réduit progressivement ses interventions, au point de figurer désormais parmi les parlementaires les plus absents. 

La présidence de la "mission parlementaire d’information sur l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie", qu'il assurait ? Après une série de réunions, dont la dernière s'est tenue fin mars, on n'en a plus entendu parler. "Elle a procédé à de nombreuses auditions pendant l'hiver et au début du printemps 2018. A ce stade elle a fait son boulot", indique le député LR Philippe Gosselin, qui en fait partie. "Mais il serait bon qu'elle puisse fonctionner au moment du référendum en Nouvelle-Calédonie [prévu en novembre, NDLR]. Ce qui suppose que son président soit présent..."

Manuel Valls n'attendra probablement pas aussi longtemps. Sa nouvelle équipe barcelonaise a fait savoir vendredi qu'il se prononcerait le 25 septembre au sujet des municipales à Barcelone. Il réglerait du même coup cette ultime polémique hexagonale le visant, en démissionnant de son mandat de député français, occasionnant par la même occasion des élections législatives partielles dans les trois mois. "Nous y sommes prêts", assure à LCI Ulysse Rabaté, l'ancien colistier de Farida Amrani. On s'en doutait...


Vincent MICHELON

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