Pacte de responsabilité : Hollande embarrasse l'opposition... et ses alliés

Publié le 15 janvier 2014 à 15h26
Pacte de responsabilité : Hollande embarrasse l'opposition... et ses alliés

CONFERENCE DE PRESSE – L'opposition attend "des actes" après la présentation par François Hollande mardi de son pacte de responsabilité. Un texte accueilli favorablement à droite. Mais qui suscite une levée de boucliers dans les rangs des alliés du PS.

"Avec cette présentation-là, quel est le député de l'opposition qui va être contre?". Difficile pour Jean-François Copé de trouver un angle d'attaque quand il s'agit d'évoquer l'ambitieux pacte de responsabilité de François Hollande exposé mardi. Rejeter le virage socio-démocrate du chef de l'Etat reviendrait en effet à renier des propositions vertement défendues sous l'ère Sarkozy. Troublée, l'opposition préfère remettre en cause la "crédibilité" du projet et attend des "actes" au plus vite.

"Qu'il fasse ! Chiche, M. le président !", a lancé comme un défi Jean-Pierre Raffarin. Et l'ex-Premier ministre d'appuyer : "Il faut dire clairement que ce changement de discours est le bienvenu". "Si cette prise de conscience est solide et si elle est sérieuse, objectivement, on ne peut qu'accompagner cette démarche", a encore abondé l'ancien ministre de l'Economie François Baroin. Au centre, même discours : François Hollande "s'est placé verbalement dans la ligne de la politique réformiste que la situation de la France exige", dixit le président du MoDem François Bayrou.

"Des cadeaux au patronat"

Mais s'ils soutiennent le fond, beaucoup de caciques se montrent très dubitatifs sur les intentions réelles du président. Aura-t-il les épaules suffisamment larges pour passer de la parole aux actes ? Dès mardi soir, Jean-François Copé mettait en doute la "crédibilité" de François Hollande , François Bayrou disait attendre que ces annonces se traduisent "dans le réel". Bruno Le Maire, lui, prévenait qu'il ne "(jugerait) qu'aux actes". "Mais pourquoi aujourd’hui pourrait-il le faire?", s’est demandé l’élu de la Vienne Jean-Pierre Raffarin. Avant de toucher un point sensible : "Il nous fait un discours social-libéral. Mais, avec les écolos, les communistes...il n’a pas la majorité de ses propos, "de sa parole". Et pour cause : le virage social-démocrate fait grincer des ailes à gauche du PS.

Cette conférence de presse, c'est "le coup de barre à droite le plus violent qu'on ait vu de la part d'un gouvernement de gauche depuis Guy Mollet", a vitupéré Jean-Luc Mélenchon coprésident du parti de Gauche, opposant l'ennemi de la finance du discours du Bourget (janvier 2012)à celui qui distribue "des cadeaux au patronat". Quinquennat "adressé aux seules entreprises et au patronat", pour le NPA. Le quotidien communiste L'Humanité clamait mercredi en Une "moi, commis du patronat".

Composer avec ce tournant après dix-huit mois de mandat, un défi au sein même du PS. Marie-Noëlle Lienemann, représentant l'aile gauche du Parti dirigé pendant onze ans par François Hollande, s'est dite "déçue" par un président qui a "réaffirmé ses engagements en direction du Medef". Embarras aussi du côté des alliés EELV, dont Jean -Luc Mélenchon a appelé les élus à "rompre les rangs". Pas sûr que cela suffise à inquiéter le chef de l'Etat. Rejoignant mardi soir quelques journalistes après sa prestation de deux heures et quarante minutes face à 600 représentants de médias, François Hollande assume son virage . "Les gens veulent de la lisibilité, de la clarté. C'est ça, le pacte".


Thomas GUIEN

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