Plan grec : Tsipras a-t-il vraiment "trahi" la gauche européenne ?

Publié le 10 juillet 2015 à 16h30
Plan grec : Tsipras a-t-il vraiment "trahi" la gauche européenne ?

JUDAS OU JUSTICIER - En présentant jeudi soir ses propositions de réformes structurelles à la Troïka, Alexis Tsipras, le Premier ministre grec, a surpris bon nombre nombre d'observateurs, y compris chez ses partisans. En France, ses soutiens du Parti de gauche le jugent au contraire cohérent et s'en prennent à la "propagande" médiatique anti-Tsipras.

Alexis Tsipras a-t-il " capitulé ", "renoncé" devant les exigences des créanciers de la Grèce ? Depuis l'annonce des propositions de réformes, jeudi soir, par le Premier ministre grec, ses détracteurs qui l'accusaient hier d'être un dangereux jusqu'au-boutiste le présentent aujourd'hui comme un "traitre" au regard de ses engagements post-référendum . Même dans les rangs de son parti, Syriza, certains membres de la gauche radicale ont annoncé vendredi qu'ils préféreraient une sortie de l'euro plutôt qu'une nouvelle cure d'austérité , alors que le plan Tsipras était présenté devant le Parlement grec.


En cause : les nouvelles mesures promises à l'Union européenne pour espérer bénéficier d'une restructuration de la dette et d'une aide supplémentaire de 35 milliards pour sauver l'économie grecque. On y trouve le report du départ à la retraite à 67 ans, une hausse de la TVA ou encore le déblocage de la privatisation des ports grecs. Pour les détracteurs d'Alexis Tsipras, ce dernier se rallierait finalement aux mesures demandées initialement par les créanciers

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Chez les soutiens français d'Alexis Tsipras, en revanche, le doute n'est pas permis. "Cette propagande pour le faire passer pour un traitre se poursuit depuis le début. Elle est distillée par Bruxelles", s'énerve Danielle Simonnet, secrétaire nationale du Parti de gauche (PG), sollicitée par metronews. "Il y a certes dans ce plan des concessions réelles. Mais avec ce bras-de-fer qui consiste à demander le rééchelonnement de la dette et une réforme fiscale appliquée aux hauts revenus." Rien "d'austéritaire" dans le nouveau plan Tsipras, insiste cette proche de Jean-Luc Mélenchon. Qui renvoie la balle à la chancelière allemande Angela Merkel : "Va-t-elle enfin respecter les propositions grecques ou bien opérer un coup d'Etat total en poussant la Grèce hors de l'euro ?"

"Acharnement médiatique"

Réaction similaire chez Alexis Corbière, également responsable du PG, pour qui "ceux qui trahissent leurs engagements sont ceux qui agressent Alexis Tsipras". Sa stratégie, assure-t-il à metronews, "c'est d'obtenir l'échelonnement de la dette. La balle est dans le camp de l'Eurogroupe. Halte à l'acharnement médiatique pour affaiblir Tsipras."

Vendredi,  Le Monde  comparaît le document soumis au Parlement grec et celui qui avait été soumis par les créanciers avant le "non" retentissant au référendum. Bilan, selon le quotidien : "l'essentiel des propositions de la Troïka" ont été reprises par le leader de la gauche radicale. Avec des bémols cependant, note l'économiste Jacques Sapir : le plan grec maintient une TVA à 7% pour les produits de base, ou encore les aides aux retraités les plus démunis. Et, par dessus tout, cette demande de restructuration de la dette grecque dont l'Allemagne ne voulait pas entendre parler jusqu'ici. Le pari risqué d'Alexis Tsipras, est de rallier à son plan à la fois l'Allemagne et sa propre majorité. Il peut déjà compter sur un allié : François Hollande. 


Vincent MICHELON

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