RÉACTIONS - Alors que la droite ironise sur un énième candidat de gauche, à l'élection présidentielle, les socialistes critiquent la candidature d’Emmanuel Macron qui vient selon eux brouiller les cartes. A droite, on dénonce une stratégie pour déséquilibrer Juppé.
Alors qu’Emmanuel Macron doit annoncer ce mercredi sa candidature à l’élection présidentielle, de nombreux dirigeants politiques ont d’ores et déjà réagi. A gauche, les ambitions élyséennes de l’ancien ministre passent mal. Le patron du PS, Jean-Christophe Cambadélis, le dit sans langue de bois : "C’est très embêtant parce que la gauche est dans un rapport 60/40 avec la droite. Si on se morcèle, aucun (candidat de la gauche, ndlr) ne sera au second tour de la présidentielle".
Un constat partagé par le leader des frondeurs socialistes, Christian Paul. "La multiplication des candidatures, de Macron à Mélenchon, en dehors de toute primaire crée aujourd’hui un risque majeur de voir la droite ou l’extrême droite arriver au pouvoir en 2017", craint ce député.
Au sein du gouvernement, on se montre plus que perplexe sur l’utilité de cette candidature. "On est dans de la com' pure alors qu'on est dans une situation de désordre politique, ça rajoute du désordre", lâche un ministre qui regrette de voir Emmanuel Macron "gâcher son intelligence" ainsi.
Sans nommer l'intéressé, Manuel Valls a critiqué sa jeunesse politique : "Pour porter cette responsabilité, il faut une éducation à la conduite du pouvoir, à la responsabilité, un sens de l'État. Il faut de l'expérience, une expérience qui a été éprouvée par le temps."
Focalisé sur sa campagne, Arnaud Montebourg préfère quant à lui évacuer la question et se contente de lui souhaiter "bonne chance".
A droite, haro sur le candidat "plexiglass"
A droite, même si l’on savoure de voir la gauche de diviser à ce point, on ne perd pas pour autant une occasion de critiquer le fondateur d’En Marche. Alain Juppé estime qu'il faut "se méfier" de celui qui se présente en "chevalier blanc" alors qu'il "a totalement cautionné la politique économique menée depuis 2012, à commencer par la hausse massive des impôts", a-t-il dit.", selon un entretien au quotidien Les Echos à paraître mercredi.
Soutien d’Alain Juppé, le député Benoist Apparu dénonce de son côté "une démarche purement politicienne et de calcul électoral" visant à "fausser le résultat de la primaire de la droite et du centre". Il soupçonne en effet Emmanuel Macron de se lancer pile avant le dernier de débat de la primaire, programmé jeudi, dans le but de séduire une partie de l’électorat centriste et ainsi affaiblir la candidature d'Alain Juppé.
"Hollande, Macron, même combat. C’est le même bilan, c’est la même politique donc il n’y a rien de nouveau dans tout ça, si ce n’est une forme de supercherie pour tromper les électeurs", souligne le député Eric Ciotti, partisan de Nicolas Sarkozy.
Invité sur LCI, le député Bernard Debré, proche de François Fillon, se montre plus ironique : "On ne sait plus où est la gauche, on cherche sous les pierres. Mais y’a pas des crabes, y’a pas de crevettes. […] Mais qui représentera la gauche, si tant est qu’elle existe encore ? Qui représente les socialistes ? C’est Mélenchon ? C’est Montebourg ? C’est Hollande ? C’est Valls ? C’est Hamon ? On ne sait plus…"
Marine Le Pen espère de son côté que cette annonce va permettre à l’ancien banquier d’enfin clarifier ses propositions. "C’est un peu le candidat plexiglass, on voit au travers. Mais on attend de voir s’il va y avoir un contenu parce que cela ne peut pas être la nouveauté pour la nouveauté", a déclaré la présidente du FN.
Quant à Nicolas Dupont-Aignan, il s’est fendu d’un tweet pour lui aussi tacler Emmanuel Macron.
#Macron annoncera sa candidature demain à Bobigny dans un centre d'apprentissage : l'apprenti de #Hollande ne fera pas mieux que son maître! — N. Dupont-Aignan (@dupontaignan) November 15, 2016