Présidentielle 2022 : face à la montée d'Eric Zemmour, les proches de Marine Le Pen doutent

Justine Faure, avec le service politique de TF1/LCI
Publié le 7 octobre 2021 à 13h46
Marine Le Pen, le 9 mars 2021.
Marine Le Pen, le 9 mars 2021. - Source : Alain JOCARD / AFP

INQUIÉTUDES - Des cadres du Rassemblement national doutent de plus en plus de la stratégie de campagne de Marine Le Pen. Alors que la candidate est à la traîne est dans les sondages, certains la jugent trop peu offensive envers ses adversaires et trop technique dans ses propositions.

"Je n'ai pas besoin d'être rassurée", "je n'ai pas d'inquiétudes", répétait encore, ce jeudi 7 octobre au matin, Marine Le Pen depuis le Salon international des professionnels de l’élevage de Cournon-d'Auvergne (Puy-de-Dôme). "Les sondages ont des intérêts, mais plus ils sont éloignés de l’élection moins ils sont fiables. Aujourd'hui, on passe notre vie à commenter des sondages alors qu’on devrait présenter aux Français nos propositions", a-t-elle ajouté, alors que, la veille, a été publié un sondage plaçant pour la première fois Eric Zemmour au second tour de l'élection présidentielle. 

Selon cette enquête Harris Interactive, le polémiste se qualifierait au second tour avec 17 à 18% des intentions de vote, une place qui était occupée depuis de longs mois par Marine Le Pen, donnée entre 15 et 16%. Dans d'autres études, notamment le baromètre Ifop Fiducial pour LCI publié lundi, la candidate RN continue de dégringoler, et de voir le journaliste la rattraper dangereusement.

Et si officiellement cela n'inquiète pas les troupes du Rassemblement national, la réalité est tout autre dans les huis clos du parti. Selon les informations de TF1 et LCI, le sujet Eric Zemmour occupe beaucoup les discussions dans les réunions internes. Les cadres du parti réfléchissent notamment à identifier les sujets sur lesquels l'attaquer, comme son discours anti-islam qui pourrait fracturer la société, ou son approche de la place des femmes. Le président par intérim, Jordan Bardella, a déjà commencé à attaquer le putatif candidat à ce sujet, lundi, dénonçant la "brutalité" des propos d'Eric Zemmour à l'égard des femmes. 

Une candidate isolée et mal conseillée

Au-delà de la tactique à adopter pour contrer Eric Zemmour, des cadres du RN estiment que le problème vient également de Marine Le Pen et de sa campagne. Ils reprochent à la candidate de ne pas avoir su créer de dynamique autour d'elle, de ne pas avoir tiré les leçons des échecs des municipales et des régionales en mobilisant mieux les militants, ou encore de débiter son programme et ses propositions - comme dernièrement sur l'immigration - sans réfléchir à sa communication et de façon trop technique. Certains estiment aussi qu'elle devrait être plus offensive vis-à-vis de ses adversaires, et accepter de débattre. Ils estiment qu'elle est mal conseillée et que son entourage est plus faible et réduit qu'en 2017.

Ce jeudi, Marine Le Pen a répondu à ceux qui la verraient bien laisser sa place pour la prochaine élection. "Beaucoup de gens ont cherché [à me remplacer, ndlr], manifestement ils n’ont pas trouvé. J’avais dit 'si ils trouvent et que la personne est mieux placée tant mieux'. En l’occurrence, ils n’ont pas trouvé. Je suis la candidate du RN, choisie par le RN, je fais campagne", a-t-elle déclaré. 

Mais pourra-t-elle tenir encore longtemps ? La percée d'Eric Zemmour pourrait contester plus tôt que prévu la mainmise de Marine Le Pen comme tête d'affiche du parti, qui aurait été rediscutée après la présidentielle dans l'hypothèse d'une nouvelle défaite de la fille de Jean-Marie Le Pen. Le député Gilbert Collard a déjà prévenu que "les ponts devront être rétablis si on veut gagner l'élection". "On aura tous besoin les uns des autres, à un moment donné, pour faire barrage à monsieur Macron", a-t-il estimé mercredi sur LCI.


Justine Faure, avec le service politique de TF1/LCI

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