Présidentielle 2022 : pourquoi Eric Zemmour taxe-t-il Marine Le Pen de "femme de gauche" ?

Publié le 28 octobre 2021 à 6h27

Source : TF1 Info

ÉLECTORAT - Pour quelles raisons Eric Zemmour s'attache-t-il à taxer Marine Le Pen de "femme de gauche", et à pointer du doigt son manque d'"alliance avec une partie de la bourgeoisie" ?

Marine Le Pen, une femme de gauche ? C'est du moins ce que pense Eric Zemmour. Le polémiste en a fait son dernier argument pour discréditer sa principale adversaire en vue du premier tour de l'élection présidentielle, s'il venait à se déclarer lui aussi candidat. "Pauvre Marine Le Pen, je la plains. Je la plains de devoir parler comme Marlène Schiappa, comme la gauche, de parler comme les féministes. Mais vous savez, j’avais été le premier à le dire et à la diagnostiquer : c’est une femme de gauche, tous ses réflexes sont de gauche. Elle est en décalage avec son électorat", a-t-il déclaré ce mardi, lors d’un déplacement à Biarritz, faisant allusion aux attaques de la candidate sur sa misogynie.

Alors que les deux souverainistes sont souvent comparés et positionnés à l'extrême droite de l'échiquier politique, en qualifiant ainsi la candidate du Rassemblement national, le journaliste souhaite se démarquer et revendiquer le monopole des idées sur les questions de sécurité et d'immigration, son principal fonds de commerce. Aussi, alors que ces dernières semaines les proches de Marine Le Pen ont répété qu'Eric Zemmour n'était pas leur adversaire et que leurs points d'accords pourraient leur permettre de s'unir avant le premier tour de la présidentielle, le journaliste souhaite rappeler que la députée RN a un programme moins libéral que lui économiquement parlant, et moins conservateur sur les questions de société. 

C'est d'ailleurs Marine Le Pen elle-même qui a insisté sur ces différences, la semaine dernière, accusant notamment Eric Zemmour de ne pas vouloir s'intéresser à la question du pouvoir d'achat. Sur LCI, disant ne pas voir de "plus-value" dans la démarche du polémiste, elle lui a reproché en matière économique et sociale de "vieilles mesures libérales", de "vieux remèdes qui ont démontré leur inefficacité", tels que la retraite à 64 ans quand elle soutient, elle, une retraite dès 60 ans après 40 années de cotisations. 

Dimanche, lors du Grand Jury LCI/RTL/Le Figaro, Eric Zemmour avait répliqué : "Marine Le Pen a enfermé ses électeurs, qui sont pour la plupart des électeurs des classes populaires - ouvriers, chômeurs, employés -, dans un ghetto politique (...) donc le vote pour Marine Le Pen ne sert à rien puisqu'elle ne peut pas gagner la présidentielle, puisqu'elle n'a pas l'alliance avec une partie de la bourgeoisie".

Eric Zemmour : un électorat plus aisé

En déclarant que Marine Le Pen est de gauche, et donc en se positionnant lui-même à droite, Eric Zemmour veut conforter une partie de son électorat, plus bourgeois et aisé que celui de la candidate RN. Selon une enquête Ifop Fiducial pour TF1 et LCI publiée le 20 octobre dernier, les artisans et commerçants (25%) constitueraient la majorité des électeurs d'Eric Zemmour (suivis des retraités à 18% et des cadres et professions intellectuelles supérieures, employés et ouvriers à 15%). En outre, les catégories aisées et les classes moyennes supérieures se porteraient à 18% sur Eric Zemmour. À l’inverse des catégories pauvre (12%) et modeste (15%), plutôt acquises donc à Marine Le Pen, qui réalise auprès d'elles des scores de 29 et 24%.

Marine Le Pen répète depuis des années que le clivage politique traditionnel droite-gauche est dépassé, lui préférant celui qui opposerait mondialistes et nationalistes. L'entourage de la candidate estimait mardi auprès de LCI que le combat d'Eric Zemmour sur ce plan est "d’arrière garde". Il pense que les attaques simultanées de l’extrême gauche et d'Eric Zemmour à l'encontre de Marine Le Pen montrent qu'au contraire sa position est "plutôt centrale". Face à ces assauts, la candidate RN est toutefois contrainte de soigner sa base populaire et d'abandonner pour l'heure l'idée d'aller grappiller quelques voix dans l'électorat républicain ou filloniste, chasse gardée proclamée d'Eric Zemmour.


Justine FAURE

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