Primaire à gauche : la lente conversion du patron du PS

Publié le 21 février 2016 à 15h14
Primaire à gauche : la lente conversion du patron du PS

AVANT/APRÈS - Jean-Christophe Cambadélis se dit ce dimanche, dans le JDD, favorable à l'organisation d'une primaire de la gauche en décembre 2016. Il y a peu, le premier secrétaire du PS ne voulait pourtant pas en entendre parler si François Hollande décidait de se représenter... On rembobine.

"Oui à une primaire en décembre ou en janvier." Dans une interview accordée ce week-end au Journal du Dimanche, le chef du PS Jean-Christophe Cambadélis fait son coming out en faveur d'une primaire de toute la gauche, y compris dans l'hypothèse où François Hollande serait candidat à sa propre succession.

"Si cette primaire sans préalable et sans préjugé permet de sélectionner le meilleur candidat de la gauche, c’est une bonne idée, et il faut l’organiser. Je n’ai aucun souci. Je pense que le candidat le plus crédible par temps de crise est le président de la République", explique notamment le premier secrétaire du Parti socialiste au JDD .

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Cette prise de position semble cohérente, compte tenu des débats au sein du PS et de l'opinion des Français sur le sujet. Elle fait également suite à un appel, début février, de plusieurs personnalités de la gauche  en faveur d'un tel scrutin, suivi par le PS . Et si François Hollande n'a pas répondu, un proche du chef de l'Etat, Julien Dray, affirmait en janvier qu'il s'y prêterait volontiers s'il devait être à nouveau candidat à la prochaine présidentielle.

Pourtant, Jean-Christophe Cambadélis avait, par le passé, une position exactement contraire. Récapitulons en quelques étapes :

► Avril 2014
Fraîchement élu à la tête du PS, Jean-Christophe Cambadélis ne voit pas l'intérêt d'une primaire dans l'hypothèse où François Hollande déciderait de se représenter. L'hypothèse d'une primaire "est une bonne façon de sélectionner nos candidats", explique-t-il alors au Parisien . Avant de préciser que "la question ne se posera que si le président ne se représente pas".

► Décembre 2014
Et si François Hollande, tenu par sa promesse d'inverser la courbe du chômage , ne se représentait pas ? Pour la première fois, le patron du PS évoque cette hypothèse . Il égrène alors les alternatives possibles : Manuel Valls, Martine Aubry, Arnaud Montebourg… Pour les déterminer, il faudra bien en passer par une primaire.

► Janvier 2015
Surprise : la gauche de la gauche sort sa propre primaire du chapeau. Plusieurs personnalités, dont le porte-parole d'EELV, Julien Bayou, lancent l'idée d'une primaire… mais sans François Hollande. L'hypothèse irrite franchement le patron du PS, qui fustige ces "primaires de la radicalité" et une tentative d'organiser la "scission du PS".

► Avril 2015
Malgré une étude du think tank de gauche Terra Nova favorable à l'organisation de la primaire, Jean-Christophe Cambadélis reste plutôt hermétique au sujet. Les primaires dites "de coalition" (alliant toute la gauche) ne sont "pas d'actualité", tranche-t-il.

► Mai 2015
Et la primaire devint "une possibilité". Le patron du PS, probablement échaudé par les initiatives à gauche du PS, ne ferme plus la porte. Un conseil national, dit-il, tranchera sur la question de la primaire à l'automne 2016.

► Janvier 2016
Le premier secrétaire du PS ne se montre plus hostile à l'hypothèse de voir François Hollande participer à une primaire, mais il émet des doutes et pose une condition : que la gauche soit totalement unie, et qu'elle se range derrière le candidat victorieux.

► Février 2016
Jean-Christophe Cambadélis propose un calendrier pour une primaire de toute la gauche, histoire de s'assurer le leadership sur le sujet. Avec quelques précautions toutefois : selon lui, François Hollande peut bien participer à la primaire, mais "il n'aura pas l'obligation de participer à tous les débats". Un candidat, certes, mais un président avant tout.


Vincent MICHELON

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