Privatisation d'ADP, de la FDJ et d'Engie : feu vert des députés pour la vente des "bijoux de famille"

Publié le 4 octobre 2018 à 16h18, mis à jour le 4 octobre 2018 à 17h18
Privatisation d'ADP, de la FDJ et d'Engie : feu vert des députés pour la vente des "bijoux de famille"
Source : AFP

ACCORD - L’Assemblée nationale a voté jeudi l'autorisation de la privatisation d'ADP, ex-Aéroports de Paris, de la Française des jeux (FDJ) et d'Engie. Les opposants dénoncent la perte d'une part du patrimoine national.

L’Etat ne sera bientôt plus l’actionnaire principal d'ADP (ex-Aéroports de Paris) ni de la Française des jeux (FDJ) ou d'Engie. Les députés viennent de voter l'autorisation de leur privatisation. Des mesures majeures du projet de relatif à la croissance et la transformation des entreprises ou loi PACTE. Le but : engranger des liquidités pour désendetter l'Etat mais aussi financer des projets innovants.

L’Etat était jusqu’à alors tenu par la loi de conserver la majorité des parts du groupe aéroportuaire - il en possède actuellement 50,63%. Leur vente pourrait rapporter près de 10 milliards d'euros sur la base de la capitalisation boursière actuelle de l'opérateur aéroportuaire. La FDJ, qu'il contrôle à 72%, était, elle, considérée comme intouchable. Mais l'Assemblée vient d'acter l'ouverture de son capital, avant d'approuver la disposition permettant à l'Etat de passer sous le seuil d'un tiers du capital d'Engie et d'ouvrir à des investisseurs privés le capital de GRTgaz, sa filiale spécialisée dans le transport du gaz.

 

Le produit de ces différentes cessions contribuera à alimenter le fonds pour l'innovation de rupture, doté de dix milliards d'euros d'actifs mais dont seuls les dividendes, soit 200 à 300 millions d'euros par an, seront consommés. Une somme que le Républicain Daniel Fasquelle a qualifié de "plaisanterie".

Une coalition d'oppositions droite/gauche

"Choix stupide", "non-sens", "vision court-termiste" : droite et gauche ont vivement critiqué un projet jugé "dogmatique" et déraisonnable économiquement selon eux. Assez rare pour le noter, une "coalition d'oppositions entre la droite, la gauche, le Parti communiste et les Insoumis", selon les dires de Philippe Gosselin (LR) a été mise en place. En vain. 

Pour le député de la Manche, ce choix revient à brader "ces fleurons qui sont les bijoux communs de la Nation". "Même les Etats-Unis ne l’ont pas fait", s’est-il emporté. "Vous voulez donner les clefs de Paris à un investisseur privé", a de son côté critiqué la socialiste Valérie Rabault. "Vous nous faites faire un saut dans le vide qui ne s'est jamais produit en Europe." Signe de la grogne, les communistes souhaitent lancer un recours devant le Conseil constitutionnel. 

"Nous voulons passer d'une logique de dividendes à une logique d'investissement dans l'avenir", avait expliqué mercredi soir le ministre de l'Economie. Ce jeudi, Bruno Le Maire a répété sa vision : un Etat "stratège", "régulateur" et "investisseur" plutôt que se comportant en simple rentier pour "toucher des dividendes". "Nous estimons que ce que l'Etat peut faire par la

régulation, il le fera mieux que par la participation", a-t-il déclaré.

Des garde-fous pour encadrer la cession du groupe ADP...

Pour rassurer les opposants à cette réforme, Bruno Le Maire a souligné que la future privatisation d'ADP sera encadrée par "un cahier des charges strict et contraignant, concernant notamment la régulation des tarifs". Il s'agira également d'une concession limitée dans le temps, à 70 ans, au terme de laquelle l'Etat retrouvera la pleine propriété du foncier et des infrastructures et les modalités de fixation de l'indemnité que recevra ADP. 

Le ministre a également précisé que le gouvernement n'avait pas encore tranché en faveur d'un désengagement de l'Etat totale ou partiel. "L'opération doit être rentable pour l'Etat", a-t-il assuré. Un amendement PCF validé permet également de s'assurer que les statuts du personnel d'ADP ne seront pas affectés.

Parmi ses soutiens, Charles de Courson : le député UDI-Agir estime que la privatisation d'ADP "est nécessaire" car l'Etat est incapable d'accompagner économiquement "son développement international".

... et de la Française des jeux

Concernant la cession de la FDJ, 'opposition s'inquiétait autant de la perte financière que des risques liés au secteur du jeu et notamment à l'addiction. "Il y trois niveaux de régulation : il y a l'autorité de régulation indépendante, il y a l'Etat régulateur", a tenté de rassurer Bruno Le Maire. "Enfin, troisième niveau de contrôle, l'Etat restera présent au capital de la Française des Jeux à hauteur minimum de 20%."

Malgré la vive opposition, le débat n'a fait que peu de bruit et n'a pas mobilisé les foules. Face au nombre de votants pour le premier vote concernant l'ADP, un internaute s'interrogeait ce jeudi matin : "nous ne sommes pas censés avoir 577 députés ?"


La rédaction de TF1info

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