"Race blanche" : entre Morano et Sarkozy, la longue histoire finit mal

Publié le 9 octobre 2015 à 10h30
"Race blanche" : entre Morano et Sarkozy, la longue histoire finit mal

COMMENT ILS EN SONT ARRIVÉS LÀ - Nadine Morano, la fidèle parmi les fidèles sarkozystes, a été mise au ban des Républicains cette semaine après ses récents propos sur la "race blanche". Celle qui a promis de "dézinguer" Nicolas Sarkozy l'accuse maintenant de "faute politique". Retour sur une longue histoire d'amitié et de fidélité déçue.

"Nicolas Sarkozy, ce n'est même pas la peine qu'il songe à se présenter à la présidentielle, je le dézinguerai !" Nadine Morano, mise au ban de son parti pour ses propos sur la "race blanche" de la France, est officiellement en roue libre depuis une dizaine de jours. Ecartée mercredi des régionales en Meurthe-et-Moselle, celle qui ne jurait que par l'ancien président de la République lui jette aujourd'hui le mauvais sort et lui reprochait jeudi, sur TF1, une "faute politique majeure" pour l'avoir évincée. Jeudi soir à Béziers, Nicolas Sarkozy a consommé le divorce en rétorquant que "personne ne portera le drapeau de notre famille en prétendant que la France est une race". Comment en sont-ils arrivés là ?

Dévouement total

Il est loin, très loin, le temps où Nadine Morano, ce jour d'avril 2012, battait la campagne et collait des affiches sous la pluie - quitte à sacrifier son brushing - par dévouement pour celui qui l'avait faite ministre. Et défendait bec et ongles le bilan de son Président, en grande difficulté face à François Hollande.

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Il est loin, aussi, le temps où, passé la défaite, elle s'engageait avec un petit cercle de fidèles (Brice Hortefeux, Christian Estrosi, Nora Berra ou encore Claude Guéant) comme trésorière de l'Association des amis de Nicolas Sarkozy , aujourd'hui dissoute. Une association créée, fin 2012, pour préparer son grand retour. Alors que les ennuis judiciaires s'accumulaient pour lui, Nadine Morano était la première à s'activer à travers le monde entier pour aller à la pêche aux dons afin de renflouer les comptes de son parti - le fameux Sarkothon. En franc-tireur, elle lui servait tantôt d'avocate  dans l'affaire Bettencourt , tantôt de procureur lorsqu'il s'agissait de houspiller ces "amis" qui ne défendaient pas assez le bilan présidentiel . Nadine Morano a bien été remerciée pour tous ces efforts en obtenant fin 2013 la tête de liste aux Européennes dans le Grand Est.

Ecartée du cercle des fidèles

Et puis il y a le retour politique de Nicolas Sarkozy. Un retour qui se passe plutôt mal pour Nadine Morano. Dès l'été 2014, la députée européenne s'agace de ce que la vieille garde sarkozyste - dont elle fait partie - ne trouve pas sa place dans le nouveau dispositif. Voyant Nicolas Sarkozy s'entourer de Nathalie Kosciusko-Morizet et de Laurent Wauquiez, " des énarques et des héritiers " selon elle, la fidèle déçue menace carrément de "faire campagne contre lui" s'il persiste avec eux. Elle qualifie le nouveau porte-parole de Nicolas Sarkozy, Gérald Darmanin, de " chihuahua ". Quant à la défaite de 2012, elle l'impute désormais, non plus au contexte économique, mais  aux choix d'alliance de son mentor .

La fin de l'année 2014 signe le divorce. En novembre, elle le désavoue sur la loi Taubira sur le mariage pour tous, qu'elle juge inutile de réécrire. En décembre, elle explose : Nicolas Sarkozy, qui prépare le nouvel organigramme de l'UMP, lui propose de devenir secrétaire nationale à la formation professionnelle . "J’ai été déléguée générale de l'UMP et ministre. Me proposer un tel déclassement, c'est tout le contraire de ce que tu as promis dans ta campagne, à savoir récompenser le courage, le travail et le mérite", fulmine-t-elle lors d'un entretien houleux relaté par Le Canard enchaîné. Rien ne va plus : si elle est nommée vice-présidente de la commission nationale d'investiture, c'est précisément cette commission qui désignera Philippe Richert, et non elle, tête de liste aux régionales dans le Grand Est . On connaît la fin : sa candidature concurrente à la primaire de la droite en 2016, ses multiples sorties contre Nicolas Sarkozy et ses déclarations polémiques sur l'immigration. Jusqu'à l'affaire de la "race blanche", un vrai-faux dérapage qui achève de signer les papiers du divorce.


Vincent MICHELON

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