Régionales 2021 : comment expliquer le taux d'abstention record annoncé ?

J.F.
Publié le 20 juin 2021 à 18h56

Source : TF1 Info

DÉMOCRATIE - Selon les estimations de l'Ifop-Fiducial pour LCI, le taux d'abstention au premier tour de ces élections régionales atteindrait 68%, un record historique. Comment expliquer un tel désintérêt des Français pour les urnes ?

Est-ce à cause du calendrier, de l’accalmie de la crise sanitaire, d’un réel désintérêt des Français pour ces élections, ou tout à la fois ? Ce dimanche 20 juin, le premier tour des élections régionales devrait battre un (triste) record : celui de l'abstention. Selon une estimation de la participation par l'Ifop-Fiducial révélée par LCI à 17 heures, 68% des électeurs pourraient s'abstenir, un taux historiquement bas, jamais atteint sous la Ve République pour une élection à deux tours. 

En 2015, l'abstention aux élections régionales avait été de 49,9% ; le taux le plus haut jusqu'ici avait été atteint en 2010, avec 53,7% d'abstention. Seul le référendum pour le passage du septennat au quinquennat organisé en septembre 2000 a fait pire : 69,8% des électeurs ne s'étaient pas déplacés dans les urnes.

Cette tendance n'est pas nouvelle et confirme une tendance de fond observable ces dernières années. "Ça montre à quel point le cycle abstentionniste enclenché depuis des années s’est accéléré depuis le début du quinquennat d’Emmanuel Macron, où l’abstention a été majoritaire dans tous les scrutins : législatives [57,36% au second tour, ndlr], européennes [49,88%, ndlr], municipales [58,6% au second tour en juin dernier, ndlr]", avait analysé le directeur Opinion de l'Ifop Frédéric Dabi ce vendredi sur LCI.

Un "séisme" non sans conséquences

Selon lui, ce taux d'abstention sera "l’enseignement majeur de cette soirée électorale", un "séisme qui aura des conséquences, car un rapport de force électoral, c’est d’abord le fruit d’une participation et d’un différentiel de mobilisation entre des camps qui votent et des camps qui ne votent pas. Mais quand on arrive à un tel niveau, pour qui sonne le glas ? Il sonne pour tous les partis politiques, tous les segments de population."

Comment expliquer cette faible participation ? "Il n’y a pas une abstention, mais plusieurs : les gens qui ne votent jamais, les gens désaffiliés, les personnes qui trouvent des excuses, les mécontents de l’offre qu’on leur propose. La logique de vanité de vote a fortement émergé ; c’est-à-dire penser que voter c’est vain, inutile, car ça ne respecte pas la promesse du politique qui est changer la vie, transformer le quotidien", expliquait Frédéric Dabi sur LCI vendredi. 

Faut-il tout mettre sur le dos de l'accalmie de la crise sanitaire et de l'envie des Français de profiter des beaux jours et de la fin des restrictions ? Sur Twitter, le politologue Emmanuel Rivière (Kantar) a relativisé : "On peut vouloir expliquer par le contexte Covid le probable record d’abstention aux régionales et départementales, arguant que les Français ont d’autres soucis. Mais on a aussi voté depuis un an en Italie, Pays-Bas, Allemagne, etc. sans effondrement de la participation."

En jetant un œil aux réseaux sociaux ce dimanche, des électeurs indiquaient également ne pas avoir eu envie d'aller voter car ne sachant pas pour qui ; et expliquaient ne pas avoir reçu les professions de foi avant le scrutin. L'éditorialiste politique de LCI Renaud Pila avançait aussi l'impossibilité des électeurs d'utiliser le vote sanction à l'encontre du gouvernement dans ces élections, les listes LaREM n'étant pas présentes dans toutes les régions (PACA) et très faibles dans les sondages, sans réelle chance de l'emporter. 


J.F.

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