REMANIEMENT - Avec le départ de Stéphane Travert du ministère de l'Agriculture, le remaniement achève un premier chapitre du quinquennat marqué par les relations conflictuelles avec le ministère de la Transition écologique. Le nouveau binôme formé par Didier Guillaume et François de Rugy devrait être plus discret, même si les intérêts pourraient parfois diverger.
Les coups de gueule de Nicolas Hulot à la sortie des Etats généraux de l'alimentation et les déclarations contredites par Stéphane Travert sur la sortie du glyphosate appartiennent désormais au passé. Après la démission fracassante de Nicolas Hulot fin août, le départ de Stéphane Travert de l'Agriculture marque la fin d'un chapitre particulièrement conflictuel de la première année du quinquennat.
Sur le papier, le nouveau binôme qui résulte du remaniement devrait en effet faire moins d'étincelles. Face à l'écologiste "pragmatique" François de Rugy, peu adepte des coups d'éclats médiatiques, l'exécutif a nommé Didier Guillaume, un sénateur socialiste drômois, sensible aux sujets environnementaux, mais aussi soutien indéfectible du monde agricole, bien représenté dans sa circonscription. "Un élu rural et familier du monde agricole", a d'ailleurs souligné la FNSEA, mardi matin, peu après l'annonce de la nomination de cet ancien conseiller politique du ministre PS de l'Agriculture Jean Glavany (1998-2002).
Relais du monde rural
Didier Guillaume, ex-soutien de Manuel Valls, se présentait depuis de longs mois déjà comme compatible avec la ligne de l'actuel gouvernement. Malgré l'épisode de l'affaire Benalla - "un scandale absolu et une catastrophe politique", dénonçait-il cet été au Sénat, il a soutenu plusieurs réformes portées par le gouvernement, du Plan biodiversité porté en son temps par Nicolas Hulot à la loi Alimentation. S'agissant de cette dernière, il a même regretté, lors de son examen au Sénat, l'insuffisante prise en compte, selon lui, de "l'agroécologie", une "avancée sans précédent, irréversible" déjà engagée par le monde agricole. Ce "grand acquis de ces dernières années ne doit pas être laissé de côté", lançait-il en juillet à Stéphane Travert.
Malgré tout, Didier Guillaume s'est aussi distingué par une défense assidue du monde agricole et des prises de position favorables aux revendications de la FNSEA. Il a ainsi fustigé la mesure "inacceptable", "erreur monumentale" que constituait la suppression, dans la même loi Alimentation, des exonérations de charges pour les travailleurs saisonniers. La FNSEA ne s'est d'ailleurs pas privée de le lui rappeler mardi matin.
Sur le plan environnemental, il s'est opposé à des amendements de l'opposition prévoyant d'introduire des informations "à caractère environnemental à destination des consommateurs", pour des produits ayant nécessité l'usage de pesticides. Des mesures "anti-économiques, allant contre l'agriculture et ne tenant aucun compte de la réalité", dénonçait-il. Enfin, il s'est mobilisé à plusieurs reprises pour les éleveurs de sa région, en interpellant le Premier ministre depuis fin 2017 sur le plan Loup 2018-2023 et "les grandes difficultés que rencontrent les éleveurs face aux attaques du loup dans la Drôme", plaidant pour une révision, à l'échelle de l'Union européenne, "des textes qui classent le loup en espèce protégée". Ajoutons à cela qu'il avait, dans le cadre de la loi Logement, défendu la réforme visant à réduire le rôle des Architectes des bâtiments de France dans les opérations d'urbanisme... De quoi entretenir, malgré l'esprit de concorde qui devrait régner entre les deux nouveaux ministres, quelques sources substantielles de conflit.