ANCIEN MONDE - Le remaniement annoncé mardi a fait entrer au gouvernement trois ministres issus d'autres mouvements politique, Franck Riester (ex-LR), Marc Fesneau (Modem) et Didier Guillaume (PS). Des responsables qui, avant ou après l'élection d'Emmanuel Macron, n'ont pas hésité à critiquer son action par le passé.
Pour ouvrir un gouvernement à d'autres sensibilités, il faut savoir passer l'éponge. En recrutant Franck Riester (ex-LR), Marc Fesneau (Modem) et Didier Guillaume (PS) respectivement à la Culture, aux Relations avec le Parlement et à l'Agriculture, Emmanuel Macron a manifestement fait fi de certaines prises de position passées des trois intéressés.
S'il ne figuraient -loin de là - pas parmi les plus vindicatifs à l'égard du chef de l'Etat, ces responsables politiques n'avaient pas hésité, à l'époque, à critiquer ouvertement les choix de ce dernier, sous le quinquennat de François Hollande ou même après.
"Bilan catastrophique"
Après l'annonce de sa nomination à la Culture, Franck Riester, ancien LR devenu "constructif", a fait les frais de ce petit tour par la boîte à archives qui passionne les réseaux sociaux. Celui qui avait soutenu la candidature de Bruno Le Maire à la primaire de la droite, fin 2016, n'avait pas été très tendre lors de la démission d'Emmanuel Macron du ministère de l'Economie la même année. "La démission de Macron est bien logique vu son bilan catastrophique", avait-il fustigé.
La démission de #Macron est bien logique vu son bilan catastrophique comme conseiller et ministre de l'économie #chomage #impots #EDF #Areva — Franck Riester (@franckriester) 30 août 2016
Franck Riester s'était toutefois désolidarisé rapidement de la campagne de François Fillon, début 2017, pour finalement prôner un soutien à la nouvelle majorité LaREM à l'Assemblée, ce qui lui a valu de quitter sa famille politique.
Haro sur la loi Macron
Dans la même veine, le nouveau ministre Modem aux Relations avec le Parlement n'était pas tendre avec l'ancien ministre de l'Economie, lorsque ce dernier avait porté, en 2015, sa loi pour relancer la croissance. "Ce texte n'est pas une révolution", avait tancé Marc Fesneau. "Ce n'est pas la loi Macron qui libérera l'économie."
La démission de #Macron est bien logique vu son bilan catastrophique comme conseiller et ministre de l'économie #chomage #impots #EDF #Areva — Franck Riester (@franckriester) 30 août 2016
Durant la campagne présidentielle, l'alliance entre François Bayrou et Emmanuel Macron a scellé le pacte majoritaire, expliquant aujourd'hui le renforcement de la présence du Modem au gouvernement.
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Benalla, "un scandale absolu"
Mais le plus en pointe sur le plan des critiques est probablement le nouveau ministre de l'Agriculture. Didier Guillaume. Ancien soutien de Manuel Valls à la primaire socialiste début 2017, il avait multiplié les remontrances à l'égard de l'ancien ministre de l'Economie. "S'autoproclamer candidat hors primaire est une erreur", tançait-il alors. Ou encore, "Emmanuel Macron sait ce qu'il doit à François Hollande" et autres "il rentrera dans le rang"...
Après le succès de la primaire de la droite, s'auto-proclamer candidat hors primaire comme Emmanuel Macron est une erreur. #BFMPolitique — Didier GUILLAUME (@dguillaume26) 11 décembre 2016
Si Emmanuel Macron continue dans son aventure personnelle, il fait le choix de la victoire de la droite. #EDVT — Didier GUILLAUME (@dguillaume26) 22 novembre 2016
Emmanuel Macron fait parti du dispositif. Il est intelligent et il a compris la spécificité de la 5e. Il rentrera dans le rang. #LCImatin — Didier GUILLAUME (@dguillaume26) 4 mai 2016
Surtout, en tant que président du groupe PS au Sénat, Didier Guillaume, tout en affichant une certaine compatibilité avec le nouveau Président, n'a pas hésité de temps à autre à critiquer ouvertement la méthode du gouvernement et de sa majorité. "LaREM n'a pas de base électorale", martelait-il en septembre 2017, durant les élections sénatoriales, devant la caméra de LCI. "Les mesures prises à l'encontre des collectivités territoriales, dont la fin des contrats aidés, nous ne les acceptons pas."
Plus récemment, alors que le Sénat débattait de l'ouverture de la commission d'enquête relative à l'affaire Benalla, ce dernier n'avait pas hésité à qualifier les faits de "scandale absolu" et de "catastrophe politique". "Songeons", disait-il à ses collègues parlementaires, "à l'image que l'affaire donne de la vie politique à tous nos concitoyens qui voient les choses de plus loin, depuis leur province, ou leur campagne". Loin de la "tempête dans un verre d'eau" qu'évoquait alors Emmanuel Macron pour minorer l'affaire.