Retraites : le Medef et des économistes proches de Macron demandent de la "clarté" au gouvernement

Publié le 10 décembre 2019 à 7h05

Source : JT 20h Semaine

FLOU - Alors que plusieurs points cruciaux restent à trancher pour la réforme des retraites, le mystère autour du projet du gouvernement apparaît comme l’un des facteurs de la mobilisation. Le Medef, entre autres, a demandé des éclaircissements.

Age de départ, rémunération, pénibilité, régimes spéciaux… Edouard Philippe répondra-t-il aux questions soulevées par la réforme des retraites ? Le Premier ministre doit s’exprimer mercredi 11 décembre pour présenter les contours du projet, jusqu’ici encore mal défini. Une imprécision qui commence à susciter de l’impatience, voire de l’agacement.

"Personne ne comprend les contours"

Lundi 9 décembre, le Medef, pourtant au soutien de la réforme, a ainsi reproché au gouvernement son "manque de clarté". Lequel, selon l'organisation patronale, "conduit, de fait, à mobiliser les gens, parce qu'ils ne savent pas. Ils n'ont pas de visibilité", a estimé son vice-président et porte-parole, Fabrice Le Saché, sur franceinfo. "Lorsque l'on ne sait pas, c'est anxiogène, ça fait peur, on ne comprend pas, c'est confus. Et donc on se mobilise", a-t-il assuré, qualifiant la mobilisation contre la réforme "d'importante".   

"Il faut rapidement que le gouvernement, aujourd'hui, explique en quoi consiste cette réforme", a-t-il ajouté, dont les critiques n'ont pas épargné le président Emmanuel Macron. "Au sortir de l'été, on pensait que cette réforme serait enfin clarifiée et mise en œuvre. Et puis on a le président de la République à Biarritz (lors du sommet du G7 fin août) qui a semblé rétropédaler sur les orientations du rapport Delevoye et qui a lancé une grande concertation dont personne ne comprend bien les  contours", a-t-il déploré.

"Considérations budgétaires"

Le Medef n’est pas le seul à exprimer ces doléances. Même des économistes ayant participé à la campagne présidentielle d'Emmanuel Macron appellent l'exécutif à davantage de "clarté", dans une tribune au Monde publiée lundi.

"Pour réussir une réforme aussi ambitieuse, il faut de la clarté sur sa finalité, sur ses paramètres, sur la gouvernance future du système et, enfin, sur les conditions de la convergence des différents régimes existants. Cette clarté a jusqu'ici manqué", estiment dans ce texte les quatre co-signataires, à savoir Jean Pisani-Ferry, coordinateur du programme de Macron et enseignant à Sciences Po, le professeur au Collège de France Philippe Aghion, le président délégué du Conseil d'analyse économique (rattaché à Matignon) Philippe Martin, et Antoine Bozio, qui fut l'inspirateur durant la campagne de la réforme et dirige l'Institut des politiques publiques.

"Les objectifs centraux de la réforme - lisibilité, sécurité, confiance, équité - ont été obscurcis par des considérations budgétaires qui détournent de l'essentiel", observent-ils encore, tout en qualifiant de "réforme de progrès" l'instauration d'un nouveau système universel. Un soutien à la ligne Delevoye, qui n'a jamais voulu entendre parler de recul de l'âge légal ou de baisse des pensions, mesures paramétriques vers lesquelles lorgna un temps Matignon. Ce qui a eu pour effet de mettre à dos du gouvernement des syndicats tels que la CFDT ou l'Unsa, pourtant pas opposés au passage à un régime de retraite universel par points.

De son côté, le secrétaire d'Etat aux Transports Jean-Baptiste Djebbari a lui dénoncé lundi la "désinformation" et les "manipulations, notamment de la part des oppositions politiques" sur le projet de réforme des retraites. "Je prends ce point de mercredi comme un événement qui j'espère fera la clarté dans l'esprit des Français", a-t-il plaidé.


La rédaction de TF1info

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