Sarkozy sur écoute : Ayrault admet avoir été informé et place Taubira en porte-à-faux

Publié le 11 mars 2014 à 21h11
Sarkozy sur écoute : Ayrault admet avoir été informé et place Taubira en porte-à-faux

POLITIQUE - Jean-Marc Ayrault a affirmé mardi sur France 2 que l'exécutif "n'a pas appris le contenu des écoutes" judiciaires visant Nicolas Sarkozy mais connaissait leur existence depuis le 26 février, date de l'ouverture d'une information judiciaire.

Opération déminage pour Jean-Marc Ayrault. Invité sur le plateau du JT de France 2 mardi soir, le Premier ministre a pesé chacun de ses mots concernant l'épineuse affaire des écoutes judiciaires qui visent Nicolas Sarkozy. Non, l'exécutif "n'a pas appris le contenu des écoutes". Mais oui, il connaissait leur existence depuis le 26 février, date de l'ouverture d'une information judiciaire qui était remontée entre les mains de Christiane Taubira. La garde des Sceaux avait pourtant assuré le contraire lundi.

Jean-Marc Ayrault a expliqué que les deux juges qui enquêtent depuis avril 2013 sur un éventuel financement par la Libye de la campagne présidentielle de 2007 de Nicolas Sarkozy avaient "découvert des faits nouveaux n'ayant rien à voir avec leur saisine". Ces faits nouveaux sont apparus , a dit le Premier ministre, "grâce aux écoutes (sur lesquelles) nous n'avions pas d'information ni sur le contenu ni sur leur opportunité". "Nous ne savions pas que les écoutes étaient diligentées", a-t-il insisté.

"Un déroulé de l'enquête"

Ces écoutes, a poursuivi le Premier ministre, ont fait ressortir une "présomption de trafic d'influence qui pouvait mettre en cause un magistrat", Gilbert Azibert, de la Cour de Cassation. Les juges ont alors "saisi le parquet qui a ouvert une information judiciaire (...) sur des faits extrêmement graves, c'est à ce moment-là qu'(au gouvernement) on a appris" que Nicolas Sarkozy avait été mis sur écoute. "Mais on n'a pas appris le contenu des écoutes", a redit le chef du gouvernement quelques heures après les révélations du Canard Enchaîné qui embarrassent Matignon. Et pour cause : elles remettent en cause la version martelée par le gouvernement depuis que l'affaire a éclaté.

Mardi, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, interrogé sur une éventuelle connaissance par le pouvoir des écoutes visant Nicolas Sarkozy, avait en effet assuré qu'il n'y avait "en aucun cas" d'"immixtion de l'exécutif dans le déroulement des instructions judiciaires". Le ministre de l'Intérieur Manuel Valls a gardé le silence, tandis que la garde des Sceaux Christiane Taubira a dit lundi soir sur TF1 ne pas "disposer du contenu de la procédure".

Une circulaire de la Chancellerie, diffusée fin janvier, demande pourtant aux parquets généraux de lui signaler les affaires dans lesquelles sont notamment impliquées des personnalités. Un détail qui n'a pas échappé au Canard Enchaîné : l'hebdomadaire a affirmé dans son édition de mercredi que Christiane Taubira disposait bien depuis le 26 février d'informations sur ces écoutes et qu'elle aurait reçu "régulièrement un résumé du déroulé de l'enquête, comprenant une synthèse des écoutes téléphoniques".


Thomas GUIEN

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