Ce que l'on sait du service national obligatoire promis par Emmanuel Macron

Publié le 13 février 2018 à 21h10, mis à jour le 14 février 2018 à 12h11
Ce que l'on sait du service national obligatoire promis par Emmanuel Macron

ENGAGEMENT - Le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux a mis fin à la polémique au sein de l'exécutif, mardi matin, en indiquant que le service national universel que souhaite rétablir Emmanuel Macron serait bien obligatoire. Une information confirmée par le chef de l'Etat, qui a évoqué une durée "de trois à six mois". Que sait-on déjà de cette réforme aux contours qui restent flous ? Eléments de réponse.

Le débat est clos, du moins sur ce chapitre. Le service national universel promis par Emmanuel Macron sera bien "obligatoire", a clarifié mardi matin le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux, mettant fin à la polémique sur le sujet entre le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb et la ministre des Armées Florence Parly. Une information confirmée dans la soirée par le chef de l'Etat lui-même, qui s'exprimait face aux journalistes de l'Association de la presse présidentielle. 

Le locataire de l'Elysée dit vouloir que le service soit "obligatoire, ouvert aux femmes et aux hommes", avec "une ouverture sur la chose militaire", mais sa "forme pourra être civique". Sa durée pourra être "autour du trimestre" ou "plus longue si l'on intègre un service civique", a ajouté Emmanuel Macron, évoquant "une partie obligatoire, entre 3 et 6 mois", ce qui "n'est pas encore établi". Malgré ces éclaircissements, les contours de cette réforme visant à impliquer la jeunesse dans l'engagement citoyen demeurent flous. D'autant que la version présentée mercredi par un rapport parlementaire semble différer de celle qui a les faveurs de l'Elysée. 

Pas seulement militaire

Lors de ses voeux aux armées, le 19 janvier à Toulon, Emmanuel Macron avait déjà évoqué le sujet, assurant que la réforme serait accompagnée d'un engagement budgétaire en conséquence. Une façon de répondre à ceux qui estiment que le rétablissement d'un service obligatoire coûterait particulièrement cher aux finances publiques : un rapport parlementaire l'évaluait récemment entre 2,4 et 3 milliards d'euros pour les 600.000 à 800.000 jeunes qui seraient appelés chaque année. Mardi, le président de la République a convenu que le service "aura un coût" mais pas "prohibitif", soulignant qu'il ne s'agissait pas "de recréer des casernements massifs"

"Le service universel sera mené à son terme et entrera à bon port", avait déjà expliqué Emmanuel Macron devant les militaires mi-janvier. "Il sera conduit par l'ensemble des ministères concernés et pas seulement celui des Armées." Une façon d'expliquer que l'effort serait partagé entre plusieurs ministères, et qu'il ne s'agira pas d'un service spécifiquement militaire, comme celui qui a été abrogé par Jacques Chirac en 1995. "C'est un moment de rencontre entre la jeunesse de notre pays et la nation, et en partie son armée, mais cela peut être aussi un engagement civique", a expliqué mardi Benjamin Griveaux, pour qui il s'agit de "donner de son temps utilement à la nation". 

Un service en trois étapes

De nombreuses inconnues demeurent à ce stade, à commencer par l'âge des appelés. Dans le cadre d'une mission d'information parlementaire, les députés ont rendu mercredi leurs conclusions sur le sujet. Le rapport évoque l'idée d'un "parcours citoyen" pour les jeunes de 11 à 25 ans, ne dépassant pas une semaine par an, encadré par les enseignants et volontaires du service civique au sein des établissements scolaires. 

Cette mouture, qui aurait le mérite d'être beaucoup moins coûteuse qu'un authentique service national, se découperait en trois étapes. La première consisterait en une semaine annuelle de la défense et de la citoyenneté (entre 11 et 16 ans), avec des thèmes obligatoires, la défense, le droit, le devoir et la mémoire, au sein des établissements scolaires. La deuxième étape (autour de 16 ans) consisterait à une immersion d'une semaine dans un internat de lycée public, soit 220.000 places mises à disposition durant l'été, ou bien un stage dans une structure d'accueil professionnelle ou associative, avec à la clé la remise d'un "passeport citoyen". La dernière étape, entre 16 et 25 ans, proposerait, cette fois sur la base du volontariat, plusieurs formes d'engagements proches du service civique actuel, avec en contrepartie des aides en faveur des étudiants (logement, transports...)

Une source chez LREM a précisé à LCI que le gouvernement n'avait pas arbitré le scénario retenu. Mais l'idée serait bien "de mettre en place un service étalé dans le temps, par étapes dans le cadre du cursus scolaire". Il existe également une piste visant à inscrire dans la Constitution, dans le cadre de la réforme constitutionnelle à venir, la notion "d'engagement". Durant sa campagne, Emmanuel Macron avait défendu l'idée d'un "rendez-vous pour toute la nation, où chaque jeune doit s'engager quels que soient son origine et son milieu social". Pour y parvenir, la majorité va devoit éviter de créer une nouvelle usine à gaz. 


Vincent MICHELON

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