Accent moqué par Mélenchon : la proposition de loi anti-glottophobie... n'était finalement pas une "plaisanterie"

Publié le 23 octobre 2018 à 12h00, mis à jour le 23 octobre 2018 à 14h03

Source : Sujet JT LCI

ALLEZ COMPRENDRE - Après que Jean-Luc Mélenchon s'est moqué d'une journaliste en raison de son accent, Laetitia Avia, députée de la majorité, avait annoncé jeudi le dépôt d'une proposition de loi pour lutter contre la glottophobie. Si le JDD avait relayé qu'il s'agissait d'une "pique", la qualifiant de "blague", la députée LaREM a précisé qu'il ne s'agissait finalement "pas d'une plaisanterie" mardi sur RFI.

La France est un patchwork d’accents qui s’entrechoquent, témoignage d’une diversité linguistique des plus exquises. Laquelle semble toutefois agacer Jean-Luc Mélenchon. Mercredi, le leader de la France insoumise avait mimé l'accent du Sud-Ouest d'une journaliste de France 3, Véronique Gaurel, aussi bien, d'ailleurs, que la formulation de sa question.

De quoi susciter une réaction parlementaire quasi-immédiate. Députée LaREM de Paris, Laetitia Avia avait annoncé jeudi le dépôt d'une proposition de loi contre la glottophobie, cette forme de discrimination qui stigmatise les accents régionaux. 

"Parle-t-on moins français avec un accent ? Doit-on subir des humiliations si on n’a pas d'intonations standardisées ? Parce que nos accents sont notre identité, je dépose, avec des députés LaREM, une proposition de loi pour reconnaître la glottophobie comme source de discrimination", indiquait-elle alors sur Twitter. Et d’ajouter dans le préambule de la proposition : "Cette discrimination est aujourd'hui ignorée dans le droit positif et ne figure pas parmi les 24 critères discriminations énumérés dans l'article 225-1 du Code pénal." 

Cette proposition était-elle sérieuse ? Après avoir interrogé Laetitia Avia, nos confrères du JDD ont conclu qu'il s'agissait... d'une blague ! "On a rédigé le texte en moins d'une heure, en prenant pour références les deux premiers articles qui apparaissent sur Google lorsqu'on cherche le mot 'glottophoble'", expliquait la parlementaire, soulignant avoir voulu envoyer une "pique" humoristique à Jean-Luc Mélenchon. "Il n'est pas question de légiférer là-dessus, j'ai trop de respect pour nos institutions. Mais je suis heureuse d'avoir révélé un vrai sujet de société", poursuit-elle. Sur Twitter, la députée a semblé en effet ne pas faire grand cas de sa proposition de loi.

Changement de ton, mardi 23 octobre sur RFI. "Ça n'était pas une" plaisanterie", affirme alors Laeticia Avia. "Je déplore le fait que lorsque l'on aborde un sujet en effet pas commun, on ait besoin de se cacher derrière l'idée de la plaisanterie". "La proposition de loi en l'état ne permet pas d'être débattue à l'Assemblée et de légiférer", admet-elle, tout en justifiant qu'"au-delà de cette pique, il y a un vrai sujet : la lutte contre les discriminations par l'accent qu'il soit lié à une origine territoriale, une origine étrangère."

Un "vrai sujet" théorisé en 2016 par le professeur de sociolinguistique, Philippe Blanchet, qui évoquait déjà ce type de "xénophobie" dans les colonnes de Mediapart : "La plupart des grands textes juridiques internationaux prévoient, dénoncent et interdisent les discriminations linguistiques comme toutes les autres discriminations. Mais, par exemple, la loi française de lutte contre les discriminations, qui date de 2001, complétée en en 2006 et en 2014, ne mentionne pas les discriminations linguistiques". 


La rédaction de TF1info

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